Le bonheur de l'un passe par le malheur de l'autre. En tout cas, ils ne se feront pas de cadeaux! • CA-ESS ressemble étrangement à un match de tous les paradoxes. Cette affiche classique entre deux ténors du football tunisien, qui vivent tous les deux de drôles de moments, va être un match déterminant qui n'a rien à voir avec le titre. Tous les deux, en pleine crise de résultats et de gestion, ne se présentent pas avec leurs meilleurs atouts. Il y a plein de dénominateurs communs, actuellement. • Ben Chikha et Krauss, dos au mur ! Quand on est entraîneur d'un grand club, les discours lénifiants et les bonnes intentions ne suffisent pas. Les victoires sont le seul langage qu'on accepte, et qu'on comprend. Pour Krauss, la victoire acquise à Béja a été vite «effacée» par les deux revers contre l'Espérance et l'ASM à Sousse. Avec tout ce chaos dans lequel se trouve l'Etoile, Krauss ne risque pas de bénéficier d'un meilleur traitement que Khaled Ben Sassi. Va-t-on lui pardonner un troisième échec de suite? Pour sa part, Ben Chikha a montré pour la énième fois que c'est un mauvais capitaine à bord. Deux mois de préparation, une vive campagne de médiatisation et beaucoup de promesses, Ben Chikha se trouve avec un maigre et désolant bilan : deux défaites et un match nul au goût de défaite en trois matches. Qui dit mieux! Le tout sur fond de mauvaise qualité de jeu et de démotivation générale. Le technicien algérien n'a pas réussi à gérer son groupe et à trouver une solution pour gagner. On parle même de la «der» de Ben Chikha, et ce, quel que soit le résultat de son match de tout à l'heure. • Attaques en panne d'idées. Trois buts en trois matches pour l'ESS, un seul but pour le CA en autant de matches : les dernières «stats» ne sont pas fameuses pour ces deux ténors. Pourtant, tous deux grouillent de joueurs notoires : Chehoudi, Santos, Sassi, Jaziri pour l'Etoile; Dhaouadi, Mouihbi, Ezechiel pour le CA. Le problème? De forme avant tout. Un CV impressionnant ou une notoriété reconnue ne veulent rien dire. Si vous êtes grand joueur, vous devez le prouver sur le terrain. Même les buts marqués le sont en grande partie sur des balles arrêtées. Dirigeants mis à l'index! A l'ESS, l'attaque ne fait pas très mal à ses adversaires. Trop de jeu en largeur et peu d'efficacité dans la zone des seize mètres adverses. C'est encore plus flagrant au CA avec une équipe qui donne l'impression de ne jamais trouver la solution, même si elle joue deux heures! Pas de mouvements synchronisés, encore moins de profondeur qui permet de créer les espaces. En tout cas, les attaques des deux équipes sont en mauvaise passe pour le moment. A quand le réveil? Rôle des cadres! Ce n'est pas très valorisant de faire aujourd'hui le dirigeant à l'ESS ou au CA. Les deux clubs passent par une vive crise d'administration. Alors, qu'est-ce qui fait que deux comités élus soient aussi contestés? L'explication est très longue. Mais il y a un fait : une autre défaite va «noyer» un des deux comités directeurs dans un océan de contestations. Les joueurs de Jamel Atrous et de Hafedh H'maïed portent sur les épaules le destin de leurs présidents. Au CA, le bail de Jamel Atrous tourne même au ridicule, avec des résultats médiocres et une incapacité à gérer l'entourage et la pression. Quant à Hafedh H'maïed, il fait cavalier seul à tort et à travers contre «l'establishment» étoilé. Dans un match pareil, la qualité ne va pas être une priorité pour les deux clubs. Ça va être normalement le match des joueurs-clés dans les deux camps. Même s'ils n'ont pas suffisamment de fraîcheur physique et le mental fort en ce moment, ils restent seuls capables de gérer un enjeu pareil. Mathlouthi, Felhi, Chehoudi, Chedly (ESS), Dhaouadi, Ifa, Mouihbi et Nafti (CA) vont devoir mettre toute leur expérience dans la balance. On ne va pas être très patients à leur égard dans leurs clubs respectifs. CA-ESS met ainsi en lice deux clubs au contexte similaire. Mais chacun veut rebondir au détriment de l'autre. Un résultat nul fera-t-il l'affaire des deux camps? Sûrement pas!