La préservation du patrimoine génétique national et le développement des ressources visant son développement constituent le point de mire de la Banque nationale des gènes ( BNG), l'objectif étant de préserver les ressources génétiques nationales, notamment celles en voie de disparition mais aussi les gènes végétaux et animaux acclimatés à notre biodiversité. Mise en place depuis 2007, cette institution à mission fort spécifique s'active sur plusieurs axes d'intervention, dont le rassemblement des échantillons génétiques disponibles dans les laboratoires nationaux de recherche, le rapatriement des ressources génétiques tunisiennes préservées dans des banques génétiques internationales, la coordination avec les parties concernées par la protection du patrimoine génétique pour la préservation des gènes dans leur environnement naturel, la promotion des échanges internationaux dans ce domaine et la participation au développement des capacités nationales en matière de gestion des ressources génétiques. Ces interventions touchent à trois groupes thématiques de base, notamment les céréales et les légumineuses alimentaires, les plantes fourragères, l'arboriculture fruitière, les cultures maraîchères, les condimentaires et les florales, les plantes pastorales, forestières, aromatiques et médicinales ainsi que les ressources génétiques animales, celles marines et les micro-organismes. Selon le dernier rapport de la BNG relatif à l'année 2010, la BNG a réussi, déjà, à collecter et à conserver quelque 35.656 accessions. Elle a également réussi à réhabiliter 21 variétés de céréales, collectées auprès de certains agriculteurs. Pour ce qui est des céréales et des légumineuses alimentaires, la BNG conserve pas moins de 23.875 accessions de céréales autochtones dont 2.986 ont été rapatriées de banques de gènes étrangères. Misant sur le développement des semences de diverses variétés nationales de blé dur, les experts ont réussi la réhabilitation de 21 variétés cultivées dans les régions du Centre et du Sud dont cinq variétés sont cultivables dans les zones arides. Pour tenter l'expérience, la BNG a impliqué dix agriculteurs issus de Kairouan, de Gabès, de Sidi Bouzid, de Sfax, de Gafsa et de Siliana. Par ailleurs, trois variétés de plantes fourragères autochtones ont fait l'objet de multiplication scientifique. Il s'agit des luzernes pérennes, des lotiers pérennes et des trèfles. La première variété comprend déjà deux espèces, à savoir médicago sativa var tunetana et médicago sativa var Gabès. La luzerne étant une plante très répandue dans le Sud tunisien et appréciée tant pour sa valeur fourragère que pour sa capacité à s'adapter aux difficultés climatiques. Sa multiplication a nécessité deux étapes. La première a consisté à piquer les espèces dans des plaques alvéolées contenant une tourbe. Les plantules ont été, par la suite, transférées dans des pots contenant un mélange de sol, de sable et de tourbe. L'arboriculture fruitière fait également partie des domaines d'intervention de la BNG. Aussi, un travail de prospection a-t-il été mené dans l'optique de collecter diverses accessions d'espèces fruitières. Les agrumes, l'olivier, le pistachier ainsi que l'arboriculture fruitière oasienne ont eu la part du lion en matière d'arbres fruitiers à étudier et à générer. Représentant une richesse naturelle importante dans notre terroir, l'olivier a fait l'objet d'études minutieuses, focalisées sur le feuillage, les fruits et le pollen. Ces études ont également pris en considération les divers sites de culture des oliviers, dont Makther, Siliana, Béja, Bizerte, Kairouan, Tunis, Ariana et Ben Arous. Par ailleurs, un effort est déployé pour préserver les oliviers millénaires, dont l'olivier situé à Chraf, dans la région d'El Haouaria et qui date d'environ 2.500 ans. Il y a lieu de noter qu'en 2010, quelque 600 accessions d'arbres fruitiers ont été enregistrées à la banque de données. En ce qui concerne les plantes forestières et pastorales, la collecte a permis de regrouper quelque 147 accessions de chênes provenant des régions de Aïn Draham, de Tabarka, d'El Fajja et du Cap Bon dont 50 ont été multipliées. Par ailleurs, la BNG compte environ 418 accessions maraîchères, 154 condimentaires et 190 ornementales. Ces espèces ont été collectées grâce à la collaboration de maintes institutions concernées, dont les commissariats régionaux au développement agricole et l'agence de protection et de l'aménagement du littoral ( APAL). Cette collecte a permis à la BNG de réussir un travail de régénération au profit de plusieurs accessions de légumes et de plantes condimentaires. C'est le cas d'une quarantaine d'accessions de carottes sauvages, d'une quarantaine d'accessions de plantes condimentaires ainsi que de quatre accessions de pastèque, de trois accessions de courge et de vingt accessions de piments. La mission de la BNG se poursuit malgré les difficultés que connaissent les équipes chargées de la prospection. En effet, certains agriculteurs ne se montrent pas coopératifs et refusent parfois de livrer des échantillons d'espèces en voie de disparition. D'où l'impératif de véhiculer une sensibilisation à même de les convaincre sur l'importance de la préservation et de la multiplication des gènes autochtones et de renforcer notre patrimoine génétique.