«Les jeunes Tunisiens de la marginalisation à l'exploitation des drogues», tel est le thème du séminaire qui a été organisé hier à Tunis par le Parti des jeunes libres (PJL). Le séminaire, auquel ont participé des représentants des ministères de l'Education, de la Justice, de la Culture, mais aussi des différentes composantes de la société civile, des avocats, des psychologues...a été ouvert par le secrétaire général du PJL, M. Faouzi Ben Jannet. Les principaux thèmes traités au cours de ce séminaire sont les raisons pour lesquelles les jeunes consomment les drogues et les solutions à ce problème. La plupart des participants ont souligné que ce phénomène social ne date pas d'aujourd'hui, mais qu'il est devenu plus grave après la révolution. Et ce à cause de la situation instable du pays. La plupart des drogués et toxicomanes, par ailleurs, viennent d'un milieu social assez défavorisé, souffrant du chômage, du manque d'instruction, de problèmes familiaux et d'un manque de communication. Ce phénomène peut exister aussi dans les milieux aisés. «Chaque comportement bizarre est dû à un besoin déterminé», indique Dr Mohamed Abdelkarim, psychologue. «Lorsque la personne échoue dans la réalisation de ses objectifs, et l'accomplissement d'une mission quelconque, il se trouve obligé de remplacer ce manque par la consommation de drogue. La persécution de l'enfant, d'autre part, est un des facteurs qui poussent les jeunes à s'adonner à la drogue». De son côté, M. Slaheddine El Jourchi, coprésident de l'Assemblée constituante civile, estime que «les catégories politiques qui ont concentré toute leur attention sur l'affaire politique, ont marginalisé les problèmes sociologiques, économiques et culturels. Pour cette raison, les jeunes, qui ont joué un rôle très important dans la révolution, pensent que cette dernière a dévié de ses objectifs fondamentaux qui n'ont pas été réalisés jusqu'à présent». En Tunisie, ajoute-t-il, il n'y a malheureusement pas de chiffres officiels concernant le taux de consommation de drogue, les enquêtes et les études faites à ce sujet restant limitées. Et ce pour qu'on puisse faire face à ce phénomène convenablement. S'agissant des solutions proposées par les participants, elles s'articulent autour de la reconstruction de la famille, sa participation à assurer un équilibre affectif et psychologique de la personne, ainsi que la réforme du système éducatif et social. Par ailleurs, le représentant du ministère de l'Education a déclaré qu'une cellule a été instaurée au sein du ministère dont le rôle consiste à lutter contre ce genre de phénomène en milieu scolaire. Par contre, M. El Jourchi voit que «les lois et le système sécuritaire ne peuvent plus résoudre ce problème : ce phénomène nécessite une stratégie nationale et une activation du rôle des valeurs». Selon lui, en dehors des problèmes économiques, sociologiques et politiques, il y a une crise des valeurs qui a été à l'origine de la révolution tunisienne. Pour ce, la réhabilitation de l'école et la réactivation du rôle de la famille, du voisinage et de la mosquée sont devenues nécessaires. Dr Abdelkarim a, pour sa part, souligné que «le traitement de ce phénomène doit intervenir dès l'enfance, et ce, à travers une formation affective et psychologique équilibrée ». Un certain nombre de participants rappellent que les consommateurs doivent être traités comme des malades plutôt que comme des criminels. En outre, il y a le recyclage de deux centres qui prennent en charge les toxicomanes et, pourquoi pas, la création de nouveaux centres afin de renforcer la lutte contre la consommation de drogue en Tunisie. La consommation de la drogue par les jeunes est un phénomène qui concerne toutes les parties : gouvernement, partis politiques, société civile, organisations et, surtout, la famille.