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Pour un hommage à la hauteur de son talent
Centenaire d'Ali Riahi — 1912-2012
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 07 - 2012

Ali Riahi, né en 1912, compte parmi les piliers de la musique tunisienne du XXe siècle. Chanteur, compositeur et parolier, il a participé avec les grands musiciens de sa génération à édifier une chanson qui porte les caractéristiques essentielles du patrimoine local bédouin et citadin.
La reconnaissance de son génie créateur et son rayonnement en Tunisie et ailleurs n'ont pas suffi à lui consacrer un ouvrage biographique. En effet, pour se renseigner sur sa vie et sur 35 ans de carrière artistique, on se contente de quelques interviews au magazine de la RTT en 1959 et de quelques émissions radiophoniques dans les années 60 et les impressions des paroliers et poètes comme Mahmoud Bourguiba et Ahmed Kheireddine.
Ali Riahi, né le 27 mars 1912, a étudié à la Medersa d'El Khaldounia et celle de Kheireddine, puis poursuivra ses études secondaires jusqu'à la 1ère partie du bac (6e année).
On suppose qu'il a interrompu ses études en 1930.
Il a eu Pierre Boucherle comme professeur de dessin (Boucherle est le fondateur de l'Ecole de Tunis). Peintre néo-cubiste, il décernait la note maximale pour le jeune Ali, doué en dessin d'observation et coloriste de talent. Il fallait faire un choix entre la musique et les arts plastiques, l'amour pour la musique l'emporta.
Nous sommes dans les années 20, à La Marsa, il se trouve providentiellement, que Sidi Ali était voisin de l'illustre théologue Mohamed El Fadhel Ben Achour qui lui a offert un phonographe et quelques disques des vedettes de l'époque. Cela a été capital pour déterminer les futurs choix artistiques de notre artiste.
La première œuvre chantée en public, d'après une interview de l'artiste au magazine de la RTT en 1959, était un dawr composé par Daoud Hosni : Al hob serrou hayati (l'amour, secret de ma vie), on sait que pour perçer et réussir, il faut montrer ses capacités vocales à travers les œuvres classiques: dawr et mouachah, comme le fit Oulaya d'ailleurs en 1971, qui a emballé le public égyptien et les connaisseurs par un dawr d'Aboulila M'hammed: Ya taliaa assaâd.
Ali Riahi, à ses débuts, chantait pour ses proches amis les chansons de Mounira Mahdia, Oum Kalthoum, Saïed Essafti, Nedra, Mohammed Abdelawahab (particulièrement les chansons écrites par Ahmed Chaouki).
Le rêve de Sidi Ali depuis son enfance était de chanter pour le public ; cette occasion lui fut offerte en 1937 au Palais des associations (M.C. Ibn-Rachiq), ce fut un échec. Salah Mahdi explique (dans une interview à La Presse le 8 octobre 2002): «Les gens n'étaient pas habitués à voir un homme debout sur scène, chantant. Avant, on jouait d'un instrument, soit le luth soit le tar, on était assis et on chantait...»
Ali Riahi poursuivra sa lutte pour briser les tabous et récidiva en 1938 et comment! Avec un orchestre de rêve composé de Ali Sriti, Hédi Jouini, Brahim Salah, le légendaire cithariste, et Mohamed Triki (violon).Cependant, Hédi Jouini l'a conseillé de chercher un autre boulot. Bref, ce fut un nouveau départ dans la carrière de Sidi Ali.
En 1938, la Radio tunisienne voit le jour sous la direction de Othmane Kaâk qui a conseillé Ali Riahi de composer dans les modes tunisiens s'il veut passer à la radio; déçu, mais compréhensif, il va remettre en question sa conception de la création et décida d'aller étudier les «touboô» tunisiens chez Abdelaziz Jemaïel, un des maîtres du malouf à la rue Sidi M'Farrej qui débouche sur la place Romdhane Bey. Ali Riahi a assimilé les modes et rythmes tunisiens. Chez Jemaïel, il a côtoyé aussi Mohammed Badra, Mohamed Abdelaziz Agrebi, Laroussi Saïd, Mustapha Bouchoucha pour dire que cette «khaloua» de Jemaïel était un club littéraire et artistique.
Ali Riahi commença à se réinventer, en composant des chansons dans lesquelles il associa les modes égyptiens aux «touboô» tunisiens. Ali Riahi — qui a vécu dans une famille dont ses oncles Sadok et Hédi étaient des mélomanes, il les écoutait chanter les dawrs et mouachahs orientaux qui s'imprégnèrent dans son inconscient — ne pouvait se passer radicalement de sa passion pour la musique orientale, il inventa une nouvelle tendance ou école puisqu'une pléiade de musiciens des plus prestigieux ont résolu la problématique de l'authenticité par la solution qu'emprunta Ali Riahi. En effet, Khémaïes Ternane, Mohamed Triki, Sadok Thraya, Salah Mahdi, Mohamed Jammoussi, Ridha Kalaï, Kaddour Srarfi, Chedly Anouar, Hammadi Ben Othmane, A.S'habou, etc., tous ont puisé plus ou moins dans les modes orientaux et ont concilié les musiques et les rythmes avec notre patrimoine local.
