Le projet de montage de la voiture tunisienne Barkia continue à fasciner et à faire rêver les Tunisiens, sans pouvoir passer au stade de l'exécution à cause d'un problème foncier lié au changement de la vocation agricole du terrain qui doit abriter le projet dans la localité de Dokhane relevant de la délégation de Hencha (Sfax). Un sentiment de frustration a été constaté chez l'initiateur du projet Ahmed Barkia, les membres de l'équipe qui l'accompagne au stand du projet dans le Salon de l'automobile et des équipements de garage et des pièces de rechange qui se tient à Sfax du 8 au 12 mai et, même, chez de nombreux visiteurs. «On ne comprend pas comment un tel projet n'arrive pas à se concrétiser en Tunisie post-révolution, à cause de textes juridiques freinant l'investissement et l'emploi, d'autant que toutes les conditions relatives aux études techniques et de faisabilité, au financement et à la conformité aux normes européennes et internationales de l'industrie automobile ont été satisfaites», a souligné Ahmed Barkia dans une déclaration au correspondant de la Tap à Sfax. «Comment peut-on expliquer que l'Agence foncière industrielle peut bénéficier du changement de la vocation dans la même zone de Dokhane et qu'un investisseur tunisien n'arrive pas à le faire», a-t-il ajouté. M. Barkia, docteur en génie mécanique et détenteur d'un double brevet d'invention pour le moteur et le châssis, ne perd toujours pas espoir et attend une réponse des instances compétentes de l'Etat, notamment après la réunion du Conseil supérieur de l'investissement, lundi, sous la présidence du chef du gouvernement provisoire, Hammadi Jebali. Il est presque certain, assure-t-il, que cette réponse viendra incessamment, surtout qu'il a promis de remplacer les 2.400 pieds d'olivier qu'il compte enlever du terrain où le projet doit être réalisé et qui s'étend sur une superficie de 118 ha relevant des terres domaniales. «Le choix de ce site est justifié par le fait qu'il favorise l'accessibilité des matières premières et du produit fini de l'usine, et ce, compte tenu de sa proximité de la voie ferrée, du port de Sfax et de l'autoroute», a assuré l'un des membres de l'équipe d'ingénieurs de M. Barkia. Un investissement de 100 MD En cas de concrétisation, le projet s'annonce prometteur à plus d'un titre. Il s'agit, faut-il le rappeler, d'une unité de fabrication d'automobiles, de moteurs et de motocycles aux normes européennes, et leur commercialisation à l'échelle internationale à raison de plus de 70%. Nécessitant un investissement de l'ordre de 100 MD à fournir sous forme de fonds propres (30%) et d'un prêt (70%) à contracter auprès de la Banque européenne d'investissement (BEI), la première phase du projet permettra la création de 1.200 postes d'emploi dont 10% des diplômés de l'enseignement supérieur. La capacité de production de cette phase dont les travaux s'étaleront sur 18 mois est de 10 mille voitures par an. Les deuxième et troisième phases nécessitent une durée de 24 mois chacune et permettront de porter le nombre d'employés, respectivement, à 3.600 puis à 8.200 personnes. La participation des Français, des Belges et des Allemands dans le projet est assurée au niveau du partenariat financier, à travers une contribution au prêt contracté à concurrence de 40% et sous forme de garantie auprès de la BEI, sachant que le promoteur Barkia a travaillé pendant des années avec les constructeurs automobiles européens et a bénéficié de leur confiance. Un autre indice encourageant, selon Nizar Ben Jemaâ, ingénieur en électromécanique, se situe au niveau du taux de l'intégration des matières et des compétences tunisiennes dans le projet, à concurrence de 72%. Ce taux est assuré à raison de 56% par l'usine de fabrication et 16% pour la sous-traitance locale. Le reste, à savoir 28%, concerne l'acquisition de la tôle d'Algérie alors que l'importation de certains composants (roulements à billes, soupapes) d'autres pays ne dépasse pas les 8%. Barkia compte fabriquer quatre types de voitures utilisant l'essence et le gaz comme carburant. On estime les prix de vente sur le marché local à partir de 14 mille dinars tunisiens.