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Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 07 - 2012


Par Yassine ESSID
Visiblement mécontent et choqué face à l'accumulation des ordures ménagères qui n'ont pas été collectées pendant des jours à la cité Ezzouhour et pressé par les journalistes de s'exprimer, le Premier ministre s'est fendu d'une de ces déclarations, troublante et subtile à la fois, volontairement absurde et surréaliste dont lui seul possède le secret, en interpellant successivement et dans leur ordre de précellence, les principales tutelles subitement envolées malgré l'urgence et l'acuité de la situation. Après avoir, en préambule, écarté toute idée de complot, il s'est exclamé: «Mais où sont passées les municipalités? Où sont les autorités ? Où sont les gouverneurs ? Où est le gouvernement ?» Il y a là incontestablement un beau sujet à méditer sur le déni de soi. Mais n'anticipons pas. Reprenons, pour commencer, ses propos dans l'ordre. Habile communicant, M. Jebali commence par infirmer l'idée d'une conspiration secrète derrière l'accumulation des détritus ; un artifice rhétorique lui permet en effet de rejeter l'hypothèse du complot sans l'exclure pour autant, de l'écarter tout en le supposant, de l'appuyer davantage tout en le réfutant. Ce bref écho, astucieusement inoculé dans nos esprits, est une façon de dire aussi: ne soyons pas paranoïaques, n'accusons personne à tort, soyons justes et réalistes et, si défaillances il y a eu et s'il faut donc demander des comptes, n'hésitons pas à les dénoncer et sévir. Tout le monde y passe : élus, autorités administratives jusqu'au gouvernement en oubliant au passage, s'agissant de ce dernier, qu'il en était le chef. Manquant notamment de préciser aussi que les ministres, secrétaires d'Etat, fonctionnaires ainsi que tous les prestataires de services publics, sont placés sous l'autorité du Premier ministre qui décide et entreprend les actions nécessaires à la conduite des affaires de l'Etat. En arriver à oublier qu'on est la puissance publique tout autant que le garant du bon fonctionnement des services publics autorise trois types d'interprétations.
Un premier degré de lecture, tout à fait réaliste, serait de dire qu'effectivement le chef du gouvernement, censé faire face aux défis de l'heure, reconnaît là son échec, avoue en toute transparence son incapacité à prévenir les crises, admet son inaptitude à faire respecter la loi, ne cherche pas à nier qu'il a bien manqué à ses devoirs dans presque tous les domaines. Bref qu'il n'est pas là où il devrait être et agir. Car, en effet, le gouvernement est introuvable dans les situations circonstancielles: crise des ordures et les incinérations à ciel ouvert qui rendent aujourd'hui l'air de nos villes si nauséabond, fréquentes coupures de distribution d'eau potable touchant plusieurs régions, paralysie des conseils de communes qui sont soit démissionnaires, soit dans une situation d'illégitimité, envahissement des centres villes par les étalages sauvages et bien d'autres lieux où règne le non-droit. Le gouvernement s'est fait rare aussi par rapport à des problèmes plus structurels, tels ceux qui minent l'emploi et la croissance, creusent le déficit public, accentuent les inégalités de revenus, augmentent l'injustice fiscale, accroissent la corruption qui touche l'ensemble des secteurs économiques et sociaux et portent atteinte à l'environnement, à la santé publique, à l'éducation, à la justice et finiront à ce rythme par affaiblir la démocratie. Ici ou là le gouvernement manque bien à l'appel.
Un deuxième degré de lecture met les propos de H. Jebali en rapport cette fois avec son activité particulière. Trop investi dans sa fonction, pris par le rythme immodéré du quotidien, poursuivant une guerre acharnée contre le temps, les autres et lui-même, il n'a plus le loisir de s'interroger sur les enjeux véritables. Réalisant alors, comme une évidence, qu'il est en train de se laisser happer par les dossiers, les polémiques, l'incompétence de ses collaborateurs et toutes les entraves qui l'empêchent ainsi que le pays d'avancer, il a ressenti l'urgence de prendre de la distance en développant une stratégie alternative lui permettant de redéfinir ses priorités. La principale étant de prendre du recul, faire un pas de côté, se détacher d'une fonction qui ne lui procure qu'un pouvoir illusoire, qu'une autorité vaine et l'éloigne de l'essentiel. Il décide alors de l'occulter et de la nier ; seule manière pour lui d'arriver à voir les choses selon une autre vision, à partir d'un autre angle. Bref de traverser le chemin pour aller de l'autre côté en compagnie de ceux qui subissent pour analyser ce qui va, ce qui ne va pas, avoir un regard serein sur ce que les autres vivent et endurent.
La troisième et dernière lecture est cette fois d'ordre existentiel: savoir qui on est et ce qu'on est. Un mal lancinant dont nous souffrons tous à des degrés divers mais qui devient redoutable lorsqu'il atteint les hommes politiques. Chef de gouvernement, H. Jebali vit alors le syndrome des personnalités multiples, à la fois complémentaires et opposées, qui coexistent et vivent à tour de rôle, ou même simultanément, une vie totalement différente. D'un côté, une personnalité première, réelle, qui rêvait tant d'un modèle islamique à portée de main et, de l'autre, une personnalité secondaire qui supporte de moins en moins le fonctionnement, les comportements, les désordres, les déboires, les tiraillements, les interférences et les frustrations de la vie politique, avec sa cacophonie, ses dirigeants encombrants, ses élus incompétents, son manque de discipline et par-dessus tout un statut de Primus inter pares mal assumé duquel il cherche à fuir en déclarant introuvable ce qu'il a de la peine à diriger. Appel est donc lancé aux hommes de bonne volonté pour réunir témoignages et indices et partir en quête du gouvernement disparu, car chaque jour qui passe réduit les chances de le retrouver.


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