• L'adjectif nomade, choisi sciemment par Med Ridha Ben Hamouda, renvoie à une relativation du phénomène de l'incertitude et de l'instabilité vécues par toute une génération de Tunisiens qui, après la mise à l'écart du Président Bourguiba, se sont trouvés, à un moment de leur existence, à la croisée de leur destin. La référence se poursuit avec la Zitouna, prestigieuse institution religieuse qui, depuis des siècles, prodigue un enseignement religieux, débarrassé des scories de l'intolérance et des germes de la discorde. Le terme de citoyen était utilisé en 1789 par la révolution française pour se substituer à monsieur ou madame selon le sexe de la personne hélée. Chez l'auteur, la lettre Z a remplacé le C, base à partir de laquelle il a interverti les lettres dans l'idée de définir la relation de la Zitouna avec la notion de la citoyenneté et, partant, le citoyen et le zitoyen. Nomade ou vagabond, peu importe la définition ! L'essentiel est qu'il s'agit ici d'un état d'esprit où le sujet peut être amené, au gré de ses rêveries et de ses pérégrinations, à voyager sans se fixer et sans but précis, puisqu'il n'y aura jamais de destination finale. L'issue sera fatale et aboutira inévitablement à la mort. La dénaturation du rêve a viré au cauchemar avec le règne du président déchu et son régime miné par une gestion désastreuse et un déficit flagrant des fonctions intellectuelles de l'esprit. L'affaire du buste de marbre de la déesse Vénus, unique au monde, subtilisé au musée du Bardo, mitoyen de l'Assemblée nationale, allait augurer de bien des vols, des abus et d'autres spoliations, ce qui allait ouvrir les portes de l'enfer ou la boîte de Pandore. La Révolution et le désenchantement En l'absence de prospérité, d'emploi et de dignité, et à défaut de la moindre perspective rassurante sur son sort et son avenir, le citoyen tunisien, qui a voté presque massivement et exclusivement pour un parti d'obédience religieuse, s'est retrouvé en fin de parcours, et à son grand désarroi, pris au piège d'une vaste machination qui risque à plus ou moins long terme de se révéler décevante. La situation, écrit l'auteur, n'inspire aucun espoir dans l'immédiat. Le miracle tarde à venir et le temps presse. L'impossible est obtenu en un temps record et le consensus, qu'on appelle de tous ses vœux, est enfin trouvé. On décrète officiellement que les quatre cavaliers de l'Apocalypse annoncés par le Nouveau Testement sont désormais : l'ignorance, la cupidité, le despotisme et l'indifférence. Les laissés-pour-compte se sont sentis désarmés face à tous les abus et se retrouvent aujourd'hui placés dans une trajectoire islamiste et une orbite spirituelle, à la merci de «bricoleurs religieux», tout juste capables de vous entretenir de faim spirituelle qu'on se doit d'assouvir et de calmer par une lecture saine du Saint Coran et par le recours à des objecteurs de conscience qui, selon eux, prêchent la bonne parole, alors qu'il s'agit d'un discours pernicieux et trompeur qui fait l'apologie de la haine des non-musulmans, de la mort des mécréants, de l'abandon des langues des roumis, de l'école publique qui dispense un enseignement athée. Et l'auteur de conclure : «L'islamiste instrumentalise la religion. L'islamisme est le premier concurrent de l'Islam». Au passage, il cite Ibn Khaldoun qui, dans les Prolégomènes, son œuvre de référence, écrit qu'il faut, pour un historien de premier plan, s'assurer de l'authenticité des sources et de leur vérification à l'aune de critères purement rationnels. A la société civile de refuser la domination des incultes qui cherchent à avoir barre sur le bon peuple. _______________ * «Zitoyen!» de Med Ridha Ben Hamouda - Préfacé par le professeur Kamel Gaha, avril 2012 - Sud éditions. • L'auteur est né en 1949 à M'saken dans une famille de fonctionnaires profondément bourguibistes. Il est ingénieur de formation (Inat et Paris)