Le secteur de l'enseignement passe, actuellement, par une crise. Les rapports entre le ministère et certaines parties intervenantes (dont la partie syndicale) sont très tendus. A la veille de la rentrée, cette situation n'arrange rien. Les risques à faire courir à nos enfants sont grands. Il est vrai que les revendications des uns et des autres peuvent être recevables. Mais il est vrai, aussi, que l'intérêt du pays doit primer et que personne n'a le droit d'imposer ses vues sans un compromis. Le dialogue et la concertation sont les seuls moyens pour éviter la confrontation. Celle-ci ne peut qu'envenimer les rapports et détériorer le climat qui était, jusque-là, relativement stable. Malgré des désaccords, des malentendus ou des décisions inappropriées, l'année scolaire 2011/2012 a été menée à son terme. Les couacs enregistrés aux examens du Bac, notamment avec la fuite du sujet de l'épreuve d'arabe, n'ont pu entamer la stabilité du secteur. Les différentes composantes étaient restées soudées. Les protestations après le concours des surveillants ont fait revenir à la surface quelques nouvelles tensions. Les explications données ont quelque peu rétabli l'ordre. Alors que l'on croyait que tout était fini, la décision de retenir le montant des trois jours de grève des instituteurs au mois de mai dernier a fait monter la tension de nouveau. Un bras de fer est donc à l'horizon. Une levée de boucliers des instituteurs sous la houlette de leur syndicat s'en est suivie. Le choix du mois d'août pour opérer cette retenue a été jugé malencontreux. Des menaces du syndicat de perturber la rentrée ont été brandies. De son côté, le ministère, arguant de son bon droit, a défendu sa position. Sans revenir sur sa décision, il a proposé d'étaler ces trois jours sur trois mois. Le syndicat ne l'entendait pas de cette oreille parce qu'il considère que le fait de toucher aux salaires n'a pas de raison d'être. La grève est un droit et, d'ailleurs, des accords ont été obtenus à la suite de ces débrayages des 16, 30 et 31 mai 2012. Apparemment, le dossier était clos. Cette mesure de priver les instituteurs d'une partie de leur salaire a été mal accueillie d'autant que les responsables syndicaux ont signalé que de tels prélèvements n'ont pas été appliqués pour des grévistes dans d'autres secteurs. Tous les diplômés veulent devenir enseignants ! Dans ce contexte, on peut s'interroger sur la complexité des problèmes qui surgissent jour après jour dans le secteur de l'enseignement. A chaque occasion, on voit une nouvelle crise. Tous les concours, par exemple, entraînent un mécontentement à la suite de la proclamation des résultats. Le ministère a beau se défendre en fournissant ses justifications, les intéressés ne veulent rien savoir. Le plus gros concours après celui du « Capes » va se dérouler prochainement pour recruter des instituteurs et des professeurs. Le ministère a annoncé l'ouverture de 1.400 places pour les maîtres principaux et 1.500 pour les professeurs. Mais déjà un grand nombre de candidats s'est proposé. On parle même de pas moins de 180.000 personnes qui se seraient inscrites depuis le 4 août courant. En même temps, des critiques sur les critères adoptés se font entendre. Que se passera-t-il alors lorsqu'on annoncera le nom des 2.900 admis à ce concours ? Les résultats seront-ils acceptés ou y aura-t-il, comme d'habitude, des contestations ? Ce qui est toujours étonnant dans les concours de recrutement dans le ministère de l'Education, c'est cet engouement pour ce métier. Il semble que, pour beaucoup, cette profession soit vue comme une profession reposante puisqu'il y a des vacances et de nombreux congés. Tout le monde veut devenir enseignant. Nombreux sont ceux qui ne savent pas qu'enseigner est, désormais, considéré comme un métier pénible. Il ne faut pas juger les apparences qui, comme chacun sait, sont trompeuses. De tels préjugés devraient être corrigés. Les recruteurs ont le droit de sensibiliser les diplômés et de les aider à comprendre que d'autres métiers leur sont offerts. Pour leur part, les demandeurs doivent admettre et accepter les clauses et les critères. Cela se fait partout dans le monde. Il ne serait pas logique d'accepter les règles du jeu puis mettre en doute ces mêmes règles. S'il y a des preuves de manipulations, les accusateurs doivent les fournir et ne plus lancer des attaques infondées. Les pratiques liées au « Capes » relèvent désormais du passé. Et même si la tentation de les remettre à l'ordre du jour n'est pas à écarter, il faut être vigilant. Dans le cas où une infraction est avérée, les auteurs doivent en subir les conséquences. Un recruteur est libre de fixer les critères qu'il veut et au demandeur de répondre à ces critères. Même si le pays est dans une phase difficile et que la question de l'emploi est une priorité, il n'est pas logique de brader certaines exigences de compétence et de qualité, notamment dans un domaine aussi délicat que l'enseignement. Les parties syndicales n'en disconviendraient pas, à coup sûr.