Ali Riahi ne s'est pas contenté des rythmes tunisiens ou orientaux dans sa carrière de compositeur, il a imprégné ses œuvres de rythmes occidentaux : le rythme de la samba dans laquelle il a intégré le salhi : «Essahra wel ghezlane», le rythme du mambo dans la célèbre chanson : «El hob sandouk aâjab», le flamenco dans «Kaletli kelma ou aâoudet'ha», la valse : dans le deuxième couplet de «Ya chaghla bali».
Les grandes œuvres de Sidi Ali ne sont pas nécessairement la douzaine de chansons qu'on diffuse à la Radio nationale et les autres chaînes, mais des œuvres quasi inconnues comme le qassid «Younajiki qalbi fiddouja...» de Mahmoud Bourguiba, «Kelmet ah», «Kalouli illi lamou anni». Dans cette dernière chanson, on peut mesurer le talent de Sidi Ali, son extrême sensibilité et son savoir-faire dans le tarab oriental à travers le mawel. D'autres chefs-d'œuvre inconnus ou presque, «Asfour yghanni», «Y'fik el hob», «Ifrahou, rahibou,...».
Dans sa chanson «Ma tfakarchi fil ahzan» qui passe quotidiennement sur plusieurs chaînes de radio, on peut dire qu'à travers cette œuvre Ali Riahi, l'autodidacte, a donné une leçon dans la recherche en matière de musique, dans la construction de cette chanson, chaque couplet est composé dans un mode, il passe du houzam au nahawend, puis au saba avec une aisance et un métier de grand maître, cette chanson avec d'autres, comme «Ya farhat eddonia», qui paraissent simples, ont été composées il y a plus de 50 ans.
Sidi Ali a composé plus de 500 chansons, rares sont celles qu'il a offertes à ses collègues chanteurs. Des plus réussies, on peut rappeler : «Illi ma yaârafchi'l hob» qu'a interprétée Youssef Temimi et «Ma habbitech» interprétée par Hassiba Rochdi aux Etats-Unis en 1948, avec un grand orchestre symphonique. Ali Riahi a chanté pour l'Algérie et la Tunisie avant et après l'indépendance des deux pays. Il a œuvré pour une chanson authentique et originale : en écoutant les premières notes musicales dans une quelconque chanson de Sidi Ali, on s'apercevra qu'il s'agit de lui.
Ali Riahi a enregistré ses chansons dans plusieurs maisons de disques tels Pathé Marconi, Decca, Pacific. En Tunisie, la société Ennagham lui a enregistré un bon nombre de ses meilleures chansons. Il a rencontré Abdelwahab qui lui a exprimé son enchantement par ce qu'il a eu l'occasion d'écouter à Paris à travers les enregistrements qu'il a appréciés énormément.
En Tunisie, plusieurs chanteurs ont interprété ses œuvres : Fathia Khaïri «Htart ach nehdilec», Adnane Chaouachi a interprété magistralement à l'amphithéâtre de Carthage : «El hob wel fen», Zine Al Haddad a chanté «El aâlem yedhhak» alors que Bouchnaq a donné une autre dimension à la célèbre chanson : «Ya chaghla bali», n'oublions pas Noureddine Béji dans «Fihchi faïda» et «Y'aâechka ou yahmiha» ce sont là à notre avis les interprètes qui auraient satisfait Sidi Ali qui était trop exigeant et ne faisait pas trop confiance à autrui pour interpréter ses chansons.
Ali Riahi a visité les pays du Maghreb et a surtout visité l'Egypte à la fin des années 50 et lors du millénaire du Caire en 1969. Farid Al Atrach compte parmi ses amis et est un admirateur de son œuvre. On peut sentir des affinités entre les deux grands artistes, la première chanson composée par Sidi Ali «Fi dhaou el koumaïra» nous rappelle un peu l'âme de Farid Al Atrach (1937).
Certains prétendent que notre artiste n'était pas populaire et célèbre avant sa mort, c'est un jugement gratuit et sans fondement, Ali Riahi était présent et apprécié par le public. Il a travaillé avec Kaddour Srarfi et Ridha Kalaï. A Medjez El Bab, Testour et ailleurs on invitait Ali Riahi, Ismaïl Hattab et Salah Khemissi pour les fêtes de mariage ou autres...
Pour finir, espérons que les jeunes puiseront dans le riche répertoire d'Ali Riahi, cet artiste qui, bien qu'il soit autodidacte, a pu réaliser des œuvres qui n'obéissent pas nécessairement aux normes, une musique chargée de sensibilité et d'imprévus dans sa construction. Fethi Zghonda, probablement le seul académicien à avoir étudié l'œuvre d'Ali Riahi, n'est pas programmé dans la manifestation du centenaire. Nous le prions de publier son étude sur Sidi Ali qu'il considère le n°2 après Khemaies Tarnane comme compositeur.


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