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L'art du quiproquo et du mensonge
Livres : Réflexion sur le livre Ma Vérité (entretien avec Leïla Ben Ali)
Publié dans La Presse de Tunisie le 31 - 07 - 2012

Le titre est d'une telle prétention que ça laisse tout de suite augurer du contenu. D'accord, tout délinquant a le droit d'avoir un avocat, voire de se défendre lui-même.
Mais dans le cas particulier, ce n'est pas par le biais d'un livre qu'elle devrait se défendre, mais bien plutôt directement face au peuple qu'elle a si longtemps méprisé. A la limite face aux juges !
Mais, comme tout le monde le sait, elle ne brille pas par le courage et elle a choisi un exil doré au lieu d'affronter la justice.
Que dire de ses propos. Elle pratique à merveille l'art du quiproquo et du mensonge. Tout ça avec un aplomb total. Tout dans ce livre n'est que contradictions tant qu'il s'agit d'elle. Elle est obsédée par le besoin évident de donner d'elle une image de vénérable épouse du président et surtout de se faire pardonner.
Et elle sait très bien trouver des arguments convaincants quand elle parle de son rôle de mère par exemple. J'aurais pu la croire, mais ce qui me gêne le plus, c'est cette façon de minimiser son rôle et celui du président Ben Ali dans le lent processus de dégradation de la Tunisie qui a abouti à la révolution du peuple.
A l'en croire, ils sont innocents; ils n'ont jamais ni volé ni pillé les biens appartenant au peuple. Ni jamais placé des millions à l'étranger. Elle est fine mouche quand elle avance une once de vérité pour dissimuler des kilos de mensonges. Par exemple, elle se plaît à rappeler qu'elle et son mari n'ont aucun avoir en France (ce qui est vrai ), mais elle se garde bien de parler des centaines de millions déposés en Suisse et ailleurs.
Elle se tait beaucoup trop (elle si bavarde) sur son véritable comportement autoritaire et despotique au temps de sa splendeur. Mais la médaille a toujours son revers. Dommage qu'elle nous en fasse voir les aspects sous l'éclairage de la rancœur et de la frustration seulement. Car, il faut le dire, il y a dans ce livre des vérités terribles, des révélations inattendues qui donnent à réfléchir.
Elle a côtoyé bon nombre de personnalités politiques importantes et son sens aigu de l'analyse est assez remarquable (il est édifiant d'apprendre que les petits garçons du Maroc ne suffisaient pas à Frédéric Mitterrand et qu'il avait des vues précises sur les petits Tunisiens quand il demande et obtient à la fois la nationalité tunisienne et les passeports dont il avait besoin, ce que Ben Ali lui octroie généreusement).
En cela, ces entretiens sont remarquables, s'agissant de faits étrangers à la personnalité directe de Leïla Trabelsi.
C'est un véritable paradoxe de dire que ce livre est un véritable danger quand il dit la vérité. Car des vérités, il y en a tout plein, mais ces vérités-là ne sont pas toutes bonnes à dire. Elles seraient surtout dérangeantes pour l'actuel pouvoir.
Nul n'est parfait, bien sûr, mais même le bon peuple de Tunisie (qui a tant donné déjà) se rend compte qu'on est en train de lui voler sa révolte.
Très intéressantes aussi ces analyses des rapports de la France (par ex.) et de la Tunisie au temps de Ben Ali. La versatilité des gens au pouvoir n'a pas de limites.
De Soha Arafat à Bernadette Chirac en passant par Carla Bruni ou Michèle Alliot-Marie, Leïla Trabelsi brosse des portraits sans doute très vrais car elle n'a, à l'évidence, aucune raison de mentir les concernant.
Je ne peux ni ne veux m'immiscer dans les affaires internes de ce pays, qui est si cher à mon cœur, c'est pourquoi je ne commenterai pas toute la dernière partie du livre qui me semble être davantage un règlement de comptes vengeur qu'une analyse objective.
En définitive, je retiendrai de ces entretiens un désir démesuré, une tentative maladroite et souvent hypocrite de Leïla Trabelsi de se faire aimer, à retardement, et de se justifier a posteriori. Le plus simple aurait dû être de ne pas avoir à le faire grâce à une conduite exemplaire lorsqu'elle était au pouvoir.
Pour elle, hélas, l'enfer n'a jamais été pavé de bonnes intentions. Je remarque aussi avec tristesse qu'il faut attendre la toute fin du livre, pour qu'elle se rappelle qu'elle est musulmane. Dommage qu'elle se le rappelle opportunément en Arabie Saoudite, la patrie du Prophète. Allah est grand, d'accord, mais il ne faut pas abuser de Sa clémence.
Alain Reymond


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