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La tentation du pouvoir
Post-scriptum
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 08 - 2012


Par Yassine ESSID
Chez les peuples premiers, où l'organisation et l'autorité politique ne sont pas choses inconnues, les questions politiques se règlent par les chefs de familles qui se réunissent en des palabres interminables et informelles pour s'accorder sur la conduite à tenir. Il existe bien un grand chef, auquel on s'en remet en dernier recours, mais son autorité, il la doit uniquement à sa générosité, régalant les pauvres, faisant constamment des présents aux vieillards, donnant ainsi des gages de désintéressement. De même, dans les cités hellénistiques, était reconnu comme un notable celui qui était personnellement riche, cultivé et qui considérait la fonction publique comme un honneur et un privilège ; comme sa chose propre et qui payait grassement le prix pour cela. Il puisait ainsi dans sa propre bourse pour la réfection des remparts, ou pour ériger une statue avec pour seule récompense le plaisir de donner et pour que la fonction politique puisse être considérée comme un honneur et une dignité. Le successeur de K. Ennabli à la tête de la BCT est, à sa façon, l'un de ces notables de la politique, menant jusque-là une vie paisible et sans problèmes, en attendant que se dissipent les souvenirs de ses accointances passées et les complaisances honteuses qu'il considère comme des errements sur lesquels la mémoire n'oserait s'attarder. Pourtant, malgré une longue carrière universitaire et politique, malgré la relative aisance matérielle, malgré une vie bien remplie, accomplie au gré de ses désirs et de ses ambitions, voilà qu'à 79 ans ça le frappe à nouveau, en pleine visage, comme si ça ne lui était jamais arrivé de lâcher le pouvoir et ses déboires. Mais comme on ne s'y résigne jamais, il n'arrivait plus à prendre le temps, et la solitude lui pesait. Depuis la chute du régime, il s'est trouvé frustré, s'estimait lésé, tel un footballeur cirant le banc de touche, regrettait de ne pas avoir été aligné dans les équipes rentrantes de Ghannouchi et d'Essebssi, mourait d'ennui à force d'être assis pendant que les autres courent, rageant à force de voir ses potes jouer et ne pas avoir accès au terrain. De longs mois sont passés, vécus comme une insupportable injustice. Car, à sa manière, il entendait lui aussi œuvrer au redressement de son pays, contribuer à faire aboutir la démocratie, réaliser les objectifs de la révolution, agir, non pas en transfuge inconstant, mais en patriote sincère, et ne renonça jamais à l'espoir qu'un jour une responsabilité lui serait confiée, que la nation réclamerait ses services et lui offrirait une fonction politique qu'il pense mériter de droit. Alors, lorsque l'occasion s'était présentée, avec quelle avidité, avec quel sentiment de revanche il s'était rué sur le poste, tel un ex-accro qui, en un moment de vacillement, aurait oublié toutes les règles de la décence, négligé toute retenue et trahi tous les serments et toutes les résolutions qu'il s'était faits de rester sobre. Lui aussi se voyait gouverneur de la Banque centrale, un poste qu'il avait tant convoité et qu'il a fini par obtenir. Et c'est uniquement par son ambition et son acharnement pour le pouvoir que ses intercesseurs l'ont jeté dans cette galère, en le persuadant qu'il est la personne qu'il faut. Sauf que, cette dignité reconquise, il la paya chèrement, non pas de sa poche, comme c'était le cas pour l'évergète grec, mais de sa personne. Jamais une audition de confirmation n'aurait valu à son postulant tant de misères. Jamais un candidat ne s'est retrouvé autant stigmatisé, insulté, accusé, vilipendé sur la place publique. Jamais un aspirant à une telle fonction n'a été traité de façon si humiliante et si insolente par des détracteurs sans pudeur ni retenue qui se sont arrogés le titre de défenseurs des lois et des décrets du peuple. Une véritable descente aux enfers, digne de pitié, qui finira par un gros et pathétique mea culpa.
Après l'épreuve initiatique de l'ANC, qui ressemblait plus à une séance de brimades et de défoulement collectif, qu'à une audition capable d'éclairer les différents enjeux économiques et financiers pour les élus afin qu'ils choisissent le candidat en connaissance de cause, viendra pour Ch. Ayari le moment de l'intégration au groupe. Car avant d'entreprendre quoi que ce soit, il convient de se familiariser avec le personnel politique que son prédécesseur s'était aliéné par sa fermeté, ses manières parfois hautaines et son manque d'entregent politique. Je veux parler des membres du gouvernement, désormais ses collègues, avec lesquels il va devoir collaborer et quelquefois humblement rendre des comptes. Relevons ici quelques portraits de cette galerie, dressée de personnages illustres et de célébrités, qui rivalisent de déclarations aussi surprenantes et scandaleuses les unes que les autres. A l'exemple du gendrissime et ministre des Affaires étrangères, vous apprendrez, Monsieur le Gouverneur, à goûter l'humour d'un de vos éminents collègues pour qui «le tourisme est une forme de prostitution clandestine...». Vous apprécierez tout autant la compagnie du ministre de la Culture, un libéral contrarié qui, au lendemain du saccage de la galerie d'art de la Marsa par les extrémistes, a préféré porter plainte contre les organisateurs de l'exposition plutôt que condamner l'agression. Courtois comme vous l'êtes d'habitude, vous vous amuserez de la profondeur d'esprit du ministre des Affaires religieuses qui a décrété que les locaux du parti du mouvement Ennahdha sont des sanctuaires purifiés et leur violation un sacrilège. Quant aux déclarations du Conseiller politique du Premier ministre, ses propos futurs ne vous choqueront sans doute plus, lui qui avait assimilé votre nomination à une ingestion de poison. Vous voilà en charmante compagnie, obligé au nom de la solidarité ministérielle d'être en accord avec la politique gouvernementale, forcé d'obtempérer sans trop d'illusions sur l'indépendance, si souvent réclamée, de la Banque centrale ; un leurre qui n'a pas beaucoup servi à votre prédécesseur. Le pire dans tout cela est que vous avez juré maintes fois, comme tant d'autres avant vous, «c'est la dernière fois, on ne m'y reprendra plus». Ça vous a pourtant repris. En dépit de tout ce qui vous séparait des islamistes, vous avez été incapable de repousser stoïquement l'appel des sirènes. Car, dans l'angoisse de cette fin de vie, vous savez qu'une chose, une seule, s'avérerait plus tragique que la mort, et ce serait que l'exercice du pouvoir ne se présente plus.


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