Elle sera innovante, plurielle et aux couleurs de la révolution. La nouvelle édition de la fête du bourzguène du Kef, qui consacre dans sa signification profonde la fin du printemps et le début de la saison des moissons, sera cette année un événement particulier dans la vie des habitants de l'ancienne Sicca Veneria, au demeurant rompus à ce rituel légendaire qui, en dépit de sa connotation profane, consacre aussi le remerciement à Dieu; une sorte de «Thanksgiving» keffois pour tout ce que Dieu a offert à l'homme à travers la nature. La célébration de cet événement a pris cette année une dimension particulière et dans le temps et dans l'espace en ce que la fête sera célébrée pendant huit jours, alors qu'elle se deroulait d'habitude au cours des deux jours de samedi et dimanche qui marquent la mi-mai. Il va de soi que la programmation mise en place par l'Association de sauvegarde de la médina a pris en considération les impératifs d'ouverture et de participation de la société civile et de toutes les parties concernés par la question du patrimoine. Trois tables rondes seront aussi consacrées à l'examen des questions de l'emploi des jeunes dans les métiers traditionnels, l'environnement et la culture au Kef et le rôle des associations dans le développement durable, alors que trois autres tables rondes traiteront des questions de la teinture naturelle, du patrimoine construit et de l'art de la cuisine keffoise. La célébration de cette fête à la fois païenne et mystique explique l'attachement des Keffois à la terre, car elle constitue une source de jouissance, d'alimentation et d'émerveillement qui nourrit chez l'individu les sources de l'enthousiasme partant du principe que la terre est la source unique dont l'homme tire son existence. Mais en fait, la célébration année après année de cette fête représente aussi aux yeux de nombreux Keffois la fidélité aux ancêtres et l'ancrage dans les origines. Mais au fait, comment se présente cette fête dite du bourzguène ? Il s'agit de la préparation d'un plat de couscous à partir de grains de semoule sous forme de couches garnies de dattes, de fruits secs et arrosées d'un jus de beurre et de préparation de viande d'agneau. La viande est servie au-dessus du plat, accompagnée d'un plat de salade romanie (khass) qui, selon les idées reçues, chasse les vers de l'intestin et préserve le métabolisme cellulaire. Partant de la place qu'occupe cette fête dans la vie des Keffois, tout a été réuni pour que sa célébration soit à la hauteur de l'événement. L'Association de sauvegarde de la médina a même veillé au grain pour que tout se déroule dans les règles de l'art. Honni soit qui mal y pense.