Par Abdelhamid GMATI Les évènements qui ont émaillé la fête des Martyrs, lundi dernier, continuent à focaliser l'attention de tous. On essaie de savoir exactement ce qui s'est passé et de délimiter les responsabilités. La Constituante en a également discuté et une commission dite indépendante va enquêter ; pourvu que sa composition échappe au jeu «du juge et partie». En attendant, un grand nombre de manifestants ont appris du nouveau sur leur identité, à part d'avoir été à l'origine des troubles : ce sont des «anarchistes staliniens». Ils ne le savaient pas et ils viennent de faire cette étrange découverte. Avant de s'en réjouir, ils aimeraient bien connaître la signification exacte de cette définition. Peut-être que son auteur daignera les éclairer prochainement. Dans le chapitre des découvertes surprenantes, il y en a plusieurs, vécues, vues, entendues et rapportées par des témoins qui en attestent la véracité. – Dans une petite ville côtière du Sud-Est tunisien, un groupe de jeunes et nouveaux salafistes discutent et l'un d'eux, plus âgé, parle de la vie de Mohamed, le Messager de Dieu, et évoque quelques ennuis de santé dont la perte d'une canine. Le groupe voulant confirmation contacte des imams et des personnalités religieuses; lesquels leur expliquent que le prophète était un être humain et que effectivement, il a eu quelques désagréments de santé. Les jours suivants, le dentiste du quartier constata une affluence inattendue dans son cabinet. Nombre de salafistes venaient lui demander de leur arracher une canine, même saine. Devant leurs exigences et même leurs menaces, il leur donna satisfaction, faisant son boulot dans les normes. Les habitants du quartier et des quartiers avoisinants furent surpris par un spectacle inhabituel : des salafistes souriants. Non pas parcequ'ils étaient heureux ou satisfaits de la vie, mais seulement pour arborer un nouveau signe distinctif de leur identité, venu s'ajouter, à la barbe, à l'estampillage du front, aux habits afghans : l'absence d'une canine. – Une autre ville côtière du centre; un homme vivait normalement avec sa femme, sa petite fille, ses parents et ses amis. Il gagnait convenablement sa vie et n'avait pas de problèmes majeurs. Jusqu'au jour où rentrant chez lui, il trouva une personne recouverte de tissu noir de la tête au pied. Il appela sa femme qui lui répondit, en découvrant son visage. Surpris, il demanda des explications qui lui furent données; sous l'influence de ses amis, la dame avait fini par adopter le niqab. L'homme, abasourdi, lui expliqua qu'il ne voulait pas de problèmes et que si elle voulait le niqab, elle ne devait le mettre qu'à l'extérieur mais pas à la maison. Tout se passa bien jusqu'au jour où sa femme disparut. Il alerta la famille, les amis puis la police, qui promit d'enquêter. Il attendit des jours mais sa femme restait introuvable. Un jour il fut abordé par une connaissance qui l'informa que sa femme s'était mariée. «Comment ? Mais elle est déjà mariée avec moi et on a même une petite fille». L'ami lui apprit que sa femme avait épousé un salafiste selon le mode «orfi» et qu'il avait intérêt à se taire sinon il risquait des ennuis. – A Tunis, un taxiste se fit héler par un salafiste. Il se fit indiquer la destination et démarra. Le salafiste lui dit alors : «Eteignez la radio, vous ne savez pas que c'est impie, que c'est haram; cela n'existait pas à l'origine». Le taxiste ne répondit pas, mais se rabattit sur le côté et s'arrêta. Il descendit du taxi, en fit le tour et ouvrant la portière du passager le pria de descendre. Celui-ci, croyant à une panne s'exécuta. Le taxiste regagna alors son siège et démarra, non sans crier «la radio n'existait pas à l'origine ? Ok mais les taxis non plus». Le salafiste laissé sur le trottoir n'en revenait pas. – Encore à Tunis. Une dame, fonctionnaire, mariée, ayant des enfants, se faisait aider par une femme de ménage. Tout allait normalement, jusqu'au jour où sa femme de ménage se présenta en niqab. La dame surprise s'en inquiéta. L'explication fut que la femme de ménage avait un frère qui avait fait des pressions pour qu'elle revête ces habits et ce voile. La dame, «une safira», lui répondit qu'elle ne voulait pas de problèmes. Elle paya sa femme de ménage pour ses journées de travail et la pria de partir et de ne plus revenir. Des comportements, en apparence anodins mais qui se multiplient et sont complètement étrangers à notre culture, à nos mœurs, à nos traditions et à nos croyances. Ce qui veut dire qu'il faut réagir, comme le taxiste ou la fonctionnaire. Sinon, un jour, ce sont nos comportements habituels, bien tunisiens, qui vont paraître étranges.