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Le corps constitutionnel !
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 03 - 2012


Par Mohedine Bejaoui
Quatre-vingt-dix pour cent des lois tunisiennes en cours sont conformes à la charia : alors que représente les 10% restants qu'Ennahdha et consorts voudraient modifier ? Réponse : la condition féminine !
Plusieurs ballons d'essai ont été lancés pour tester un projet de société misogyne, avec une constitution qui ferait la part belle à la femme en conformité avec la charia: niqab, mère célibataire, polygamie, mariage Orfi, invitation de prédicateur excisologues et mammographes, répudiation et lapidation ne sauraient tarder... jusqu'à la dernière démonstration de force sommant les membres de la Constituante à adopter la charia comme source fondamentale du droit...Gravons dans le marbre le fait que la Constitution est masculine : telle est l'intention de moins en moins cachée des salafistes et leurs alliés organiques.
L'expérience égyptienne est très révélatrice des dessous pas chics de cette campagne «charièsque» qui hante les esprits nahdhaouis. Depuis 1982, la charia est source de droit. Tous les textes passés depuis à l'examen ne concernaient que la femme. Aucun sujet ne reçut l'honneur de cette frénésie législative, ni la fiscalité, ni la loi électorale, ni l'organisation des institutions politiques. La femme est le centre de gravité d'une préoccupation qui confine à l'obsessionnel, elle se serait bien passée de cette sollicitude. Au Yémen, depuis l'unification, en Irak depuis l'invasion américaine, en Libye depuis la révolution, la condition féminine est la seule visée par tous les textes de loi promulgués ou à instaurer. La femme est-elle un problème par définition, que lui reproche-t-on ? Son corps ?
La révolution tunisienne n'a eu pour mot d'ordre que le travail, la dignité et la liberté. La contre-révolution en cours n'a comme perspective politique que le corps de la femme.
A se demander si certains hommes n'ont pas le cerveau soixante centimètres en dessous de la tête.
Un dernier évènement vient de se produire à l'université et prend une dimension et un sens politique, démystifiant les petits calculs et rassurant ceux qui observent avec abattement les dérives d'une fraction extrémiste et bruyante située à la droite d'Ennahdha.
La leçon administrée par des élections estudiantines est exemplaire et fera date dans le parcours initiatique, vers la démocratie : (65%) pour l'Uget selon les dernières estimations de cette dernière. Alors qu'Ennahdha avait fait le plein lors des dernières élections de la Constituante (peut-être un trop-plein qui ne peut que régresser avec ses maladresses actuelles et son échec patent dans sa mission de transition). La crispation des salafistes sur le niqab à la faculté de La Manouba et ailleurs a radicalisé les moins convaincus, conscients désormais que ce qui se tramait n'était pas seulement un épiphénomène régressif mais bel et bien un programme politique conduit en sous-main par Ennahdha qui regardait faire ce qu'elle voudrait qu'il soit considéré comme le reflet de la volonté du peuple. L'échec d'Ennhadha dans cette élection étudiante est plus que symbolique. Il a au moins deux significations :
- Les limites numériques de l'électorat nahdhaoui et alliés salafistes dans les milieux instruits. Ramené à la portion congrue, score somme toute comparable aux 14% à 15% que pèse réellement Ennahdha dans le corps électoral
- Les limites du double discours et du contenu programmatique de cette mouvance hétéroclite, toutefois unie autour d'un seul point : exclure la femme de l'espace public.
Ce parti a une base populaire peu instruite, qui s'est nourrie depuis au moins 23 ans d'une déception amère, d'une modernité promise, jamais réalisée. Elle ne pouvait que se réfugier dans un passé idéalisé qu'elle tentera de revivifier. Quitte à s'inspirer de traditions aussi étranges qu'étrangères à nos mœurs, importées d'Afghanistan ou du Soudan.
Les manifestants pour la charia étaient quelques milliers, admettons 20.000, 30.000, c'est très peu pour rendre péremptoire le fait que le peuple veut la charia. Il reste quand même 10 à 11 millions de citoyens à consulter, qui ne se sont pas déplacés en dépit des appels insistants dans les mosquées. Alors qu'une débauche de moyens a été déployée digne de la belle époque du RCD avec ses cars affrétés de mercenaires à deux dinars et sandwich, qu'une logistique impressionnante fut mise à disposition des volontaires exaltés, ou accompagnateurs rétribués, les dizaines de millions dépensés pour que tout «sympathisant» vienne exprimer «spontanément» la volonté du peuple d'adopter la Charia comme source de droit... le peuple dans sa majorité écrasante a ignoré ses injonctions.
