Inquiets de l'image dégradée des footballeurs et de ses conséquences économiques, les présidents de clubs de Ligue 1 vont imposer à leurs joueurs une discipline plus stricte. Un exemple à suivre pour nos clubs et nos footballeurs. A la veille de l'ouverture du championnat, les présidents de clubs de L1 sont inquiets. Selon un chiffre officieux qui circule parmi les dirigeants, les stades ont accusé, la saison dernière, dans un contexte de crise économique, une baisse de fréquentation moyenne d'environ 15%. Et, même s'ils n'ont pas atteint le même degré de gravité qu'à Knysna, lors de la Coupe du monde 2010, les écarts de conduite de Samir Nasri, Jérémy Ménez, Hatem Ben Arfa et Yann M'vila lors de l'Euro en Ukraine ont à nouveau écorné l'image de l'équipe de France, la vitrine du football hexagonal. Selon un sondage récent et confidentiel commandé par l'UCPF, le syndicat des clubs professionnels, à l'institut IFOP, 70% des individus interrogés perçoivent les joueurs de foot comme trop «arrogants». Il ressort aussi de cette enquête d'opinion que si le football reste le sport n°1, le rugby et le tennis gagnent sérieusement du terrain. Les présidents des clubs de L1 semblent donc décidés à faire la chasse à l'image de «sales gosses» trop gâtés et coupés du public qui s'attacherait à leurs joueurs. «Quand je joue au poker, je ne dis pas : “ta gueule, sale con", réagit Michel Seydoux, le président de Lille. Il est possible d'être un joueur de foot et d'être bien élevé. Mes joueurs disent bonjour, sourient, saluent le public et c'est essentiel. Le spectateur n'est pas acquis. Nous sommes en concurrence avec d'autres spectacles. Quand un cinéma est mal fréquenté, on n'y va pas. Pour le foot, c'est pareil, il faut être nickel». Couvre-feu et enquêtes de moralité Excédé par l'attitude de certains de ses joueurs, le club de Rennes a mis en place un code de bonne conduite. Il impose un couvre-feu à 22h00 dans les trois jours précédant les matches. En clair, fini les sorties en boîte de nuit. Une tenue correcte est exigée et le bling-bling des accessoires de luxe, à la mode chez les joueurs, proscrit. En cas de non-respect de ces règles, le fautif se verra supprimer 20% de ses primes. «Pratiquement tous les clubs ont mis en place ce genre de règlement, explique Jean-Pierre Louvel, le président du Havre et de l'UCPF. Les joueurs ont des devoirs comme l'exemplarité et l'éthique. Ce qui s'est passé à l'Euro prouve que le malade n'est pas guéri. Il faut assainir le football parce que l'impact de ces comportements fait très mal à notre image et à notre économie». Les cellules de recrutement n'hésitent plus à réaliser des enquêtes de moralité sur les joueurs et prennent en compte leur vie privée et leur état d'esprit avant de les engager. Dans les centres de formation aussi, l'accent est mis sur l'éducation. «On a les joueurs qu'on mérite, estime Louvel. Après la Coupe du monde 1998, quelque chose n'a pas marché, on s'est trompés. Il faut reprendre le problème à la base». Le président du Havre a ainsi lancé un plan d'éducation civique pour que ses jeunes joueurs «sortent de leur bulle». Cette saison, les instances ne relâcheront pas non plus la pression. La commission de discipline de la Ligue et le conseil de l'éthique de la FFF suivront une ligne de sévérité. «Beaucoup de bien-pensants donnent des leçons, mais des écarts peuvent se produire et vous pouvez pondre toutes les chartes du monde, cela n'y changera rien, estime néanmoins Alexandre Lacombe, le président de Sochaux, membre du comité exécutif de la FFF. Il y a probablement eu trop d'excès, mais on les sanctionne. A Sochaux, j'ai serré la vis il y a trois ans. Mais j'ai récemment parlé avec des internationaux (Lloris, Diarra et Carrasso concernant les primes des Bleus) et je n'ai pas eu affaire à des voyous ou des écervelés». D'après L'Equipe