Ils sont sept dans la famille, originaire de Siliana. Le papa, la maman et les cinq petits, quatre filles et un garçon. Sans domicile fixe, sans argent, sans travail suffisamment rémunérant, Fethi, la quarantaine, s'est réfugié avec sa famille sous une tente dressée à proximité d'un chantier de construction à El Mourouj 6. Sans eau, sans électricité, livrés au froid et aux intempéries, parents et enfants mènent une vie dure, depuis sept ans, selon Fethi, se lavant dans l'étang avoisinant et vivant au jour le jour, au rythme du travail occasionnel de Fethi, ouvrier journalier. Un jour, il y a de cela trois mois, la chance est passée devant la tente. Le papa, sans emploi, a été approché par un citoyen généreux venu lui rendre visite dans son refuge de fortune pour lui proposer un emploi au sein de sa propre entreprise industrielle. Le salaire proposé est respectable. La générosité du bon citoyen ne s'arrêtera pas là. Ce dernier prendra la peine de contacter une association, en l'occurence l'Associa.Med, dont les membres sont des médecins internes et des étudiants en médecine, pour les alerter. La machine se met en branle comme sait si bien le faire la société civile. Première étape : les aides affluent : matelas, couvertures, vêtements et autres produits alimentaires. Seconde étape : les membres de l'association lancent une opération de repérage de la perle rare, un logement pour location dans la zone ou alentours, Mhamdia, Fouchana ou Mghira où travaille Fethi. Un domicile suffisamment grand pour accueillir la famille nombreuse mais pas trop cher. L'investigation s'avère difficile; c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin, tant la demande en ce genre de logements est grande. Les autorités régionales sont, d'ailleurs, débordées par les demandes d'aides en logements pour les sans-abris, de plus en plus nombreux. Cherche logement désespérément La famille continue à ce jour de vivre en plein air dans le dénuement total, de supporter la misère dans son expression la plus crue, et les enfants, d'aller malgré tout à l'école du quartier. Alertée, l'association « Dar Tounès » a proposé une aide financière mais le logement demeure introuvable. Les membres de l'Associa-Med déploient des efforts considérables, établissent des contacts un peu partout, alertent la presse et proposent même un numéro de téléphone (52 991 909) pour celui ou celle qui serait en mesure de dénicher le logis tant espéré. Les jeunes membres de l'association se sentent responsables de cette famille depuis qu'elle leur a été confiée par son premier bienfaiteur. Certes, beaucoup de familles vivent des conditions similaires un peu partout à travers le pays, mais quand l'occasion se présente pour tendre la main à l'une d'entre elles, il ne faut certainement pas hésiter. Après le 14 janvier 2011, la pauvreté et la misère sont apparues au grand jour et ont poussé à la rue un grand nombre de déshérités, surtout des femmes et des enfants. Certains sans-abris ont essayé de forcer le destin en squattant des appartements ou des maisons inoccupés. D'autres ont élu domicile dans des champs, des places publiques ou des gares. Jusqu'à quand ?