Le cycle 2010 du «Soufiane Show» a pris fin. Finale à diffuser bientôt. Peu importe que des médias y étaient et d'autres pas. Simple point de détail, passons. En revanche, des contestations s'élèvent. Les parents d'un des finalistes se plaignent de «faveurs accordées à l'autre concurrent». Honnêtement, on n'en sait rien. Et l'on ne veut rien en savoir tant que tout le monde a, au préalable, accepté le principe même du «jeu». On peut seulement réitérer un avis : c'est que ces compétitions de chants entre adolescents d'abord (Star Academy), puis maintenant entre enfants, présentent certains risques, sinon des risques certains. Qui de l'image ou du chant? Premier risque : le choc du succès ou de l'échec. A ces bas âges, qui plus est avec l'exposition de la télévision, on en sort avec des séquelles. Pourquoi dès lors pointer du doigt les producteurs, alors qu'a priori, c'était la responsabilité seule des parents. A dire vrai, il n'y a pas que l'empressement des producteurs, il y a la hâte des géniteurs qui «cristallisent», qui «transfèrent», qui «compensent» leurs propres «manques» en talent sur la popularité précoce de leurs enfants. Second risque : la logique même de l'émission. Pas d'illusion à se faire : ce sont des émissions fondées sur l'audience, donc sur la rentabilité publicitaire, donc sur le strict gain. Entendre surtout par là que s'il advenait que deux intérêts se confrontant : celui des producteurs et celui des tout jeunes candidats, il n'y aurait pas photo. Incontestablement. Les parents «plaignants» ont parlé «d'interférence du staff artistique». Ingénuité: et comment donc s'imaginent-ils les choses. Ici on est en plein dans l'entreprise télévisuelle. Il y a de grosses recettes en jeu. Simple de comprendre, qu'au-delà des voix, au-delà des talents et de la différence des talents, il y a une image télé à construire, une atmosphère visuelle précise à entretenir, une représentation cathodique à confirmer dans l'imaginaire du téléspectateur. Ces données-là n'appartiennent entièrement à aucun jury musical au monde. Même à San Remo, même à Montréal et à Memphis, le jugement des musiciens doit céder devant celui des promoteurs de la télévision. Ultime risque; lié au précédent : que dès la fin du «temps imparti», tout le «chapiteau» change de cap, laissant gagnants et perdants à leurs illusions. On l'a vu pour la Star'Ac: des mois de casting, d'autres de répétitions et d'expositions, puis la séance finale, puis l'évacuation‑: le vide, l'abolition des rêves. De tout. Des adolescents assez rompus y ont laissé leur sérénité. Que dire plus tard quand on aura clos ce «jeu d'enfants»? Des retouches, au moins Des solutions? A la télé publique, il y en a sûrement. D'abord envisager la suppression pure et simple de la compétition. C'était le cas de l'émission culte (du modèle), L'école des fans de Jacques Martin. On faisait défiler les petits génies du chant et cela contentait tout le monde. Mieux‑: on en tirait les grands chanteurs de demain. Si la compétition est à ce point liée à l'audimat, il y a l'autre solution, celle du «Zechchino d'oro» (l'autre modèle) où l'on convoquait les plus grands jurys possibles (que des chanteurs de haut niveau, que des musiciens solistes d'exception) et on leur confiait (seuls!) la tâche d'en juger. Est-ce le cas du «show» qui nous intéresse? Pas sûr. Si, enfin, on ne peut garder que cette «formule-là», pourquoi ne pas faire accompagner les petits candidats par des pédagogues, des psychologues, des sociologues, etc. Des experts pour tout dire, aptes à ramener le poids de la balance vers le bon et juste milieu. C'est-à-dire ni entièrement dans «le sens des affaires», ni tout à fait dans le strict intérêt des participants. Chercher un équilibre‑: c'est tout.