Dans une conférence de presse organisée au siège du mouvement Ettajdid, le nouveau secrétariat du parti, issu du récent congrès, a exposé les décisions qui en sont issues et les démarches résolument engagées en vue de matérialiser l'unification des «forces démocratiques et progressistes» en un seul et même parti. Les dirigeants du parti ont mis en exergue les lignes de forces du congrès qui s'est appliqué à rénover, à féminiser et à rajeunir ses structures, tout en soumettant à un large débat contradictoire l'objectif de «servir l'intérêt national» en se fondant, par étapes, en un grand parti démocratique rééquilibrant l'échiquier politique et favorisant les chances de l'alternance. Lors de ce congrès, qui a regroupé 329 délégués de toutes les régions, tout a été mis en œuvre pour élargir la participation et rendre accessibles à tous les structures de direction. C'est ainsi que l'obligation de trois ans d'ancienneté pour se porter candidat a été supprimée, permettant à tous les nouveaux militants d'investir les instances dirigeantes. Lorsqu'on sait que 90% des militants du parti l'ont rejoint après le 14 janvier 2011. Désormais le parti est dirigé par un comité central de 150 membres dont les deux tiers sont nouveaux, lequel a élu, dimanche dernier, 21 membres qui composent désormais, avec les quatre du secrétariat, élus directement par le congrès, le bureau politique. A noter que le bureau politique comporte 12 jeunes et 8 femmes sur un total de 25 membres. Sachant qu'une autre structure est venue élargir le secrétariat sous la forme d'un comité exécutif de 7 membres. C'est à Boujemaâ Remili, un cheval de retour particulièrement attaché à la stratégie d'unification des forces démocratiques centristes, qu'a échu la tâche d'expliquer la démarche future du parti. Membre du secrétariat chargé de la coordination, M. Remili a lancé d'emblée : «Nous ne venons pas de nulle part et ne sommes pas nés de la dernière pluie», en référence à l'historique de ce parti né au début du siècle dernier et «qui a été présent dans toutes les luttes populaires depuis lors». Et l'orateur de faire remarquer : «Nous avons, comme toujours, pour ambition de servir l'intérêt national… même au détriment de notre intérêt partisan». Ajoutant : «C'est cette ligne nationale, patriotique qui a toujours guidé notre parti». Et Boujemaâ Remili de tenter de décrire le climat politique général actuel du pays caractérisé par un mélange d'espoirs et de craintes quant à l'avenir. Or, explique-t-il, «ce sont les rapports de force politiques et sociaux qui restent déterminants». Pour lui, certains veulent réaliser des buts sans liaison avec la Révolution, en brandissant la bannière de la Révolution, mais le fait que nous ne soyons pas d'accord avec eux n'exclut pas que nous nous retrouvions pour construire la démocratie. «Nous luttons tous au nom du peuple et pour la démocratie, dans notre grande diversité, et le peuple qui est l'arbitre de cette compétition d'idées, de visions et de programmes». Et M. Remili d'estimer que les élections ont «donné une image erronée de la réalité politique du pays, qui montrerait à tort que seuls les islamistes existent». Or, lance-t-il, «certains vont jusqu'à croire que la Révolution a effacé 50 ans de notre histoire». Voilà pourquoi, il est impératif, aux yeux d'Ettajdid, que chacun clarifie ses objectifs. Et ceux de ce parti sont de «construire une nouvelle République de liberté, de justice et de promotion sociale équitable». Et M. Remili de déballer la chute : «L'idée d'Ettajdid est l'unification des forces démocratiques et progressistes». Il s'agit d'unifier en premier lieu trois composantes : Ettajdid, le Parti du travail tunisien et les indépendants du Pôle démocratique moderniste. Cela fera l'objet d'une initiative solennelle le 2 avril. Sachant que les 7, 8 et 9 avril se tiendra un congrès unifacteur de trois autres composantes : PDP, Parti républicaine et Afek Tounès. Suivra un processus d'unification des deux groupes de trois qui aboutira à une entité unique «démocratique et progressiste». Mais il n'est pas exclu que cela se fasse carrément le 9 avril même. Enfin, se présentera le «processus élargi», celui rejoignant «l'Initiative de Béji Caïd Essebsi» dans le but de garantir «le rétablissement de l'équilibre de l'échiquier politique réel». Ce qui, précise Boujemaâ Remili, apportera de nouvelles perspectives et ouvrira les portes de l'optimisme grâce à une force politique unificatrice crédible présentant une alternative nationale sur la base de la liberté, de la démocratie et d'un Etat de type civil, dans la perspective des prochaines élections qui pourraient se tenir le 23 octobre 2012…