La Tunisie a-t-elle un système de régulation favorable à la liberté d'expression, au pluralisme et à la diversité des médias ? Qu'entend-on par pluralisme et diversité des médias, cadre économique où tous les acteurs sont en situation d'équité concurrentielle et transparence de la propriété ? Tels sont les deux axes principaux autour desquels s'est articulé l'atelier de travail conduit mercredi par M. Steve Buckley, spécialiste international des médias, engagé par l'Unesco pour mener une étude sur le développement des médias en Tunisie. Cet atelier auquel ont pris part différents représentants de médias nationaux a donc permis de revenir sur la situation actuelle du secteur médiatique pour analyser par la suite les carences qui persistent encore, présentant un réel handicap devant la réforme en profondeur du secteur. M. Buckley a fait remarquer au fil de son intervention que son étude relative à l'évaluation du secteur médiatique tunisien se base sur les indicateurs de développement des médias (IDM). Ces indicateurs de développement comprennent 5 catégories de haut niveau, 21 sous-catégories, 50 indicateurs de haut niveau et 190 sous-indicateurs. Débattant du premier chapitre de cet atelier, à savoir un système de régulation favorable à la liberté d'expression et à la diversité des médias, certains intervenants parmi les représentants de médias ont laissé entendre que le cadre législatif et politique ne garantit en aucun cas ces options de principe qui devraient être à la base de tout processus de démocratisation du domaine de l'information. D'autres intervenants ont fait observer que le secteur est menacé par un double danger : la politique et l'argent sale. D'où la nécessité, selon une intervenante, d'adopter un code de la presse qui soit à la fois répressif à l'égard de toute sorte d'atteinte à la déontologie de la profession et non répressif dès lors qu'il s'agit d'une presse qui agit dans les règles de l'art. Sans pour autant que ces régles de l'art soient au service des intérêts personnels. De ce point de vue, le débat a porté sur le cadre législatif et politique, le système de régulation de l'audiovisuel, les lois sur la diffamation, les restrictions juridiques à l'égard des journalistes et la censure. Des points soulevés par le spécialiste international des médias et développés par des intervenants qui se sont montrés très insatisfaits de la persistance des mêmes défaillances et pratiques d'autrefois, en l'absence de volonté politique et d'un plan d'exercice aux contours clairs. Selon eux, le journaliste n'est toujours pas suffisamment protégé et peut toujours faire l'objet de poursuites judiciaires pour la moindre erreur. Pour ce qui est du second axe de cet atelier de travail : pluralisme et diversité des médias, cadre économique dans lequel tous les acteurs sont en situation d'équité concurrentielle et transparence de la propriété, le débat a porté sur la concentration des médias, le mélange varié de médias publics, privés et communautaires, l'attribution de licences et de bandes de fréquences, la taxation et la régulation commerciales et la publicité. Des données amplement critiquées par une grande partie de l'assistance qui trouve que l'état des lieux du secteur n'atteste d'aucune avancée dans ce sens. Ce, étant donné, «que les favoris d'autrefois en matière de publicité et d'obtention de fréquences continuent à l'être aujourd'hui, aux dépens des nouveaux médias qui ont besoin du soutien de l'Etat pour démarrer». Des observations dont a profité le consultant international pour prendre des notes certainement utiles à la réalisation de son étude.