Les slogans et banderoles ne s'embarrassaient pas de circonvolutions, on pouvait lire et entendre :
- «Non à la démocratie» ( !) là au moins les intentions sont claires, arriver démocratiquement au pouvoir pour instaurer la dictature (ou le califat),
- «Oui à la polygamie contre le vice et l'adultère», comme si disposer de quatre femmes légitimes empêcherait d'en acquérir une cinquième adultérine ; voire plus, puisque l'appétit vient en mangeant. Le vice caché est dans le slogan.
Sauf que le corps de la femme n'est pas de la viande. Elle a un cerveau, elle «ne manque ni de raison ni de morale», même si une femme voilée qui brandissait son soutien à la polygamie, pathétique et pitoyable, semblait confirmer le présupposé du déficit biologique féminin du moins pour «la raison». Elle est cependant une triste exception. Il est connu que certains otages prennent fait et cause pour leur ravisseur. C'est le sens du «syndrome de Stockholm», ou syndrome du «harim»: celle qui est interdite s'interdit elle-même d'exister dans la vie publique, vit recluse pour les besoins privés et privatifs d'un seul homme qui s'arroge le droit du mâle dominant sur une flopée de femelles «consentantes». Femme interdite à elle-même, ayant intériorisé la domination masculine comme une évidence, alors qu'il s'agit bien d'une construction sociale historicisée dont l'architecture a été patiemment élaborée par les hommes pour leurs loisirs, des siècles durant. Est-ce pour nous Tunisiens la fin de l'histoire qui se boucle sur elle-même ? Non.
Qui peut oublier l'étudiante tunisienne qui s'est levée comme une seule femme pour défendre le plus haut symbole national? Alors que des hommes regardaient le drapeau malmené par un énergumène venu d'un autre âge. Elle dit «non ! pas en mon nom»... A son corps défendu-défendant, elle s'opposa à l'ignorant ; à l'ignorance qui voulait noircir l'emblème d'une histoire lumineuse d'un peuple qui eut des femmes leaders à sa tête : Alyssa ( Didon), El Kahena, Aziza Othmana, Saïda Mannoubia, un peuple qui a enfanté la première femme médecin , la première femme pilote de ligne du monde arabe...
Didon (Alyssa), fondatrice de Carthage, était la reine de la nouvelle cité qu'elle a construite, elle qui préféra se brûler plutôt que d'abandonner son empire aux envahisseurs. Al Kahena, reine unificatrice des tribus berbères de l'Ifriqiya (Tunisie), en fit voir de toutes les couleurs à Hassen Ibn al-Nu‘man, tombeur de Carthage. Lella Aicha El Mannoubia, qui accéda au statut de Qotb el Aqtab, plus haute dignité soufie, réservée aux érudits (depuis aux érudites), imprégnée de savoirs scientifiques et théologiques. Aziza Othmana, princesse du 17e siècle qui a appris le Coran, les hadiths, l'exégèse de la bouche des ulémas de l'époque, qui affranchit ses esclaves et a acheté d'autres pour les libérer aussitôt ; celle-là qui construisit l'hôpital qui porte aujourd'hui encore son nom. Elle se dessaisit de ses biens dans son testament pour les léguer aux œuvres de bienfaisance et ne demanda qu'une seule faveur, de fleurir sa tombe de violettes et de jasmin. La classe.
Je suis issu de cette lignée, pétri de cette terre qui enfanta des femmes libres et libératrices, patriotes et conscientes de leur rôle dans la cité, je suis nourri de tolérance et de diversité multiculturelle, comme des millions de Tunisiens qui ne s'enfermeront jamais dans le piège de la pensée unique incontestable.
Le 2e gouvernement de transition se trompe, en prenant sa mission comme préparation du 3e tour. L'histoire joue des tours...jamais la Tunisie ne deviendra un émirat misogyne. C'est sur cette terre qu'a été rédigée la première Constitution dans le monde arabe. C'est aussi sur cette terre que sera édifiée pour la première fois dans le monde arabe une démocratie républicaine, où citoyennes et citoyens se côtoieront dans une égalité de droits. Nous le voulons et nous le ferons.


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