•La meilleure solution pour faire face à l'inflation est d'agir sur la production dans tous les secteurs Il est nécessaire de maîtriser aujourd'hui l'inflation pour pouvoir équilibrer les finances publiques et relancer l'économie nationale. En effet, l'inflation, qui a atteint des proportions inquiétantes, constitue un mal qui ronge progressivement le corps d'une économie en mal de solutions pertinentes susceptibles d'arrêter l'hémorragie des dépenses aux dépens des recettes. La cherté de la vie est la conséquence directe d'une mauvaise maîtrise de ce phénomène dans la mesure où la valeur de l'argent diminue à vue d'œil et il en faut beaucoup pour pouvoir faire des petits achats. Autrement dit, un montant donné ne permet plus d'acheter des produits pourtant abordables quelques années plus tôt. A l'origine de l'inflation figurent essentiellement la baisse de la production et de la productivité – tous secteurs confondus, y compris ceux de l'agriculture et de l'alimentation – et la hausse des dépenses de l'Etat pour importer d'importantes quantités de produits et pour la compensation qui se chiffre chaque année à des millions de dinars. Le montant de la compensation est en évolution continue compte tenu de l'enchérissement des matières premières et des produits semi-finis et finis sur le marché international. Parmi les produits qui ont exercé de fortes pressions sur le budget de l'Etat, celui des hydrocarbures dont les cours connaissent des fluctuations permanentes en plus des prix des céréales. Rationaliser les importations Même les entreprises souffrent de l'inflation, puisqu'elles sont tenues, elles aussi, de dépenser plus – quitte à contracter des crédits – pour acheter les matières premières, les produits semi-finis et le matériel ou les équipements destinés à faire tourner la machine de la production. L'objectif étant de produire les quantités commandées par les clients et de les fournir dans les délais convenus pour préserver la confiance de ces derniers. Or, depuis la révolution, la Tunisie a payé un prix fort pour pouvoir maintenir son positionnement sur le marché extérieur et continuer à exporter. Au niveau du marché intérieur, les citoyens ont constaté à leurs dépens que les prix des produits agricoles et alimentaires ont connu une hausse sensible, ce qui ne permet pas à plusieurs citoyens de classe moyenne de subvenir à leurs besoins. Cela se répercute négativement sur la qualité de la vie qui a dégringolé dans plus d'un foyer. La solution idéale pour faire face à l'inflation – en atténuant ses effets à terme – est d'augmenter la production dans tous les secteurs en rationalisant, en même temps, la consommation aussi bien au niveau des particuliers que des chefs d'entreprise. Sans aller jusqu'à parler d'austérité, il est possible d'optimiser les importations en se basant essentiellement sur la production nationale. Mais encore faut-il que tous les moyens humains et matériels soient mobilisés pour relever le défi de la productivité et pouvoir satisfaire les besoins du marché national en produits agricoles et alimentaires, notamment. Des sacrifices devraient, certes, être supportés par les producteurs pour assumer un devoir national et civique qui requiert un dévouement sans limites. L'augmentation de la production ne va pas, certes, être à l'origine de la suspension totale de l'importation dans un secteur donné, mais elle aura au moins pour mérite de la limiter et donc de gagner quelques devises de plus. Concertation avec les professionnels D'autant plus que le panier des devises à la Banque centrale de Tunisie a connu, lui aussi, une diminution se limitant à 101 jours d'importation, selon des informations divulguées récemment. Une stratégie de productivité devrait être donc mise en place dans chaque entreprise économique en vue de porter la production des biens à des taux déterminés. Sur la base de cette stratégie, les travailleurs seront appelés à redoubler d'effort pour atteindre les objectifs fixés par les ministères concernés en concertation avec les professionnels. Les consommateurs ont, de leur côté, un rôle déterminant à jouer dans la baisse du taux de l'inflation en rationalisant les dépenses. Etant donné que l'économie tunisienne se base sur la loi de l'offre et de la demande, les prix sont fixés, en général, selon les quantités des produits disponibles et le volume des achats. Plus un produit est boudé, plus son prix diminue. L'Etat intervient pour fixer les prix de certains produits de première nécessité comme le pain, le lait, la semoule... mais c'est aux consommateurs de choisir en fonction de leur budget et de leurs besoins réels. Il est temps, en effet, d'éviter le gaspillage constaté encore dans plusieurs foyers qui n'hésitent pas à jeter une quantité des produits achetés au prix fort. L'effort devrait être axé plutôt sur l'épargne dans des comptes bancaires ou postaux au lieu de s'acharner à dépenser dans des produits ou biens pas toujours utiles. L'argent épargné permet au consommateur de faire des projets d'envergure à moyen et long terme en diminuant la pression sur les prix pratiqués dans les commerces. La consommation immédiate – pour des produits agricoles et alimentaires en général – ne donne pas l'occasion, non plus, à l'Etat de planifier une partie du budget à moyen et long terme pour l'investissement dans des projets rentables et créateurs de richesses et de biens. Mais peut-on demander à des citoyens dont la qualité de la vie a connu une baisse de faire de l'épargne ? Ce sont familles aisées de se tourner davantage vers l'épargne. En tout cas, la maîtrise de l'inflation exige une augmentation de la production pour satisfaire des besoins au niveau national et de rationaliser les dépenses familiales en favorisant un tant soit peu l'épargne. L'intégration de nouveaux équipements contribuant à renforcer la création des richesses et la mise en place des méthodes intelligentes favorisant la productivité pourraient être un élément parmi tant d'autres permettant d'atteindre des objectifs qualitatifs et quantitatifs. Mais le rôle des travailleurs et des consommateurs ne devrait en aucun cas être négligé dans ce processus de maîtrise de l'inflation à lancer dans les meilleurs délais pour éviter des mesures plus draconiennes et impopulaires à l'avenir.