•Gratuité des soins et du transport Des décisions ont été prises concernant le dossier des blessés et des martyrs de la révolution annoncées, hier, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue au ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, par M. Samir Dilou. Plus d'une semaine s'est écoulée déjà après le dernier sit-in lancé par des familles de martyrs et autres victimes des événements de la révolution, un sit-in qui s'est terminé d'ailleurs dans la violence et la répression. Le dossier très épineux qui semblait être oublié par les autorités après le 14 janvier et qui a été entaché par le décès de deux blessés de la révolution mal soignés, qui ont succombé à leurs blessures et à leurs douleurs (on parlerait même d'un troisième décès à Nabeul) connaît enfin une évolution. A l'origine des dégâts, une grande irresponsabilité de la part de nos établissements publics qui n'ont pas pris au sérieux les différents cas, ainsi que les mauvais traitements et le mauvais accueil des blessés par certains corps de santé et bien entendu le mutisme et la mauvaise gestion du dossier qui ne figurait apparemment pas dans les priorités de nos différents gouvernements de transition. Il a fallu l'assistance et le soutien de quelques associations et des initiatives personnelles et privées pour venir en aide aux quelques cas qui ont eu la chance d'être médiatisés. C'est donc à coups de pressions et après une précédente conférence de presse au cours de laquelle le ministre des Droits de l'homme avait parlé de quelques mesures urgentes à l'instar de de la carte de soins et de transport et du projet de réforme du décret-loi n° 97 ( promulgué par le président Foued Mebazzaâ le 24 octobre 2011 portant sur l'indemnisation des blessés et des martyrs de la Révolution), que de vraies décisions ont été prises concernant le dossier de nos blessés et martyrs. «Il semblerait qu'après les incidents du 9 avril dernier, les lumières qui étaient braquées sur l'affaire des blessés de la révolution ont changé de cible...Loin d'avoir été oublié, le dossier de ceux qui ont sacrifié leur vie et de leur santé connaît enfin une évolution», a affirmé M. Samir Dilou, en prélude à la conférence. Et d'ajouter que la mauvaise coordination entre les autorités concernées n'a pas aidé à la bonne gestion du dossier qui aurait pu être traité plus rapidement. Le ministre a, par ailleurs, tenu à préciser que, contrairement à ce qui a été véhiculé par certains médias, aucune carte pour handicapé n'a été livrée aux blessés depuis le mois de janvier et que la liste finale — pas encore fixée — ne dépendait pas du ministère des Droits de l'Homme qui est amené à gérer les cas selon la liste initiale disponible (3.728 blessés-320 martyrs) fournie par les commissions spéciales en charge du dossier. Les décisions prises en collaboration avec les ministères de la Santé et du Transport, représentés lors de cette conférence par, respectivement, le Dr Nabil Ben Salah, coordinateur au sein de la commission nationale des blessés, et M. Salah Daguez, porteront également sur la prise en charge à l'étranger des cas les plus délicats (une liste ouverte de candidats qui compte jusqu'à maintenant une vingtaine de blessés) même si, comme le note le ministre, des rapports fournis attestent la possibilités de traiter la majorité des cas en Tunisie. En effet, et comme le précise encore ce dernier, ces prises en charge à l'étranger sont la volonté de certains blessés encore traumatisés par le mauvais traitement et le mauvais accueil dans certains de nos établissements de santé publics...( Rached El Arbi a même attrapé des escarres lors d'un programme de rééducation à Jbel Oust!). Ces déplacements à l'étranger seront effectués par groupes. Le premier groupe qui compte trois blessés — Nabil Jilani, Najib Hamzaoui et Bayrem Ben Nsib — prendra, aujourd'hui, le vol de 9h45 en direction du Qatar qui avec la Turquie représentent les premières destinations pour nos blessés. D'autres destinations ne sont pas exclues, aux dires de M. Dilou. Mais les plus importantes concrétisations annoncées sont surtout les cartes de soins et de transport qui sont en cours de distribution à nos blessés et autres familles de martyrs et qui sont valables jusqu'au 31 décembre prochain, en attendant la remise de la carte de blessé de la révolution aux multiples avantages (soins, transport et accès aux différentes manifestations culturelles et sportives). Gratuité des soins et du transport La carte de soins, comme l'indique M. Dilou, garantit aux blessés (les familles des martyrs jouissent déjà de cartes qui seront bientôt renouvelées, selon le Dr Ben Salah) quelle que soit leur situation sociale, la gratuité inconditionnelle et absolue des soins dans tous les établissements publics, la priorité dans l'accueil et dans l'enregistrement, ainsi que pour effectuer différentes analyses et contrôles. Il est question également de la possibilité de se procurer les médicaments nécessaires — qu'ils soient inscrits au registre public ou autres — gratuitement différentes nécessités médicales. La carte permet également de profiter de traitements en biothérapie dans l'unité de santé spécialisée la plus proche du lieu de résidence du blessé. La création d'une unité spéciale au centre orthopédique de Ksar Said (Kassab) sera aussi prévue ainsi que le remboursement des frais de soins et des médicaments après le contrôle d'une commission médicale spécialisée. Le Dr Ben Salah nous a informé que la distribution de ces cartes s'effectuera à partir d'aujourd'hui dans les différentes régions en se référant aux listes établies par les structures régionales en charge du dossier. Pour la remise de la carte, les concerné sont, à cet effet, appelés à fournir dans les brefs délais une photo d'identité et une photocopie de la carte d'identité nationale. Pour ce qui est du suivi psychologique, impératif dans certains cas, le médecin a parlé de l'idée de séances collectives avec des spécialistes (en plus des tournées dans les différentes régions du pays). Le ministère de la Santé, comme l'a annoncé ce dernier, est prêt à fournir les appareillages nécessaires à certains blessés ainsi qu'à prendre en charge les cas de nécessiteux dans des cliniques privées. La carte de transport, quant à elle, permet de profiter gratuitement des différents modes de transports publics nationux et régionaux. M. Daguez nous a indiqué qu'une grande partie de la distribution de ces cartes a déjà été effectuée. Il a appelé, à cette occasion, les blessés et les familles des martyrs à se présenter aux bureaux concernés avec une photo d'identité et une photocopie de la carte d'identité nationale. Le ministre des Droits de l'Homme a parlé aussi d'une campagne de recrutement directe de blessés dans la Fonction publique (dans le cas échéant un des membres de sa famille) et de représentants de familles de martyrs (un membre par famille) qui entrera en vigueur après la promulgation du texte de loi qui vient d'être soumis à l'Assemblée constituante. «Pour certains cas exceptionnels (même si des blessés devenus infirmes mériteraient automatiquement de jouir d'une pension fixe ou pourquoi pas d'un petit capital pour lancer un projet...), une pension mensuelle pourrait être envisagée au cas par cas», affirme M .Dilou. Voilà qui est dit et fait et en attendant la mise en vigueur des décrets- lois liés au dossier des blessés et des martyrs de la révolution, tout le monde compte sur la mise en application sérieuse de ces différentes mesures (gratuité et priorité dans les soins,remboursements, recrutements...) et aussi sur la réhabilitation de nos blessés afin de préserver leur dignité. Car nous n'arrêterons pas de le souligner, le dossier aurait dû être traité plus sérieusement. Cela nous aurait épargné les souffrances, les préjudices moraux et matériels et surtout les cas de décès de blessés qui ont rallongé la liste de nos martyrs...