L'emploi est le principal cheval de bataille du gouvernement provisoire et sans doute de celui qui suivra. On parle de 500.000 demandeurs d'emploi. 140.000 seront recrutés dans la fonction publique via des concours, 50.000 autres profiteront d'une aide mensuelle de 200 dinars dans le cadre du programme « Amal », en attendant qu'ils soient casés au bout d'une année; 80 dinars seront octroyés aux personnes poursuivant une formation dans les centres professionnels. Concernant le secteur de l'enseignement, on parle de 15.000 postes d'enseignants destinés aux diplômés du supérieur au cours des prochains mois. Ce chiffre, qui semble difficile à atteindre, suppose la prise de mesures courageuses de la part du Ministère de l'Education, sans quoi les recrutements dans ce secteur demeureront modestes et sans effet sur l'absorption du chômage des diplômés supérieurs destinés à l'enseignement. Quelles mesures devraient être prises au préalable pour pouvoir recruter un tel nombre de nouveaux enseignants dans l'éducation ? Négociations Les négociations menées actuellement entre le bureau syndical de l'enseignement et le ministère de tutelle sont centrées sur l'étude des problèmes reliés aux différentes infrastructures des établissements scolaires, lesquels problèmes doivent être résolus pour permettre le recrutement de nouveaux enseignants. Le nombre d'établissements scolaires a certes augmenté d'une manière considérable, sans pour autant être suivi par un recrutement suffisant de nouveaux enseignants, sachant que le nombre d'heures de travail pour chaque enseignant n'a pas diminué et on continue à imposer à tous les enseignants des heures supplémentaires. Le 13ème rapport annuel de l'Institut national de la statistique (INS) sur les indicateurs d'infrastructure, publié en décembre 2010 fait ressortir que le secteur éducatif a profité d'une amélioration quantitative et qualitative importante durant ces dernières années. Selon le document de l'INS, le nombre de salles de classe de l'enseignement de base et secondaire a évolué pour atteindre 63 000, au cours de l'année scolaire 2009-2010, marquant une augmentation de 47%, par rapport à 1994-1995. Cependant, ces améliorations effectuées dans l'infrastructure demeurent trop insuffisantes pour pouvoir recruter de nouveaux enseignants, à moins que d'autres mesures pratiques seront bientôt prises par le ministère de tutelle pour assurer les 15.000 postes d'emplois aux diplômés du supérieur. Pour les syndicalistes, la réalisation de ce but est tributaire de la résolution de certains problèmes relatifs à la spécificité du métier d'enseignant, classé mondialement parmi les métiers pénibles, à savoir la retraite anticipée à 55 ans pour les enseignants ayant accompli au moins 30 ans de service, baisse du nombre d'heures de travail pour toutes les catégories, diminution des heures supplémentaires et enfin la limitation du nombre d'élèves à 25 pour chaque classe. De même, la révision du nombre d'heures assigné à certaines matières pourrait contribuer au recrutement de ces diplômés supérieurs, notamment dans les langues étrangères ou en philosophie. « A titre d'exemple, a fait constater un professeur, si l'on ajoute 1 heure de philosophie par semaine aux élèves de 3è année secondaire, cela fera 400 nouveaux professeurs de philo à l'échelle de la République ! » Promesses Il paraît que le ministère de l'Education a promis dans l'une des récentes réunions avec le syndicat que l'année 2011 verrait une augmentation exceptionnelle du nombre des recrutés dans le secteur de l'enseignement et qu'il se penche actuellement sur l'étude des moyens susceptibles d'aider à la réalisation de cet objectif. L'on se demande cependant si les candidats devraient passer le concours du CAPES qui malheureusement a l'air d'être conservé malgré toutes les amertumes que des milliers de candidats gardent encore de leurs expériences avec ce concours très sélectif qui fut l'objet de manœuvres trompeuses et mercantiles de la part d'anciens responsables sans scrupules. Les diplômés du supérieur sont devenus allergiques à ce concours qui n'est plus crédible à leurs yeux, quoiqu'on essaye de leur assurer que dans les prochains concours du CAPES la transparence sera garantie ! Mais une majorité écrasante des demandeurs d'emplois dans l'enseignement souhaitent la suppression claire et nette de ce concours qui a fait tant de victimes et qui demeure encore un cauchemar traumatisant pour des milliers de candidats.