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V- Les Chinois et le conseil de Deng Xiaoping
Reportage
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 05 - 2010

Par notre envoyé spécial en Chine Hmida BEN ROMDHANE
Pan Xiaohan a 22 ans. Il étudie l'arabe dans un institut de langue à Pékin et se promet pour une carrière de traducteur. Enfant unique comme un grand nombre de Chinois aujourd'hui, Pan Xiaohan n'a pas beaucoup de bons souvenirs de son enfance. «Il y a vingt ans, nous habitions mes parents et moi dans un appartement très étroit, comportant une seule chambre pour nous trois. Aujourd'hui, nous vivons confortablement dans un appartement de 100 mètres carrés, grâce au développement de la Chine qui a entraîné une augmentation substantielle des revenus de la famille.»
Ils sont des dizaines de millions aujourd'hui en Chine qui diraient la même chose. Pan Xiaohan évoque avec émotion un événement assez lointain qui s'est déroulé avant sa naissance et dont l'«heureux dénouement» fut vital pour l'avenir de la Chine. «Après la mort de Mao Zedong le 9 septembre 1976, une lutte pour le pouvoir s'est déroulée en Chine entre les radicaux menés par la femme de Mao, Jiang Qing, et les pragmatiques menés par Deng Xiaoping. L'élimination de ce qu'on appelait alors la bande des quatre a libéré la Chine des carcans idéologiques qui l'immobilisaient. Si la femme de Mao et les radicaux qui la soutenaient avaient pris le pouvoir et imposé leurs vues jusqu'à maintenant, nous serions aujourd'hui au même niveau de développement que le Cambodge. Seulement au Cambodge, ils sont 10 ou 15 millions alors que la Chine a une population 100 fois plus nombreuse, vous imaginez le désastre…».
L'idole de Pan Xiaohan ? La réponse vient sans la moindre hésitation : Deng Xiaoping bien sûr. Cela ne veut pas dire que Mao Zedong ne compte pas pour lui. «Mao est devenu une légende. Les Chinois ont un respect quasi religieux pour lui. Ils le considèrent comme l'homme qui avait mis la Chine sur ses pieds. Quant à Deng Xiaoping, il avait permis à la Chine de s'enrichir. Ce sont les deux personnages les plus importants dans l'histoire de la Chine moderne.»
L'origine de l'extraordinaire développement que connaît la Chine aujourd'hui remonte à un tiers de siècle quand, en 1977, Deng Xiaoping, débarrassé de la «bande des quatre», lança les fameuses quatre modernisations ( agriculture, industrie, recherche scientifique et défense). Peu de temps après, il proposa aux investisseurs étrangers les «zones économiques spécialisées» avec plein d'avantages fiscaux et de garanties légales. Enfin, il incita les Chinois à briser le joug de la pauvreté en leur lançant sa célèbre exhortation : «Enrichissez-vous, il est glorieux de s'enrichir!»
Tous les Chinois ne se sont pas enrichis certes, mais des centaines de millions vivent aujourd'hui incomparablement mieux qu'il y a trente ans, y compris dans les zones rurales. Le secteur public demeure le plus grand employeur en Chine. Chen Pingfei, journaliste dans un quotidien économique de Pékin, estime que «le secteur public est le plus grand employeur du pays. Et bien que les salaires soient inférieurs par rapport à ceux du secteur privé, l'Etat a déployé des efforts gigantesques pour améliorer sensiblement le niveau de vie de centaines de millions de gens».
Il est normal que le secteur public soit toujours dominant dans un pays où le Parti communiste tient toujours les rênes du pouvoir. Cependant, la domination totale de la vie politique en Chine par le Parti communiste n'a pas entravé l'émergence, d'abord, et le développement spectaculaire, ensuite, du secteur privé qui est devenu un grand pourvoyeur d'emplois et sur lequel l'Etat chinois compte pour venir à bout du chômage.
Chen pingfei résume l'évolution de la Chine officielle vis-à-vis du secteur privé en ces termes : «D'abord le secteur privé a été considéré comme ‘‘un supplément au secteur d'Etat'', ensuite comme ‘‘une part importante de l'économie'', et enfin comme ‘‘une part fondamentale du système économique''».
Si pour le monde extérieur la coexistence d'un secteur privé de plus en plus large et d'un système politique dominé par le Parti communiste est une singularité que beaucoup ne s'expliquent pas, les Chinois ne semblent pas se poser trop de questions à ce sujet, du moment que cette coexistence se répercute positivement et de manière continue sur leurs conditions de vie. Chen Pingfei explique avec un sourire : «Pour nous, il s'agit d'un mariage de raison entre l'initiative privée et le parti communiste qui a engendré un ménage équilibré et des enfants heureux, car les Chinois aujourd'hui n'ont jamais été aussi heureux, aussi fiers et aussi sécurisés de toute leur très longue histoire».
Heureux, fiers et sécurisés, mais il y en a qui le sont beaucoup plus que d'autres, cela va sans dire. Si l'Etat chinois a profité de la fabuleuse croissance économique de manière à procéder à une redistribution des richesses qui accroîtrait le bien-être des classes moyennes, sans oublier les centaines de millions de ruraux, le secteur privé a fait naître une classe de nouveaux riches à la tête desquels se trouvent quelque 130 milliardaires en dollars (selon les dernières statistiques du magazine Forbes), plusieurs milliers de millionnaires en dollars, et des millions de hauts cadres des secteurs public et privé, d'ingénieurs, d'artistes, de cinéastes dont les revenus substantiels leur permettent l'accès aux belles demeures et aux grosses limousines allemandes, japonaises et même britanniques.
L'un des nouveaux riches célèbres à Pékin est Wang Zhongjun, dont quelques détails de sa fortune ont été publiés par le quotidien China Daily. Producteur de films à succès, dont Le royaume interdit, Wang Zhongjun se déplace soit dans sa Mercedes en argent soit dans sa Ferrari rouge; il habite une résidence au nord de Pékin de plusieurs milliers de mètres carrés, comportant une collection d'œuvres d'art d'une valeur de 30 millions de dollars, une écurie de 60 pur-sang, etc.
Pour tous ces nouveaux riches donc, un marché du luxe de plus en plus florissant s'est établi, essentiellement à Pékin, Shanghai et autres villes côtières de l'Est chinois. Il va des simples produits de luxe des marques françaises et italiennes les plus célèbres, comme Louis Vuitton et Gucci, jusqu'aux voitures Bentley à 1,2 million de dollars pièce.
Et précisément, cette célèbre marque britannique a fait parler d'elle au Salon de l'Auto qui s'est tenu à Pékin du 22 avril au 2 mai. Elle a créé spécialement pour le marché chinois deux modèles qu'elle a présentés au Salon de l'Auto : «Design Series China» et «Continental Flying Spur Speed China».
Le représentant de Bentley en Chine, Zheng Biao, parlant à la presse chinoise internationale au Salon de l'Auto à Pékin, a affirmé que la compagnie qu'il représente «espère vendre 1.000 unités en Chine d'ici 2012, ce qui la placerait devant les Etats-Unis en termes de vente…». La Chine, premier marché pour toute une gamme de produits de luxe, dont Bentley ! Qui l'aurait imaginé il y a seulement quelques années ? Le conseil donné par Deng Xiaoping il y a un tiers de siècle à ses concitoyens n'est vraiment pas tombé dans l'oreille d'un sourd.
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Demain : VI- La puissance chinoise et «le confortable sentiment de sécurité»


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