• Succession de rencontres ministérielles et sectorielles ainsi que de manifestations économiques et commerciales organisées dans les différents pays maghrébins • Les résultats encore en deçà des opportunités et des ambitions • Les échanges entre les pays maghrébins ne dépassent pas les 3% des échanges avec l'extérieur • La Bmice, un mécanisme nécessaire au financement des projets mixtes, à la facilitation du transfert des capitaux et au développement des échanges commerciaux Le deuxième forum des hommes d'affaires maghrébins s'est ouvert, hier, à Tunis, sous la présidence de M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, et se poursuivra aujourd'hui. Placé sous le haut patronage du Président Zine El Abidine Ben Ali, ce forum est organisé par l'Union maghrébine des employeurs (UME), l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica) et le groupe «Iktissad Wa Aâmal» avec la participation d'environ mille hommes d'affaires maghrébins, plusieurs hauts responsables maghrébins, présidents des centrales patronales et représentants de plusieurs organisations nationales et régionales. M. Mohamed Ghannouchi a mis en exergue, à cette occasion, les prémices d'une dynamique enregistrée dans l'action maghrébine commune, comme en témoignent la succession des rencontres ministérielles et sectorielles ainsi que les manifestations économiques et commerciales organisées dans les différents pays maghrébins. Toutefois, les avancées enregistrées, a-t-il relevé, restent en deçà des ambitions et des objectifs fixés. Le Premier ministre a précisé que malgré les efforts déployés pour impulser les échanges commerciaux entre les pays maghrébins, les résultats demeurent modestes et en deçà des opportunités et capacités existantes. A titre indicatif, les échanges entre les pays maghrébins ne dépassent pas les 3% de leurs échanges avec l'extérieur, alors que ce taux atteint 70% avec les pays de l'Union européenne. Des investissements mixtes encore limités De même, les investissements mixtes demeurent limités malgré une certaine amélioration due à l'augmentation du nombre des projets réalisés en commun, notamment dans les domaines de l'industrie, de l'agriculture et des services, a-t-il indiqué, avant de relever que le poids économique des pays maghrébins reste, en l'absence de complémentarité et d'intégration, en deçà des opportunités et capacités des pays de la région. Le Premier ministre a souligné que l'intégration économique des pays maghrébins permet, selon les rapports des experts, d'accroître de 2% le taux de croissance du PIB et d'attirer près de 3 milliards de dollars d'investissements directs étrangers par an, de manière à créer un nombre additionnel important d'emplois, surtout que le nombre de chômeurs dépasse actuellement dans la région maghrébine les 3 millions de personnes (plus de 12% de la population active). M. Ghannouchi a précisé que l'intégration régionale est possible tant elle est favorisée par l'adoption par tous les pays maghrébins de l'économie de marché, basée sur l'ouverture et l'intégration au processus de mondialisation. Il s'est félicité de la tendance de plusieurs entreprises maghrébines à intensifier leurs investissements dans la région, soulignant les efforts déployés par la Tunisie aux fins de renforcer cette orientation, d'attirer les investissements maghrébins et de faciliter l'investissement des entreprises tunisiennes dans les pays de l'UMA. Accélérer le démantèlement tarifaire Le rôle des gouvernements, a-t-il poursuivi, est essentiel dans le renforcement de cette orientation pour éviter d'entraver les initiatives lancées par les promoteurs et les opérateurs économiques, faciliter les procédures douanières, harmoniser les normes et la reconnaissance réciproque des certificats de conformité et accélérer le démantèlement des droits de douane, de manière à favoriser la mise en place d'une zone de libre-échange maghrébine et de réduire le volume du commerce parallèle. Le Premier ministre a mis l'accent sur le rôle de l'infrastructure de base dans la dynamisation des échanges à tous les niveaux, évoquant les effets bénéfiques de la réalisation de grands projets d'infrastructure dans les pays maghrébins. Il a exprimé, à cet égard, l'espoir de voir le rythme de la réalisation de l'autoroute maghrébine s'accélérer, précisant que la Tunisie a entamé la réalisation du tronçon relevant de son territoire, outre la mise à niveau du réseau ferroviaire et son parachèvement et la réalisation du câble maghrébin des télécommunications et de l'interconnexion électrique entre les pays de l'Union. La Bmice et le financement des projets mixtes M. Ghannouchi a affirmé que la mise en place de la Banque maghrébine d'investissement et de commerce extérieur (Bmice) constitue un mécanisme nécessaire pour le financement des projets mixtes, la facilitation du transfert des capitaux et le développement des échanges commerciaux, exprimant la volonté de voir l'activité de cette banque démarrer dans les plus brefs délais. Ce forum, a-t-il avancé, constitue une opportunité pour développer les relations de coopération et de partenariat dans des secteurs vitaux à l'instar des énergies renouvelables, des industries pharmaceutiques, des technologies de l'information et de la communication (TIC) ainsi que dans le domaine de la recherche scientifique et de l'innovation technologique. Le Premier ministre a appelé à la nécessité d'approfondir l'étude pour la création d'un fonds maghrébin mixte destiné à participer aux capitaux des projets innovants et à valoriser les brevets. Il a aussi recommandé d'assurer le suivi de la création d'un label économique maghrébin devant être accordé aux produits de sociétés mixtes , outre l'adoption de règles d'origine pour les pays maghrébins et la création d'une banque de données maghrébine pour la collecte des statistiques, des données économiques et des risques de change sur le plan maghrébin. Il s'agit de faciliter les opérations de transfert de devises directement entre les pays de la régions sans avoir recours aux devises étrangères.