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La mémoire dans la peau
Jalloul Azzouna au club Tahar-Haddad
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 03 - 2012

«Il n'y a pas mille façons de se connaître. Il suffirait de creuser dans son patrimoine historique et littéraire pour se découvrir d'abord et pour comprendre ensuite tous ces conflits idéologiques et culturels qui ne cessent de secouer notre quotidien», affirme le militant politique, l'universitaire et l'écrivain Jalloul Azouna, lors d'une conférence tenue, vendredi dernier, au club Tahar- Haddad. La rencontre a été animée par la romancière Massouda Boubaker.
Né à Menzel Témime, en 1944, au sein d'une famille militante, il s'est forcé, depuis son jeune âge, à poser des questions et à chercher des réponses. «J'ai vécu l'arrestation sauvage de mon oncle, du mari de ma tante et de quelques membres de la famille, par des soldats français armés jusqu'aux dents. J'ai vu ces derniers saccager les maisons, insulter des femmes affolées...», a-t-il témoigné. Ces événements l'ont bouleversé. A cet âge, Azouna n'était pas un enfant ordinaire. Elève au collège de la Sadikia, il passait son été à réécrire les textes étudiés durant l'année scolaire. Il dévorait les livres de la bibliothèque publique. Il lisait et écrivait ses premiers textes personnels. «J'ai commencé mes essais littéraires à l'été 1958 », précise-t-il. Avec la même frénésie, Azzouna suivait les émissions radiophoniques de l'époque et plus précisément «Houet el Adab» (les passionnés de littérature) animée par le poète Mustapha Khareif. Il avait découvert ainsi le talent caché de son voisin Sadek Charref.
«Je lisais tout l'été»
Des réflexions mijotaient dans sa petite tête. Elles s'amplifiaient au fur et à mesure de sa scolarité. «Avec mon ami Mahmoud Tounsi, nous suivions toutes les activités culturelles. Nous assistions à toutes les conférences organisées en ville. Je me rappelle de celle de Fadhel Ben Achour, de Nizar Kabbani, de Mikhaïl Nouâïma ...Et la liste est longue», se rappelle-t-il. Il avait compris qu'il sera un écrivain, le jour où il a vu paraître sur les colonnes d'un journal une de ses nouvelles. «Ma joie était immense», s'exclama-t-il. Plus tard, il commençait à adhérer aux clubs de philosophie, de la nouvelle, d'Abou El Kacem Chebbi... La quête le hantait comme un démon. A 19 ans, il avait tenu sa première conférence à Menzel Témime pour dénoncer les mariages forcés perpétrés par cette «bande d'hommes et de pères qui kidnappaient les jolies filles en les obligeant à se marier». «Ma cousine Habiba Ben Fadhel était la première qui a osé défier la mentalité régnante en allant à l'école », nous confie-t-il fièrement. Drapée de son safsari, animée d'une grande curiosité et cherchant à étancher sa soif du savoir, elle était pour lui le symbole de la révolution.
Jalloul Azzouna est parti des événements familiaux pour comprendre toute l'humanité. Ses recherches ainsi que ses nouvelles et ses romans puisent leurs sources dans sa ville natale, puis dans le gouvernorat de Nabeul, ensuite dans l'histoire du Cap Bon pour atteindre celle du monde arabe... Depuis, son champ d'action ne cesse de s'élargir...
Les marabouts d'antan
Son dernier livre Recherche dans la littérature populaire, dévoile le secret de deux grands mystiques : Sidi Ahmed Ben Arous (1463) et Sidi Ahmed Ben Boubaker (1749), qui, malgré le fait qu'ils soient illustres, demeurent très peu connus. « Pourtant, leurs influences sur la société tunisienne étaient d'une grande importance », explique Jalloul Azzouna. Ces deux marabouts étaient des poètes qui se ressemblent malgré le bon nombre d'années qui les séparent. «Ils avaient plusieurs points communs dans leur perception très négative en ce qui concerne la femme et le gouverneur. Ils prétendent aussi être des divinateurs», précise-t-il encore. Ces marabouts ont été le soutien moral à une population qui souffrait d'une injustice politique, qui était en proie à la famine et aux épidémies. Dans ces années de détresse, ces marabouts écrivaient des vers pour adoucir la peine et la misère. Aujourd'hui, ce chercheur est à la quête de ces recueils. Il a réussi à collecter quelques-uns. «Mais il reste le dernier manuscrit de Sidi Ahmed Ben Boubaker, conservé chez un de ses descendants», ajoute Jalloul Azzouna. Alors que l'atmosphère sociale devient maussade, la mémoire collective fera-t-elle recours à ces poèmes, fera-t-elle renaître les idées et les conceptions de ces marabouts?...Cette étude, très fournie en recherches, concerne aussi l'histoire des Maaouine, les habitants du Cap Bon. C'est à travers les vers populaires que ce chercheur a brossé le vécu de cette communauté. Son ouvrage mélange la narration, la poésie et le récit, tout en offrant de nombreuses références historiques. A plus de soixante ans, Jalloul Azzouna continue à se poser des questions et à chercher des réponses. Tel un conteur, il raconte son histoire et celle de son pays en s'attardant sur tous les détails, rappelant des noms, des visages, des lieux... Un événement entraîne un autre et les anecdotes se poursuivent. Dans l'intimité de l'ancienne écurie de Dar Lasrem, cet écrivain a relaté son propre Mille et Une Nuits, vécu à Menzel Témime et ailleurs... Un vrai plaisir.


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