Après des cycles de formation des observateurs bénévoles, qui se tiendront du 10 septembre au 10 octobre prochains, l'observation de l'administration de la justice commencera en octobre 2012 et se poursuivra jusqu'à la fin du mois de novembre 2013 La machine à réprimer les voix discordantes durant des décennies est toujours pointée du doigt. En effet, le rendement du système judicaire, malgré la brise de liberté qui a soufflé depuis la révolution, demeure toujours insatisfaisant pour plusieurs observateurs et protagonistes. Ainsi, si la volonté politique de réformer ce système, selon certains, n'est pas aussi ferme, il incombe à la société civile de se positionner en tant que force d'observation, de dénonciation, mais surtout de proposition. Dans ce cadre, l'ONG internationale Avocats sans Frontières (ASF), l'Ordre national des avocats tunisiens (Onat) et la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (Ltdh) ont présenté, hier, lors d'une conférence de presse, le Réseau d'observation de la justice tunisienne en transition (ROJ). «Ce réseau contribue à l'observation des procès, le recueil des informations, l'analyse des données, le partage des résultats avec d'autres acteurs, notamment les autorités publiques, et enfin il propose des recommandations pour la mise à niveau du système judiciaire conforme aux standards internationaux», explique Mme Solène Rougeaux, membre du comité exécutif du ROJ, représentant ASF. Ces missions d'observation seront menées par des observateurs bénévoles, formés dans le cadre de ce projet, qui assureront le suivi des procès. Des victimes et blessés de la révolution aux affaires portant sur la liberté d'expression en passant par le dossier des membres de l'ancien régime ou encore celui des minorités, plusieurs procès figurent sur la liste des priorités du ROJ. Sur un autre plan, plus informel et plus ponctuel, ces bénévoles répondront à d'éventuelles demandes des représentants de la société civile qui pourraient rapporter ce qu'ils rencontrent au fil des jours. « Le ROJ n'est pas une force de dénonciation, mais plutôt de veille pour que la justice tunisienne réponde aux standards internationaux», rappelle-t-elle. Après des cycles de formation des observateurs bénévoles, qui se tiendront du 10 septembre au 10 octobre prochains, l'observation de l'administration de la justice commencera en octobre 2012 et se poursuivra jusqu'à la fin du mois de novembre 2013. Ce projet est financé par l'Institut pour les relations étrangères (IFA) qui gère l'enveloppe allouée par le Bureau fédéral allemand des affaires étrangères et par Open Society Foundation. «Ces fonds sont octroyés à l'organisation internationale ASF et non pas à la Ltdh ou au Barreau», insiste M. Abdessatar Ben Moussa, président du ROJ et de la Ltdh. En d'autres termes, les opérateurs et les travaux de ce réseau échappent à tout agenda extérieur et tout calcul partisan. A cette occasion, M. Ben Moussa n'a cessé de rappeler que la justice est un pilier de l'Etat de droit. D'où, dans cette phase de transition, il est incontournable de perfectionner les dispositifs judiciaires pour mener à bien le processus démocratique. A cet égard, il n'a pas caché ses reproches aux mécanismes mis en place qui n'assurent pas une participation active de la société civile dans la justice transitionnelle. «La légitimité électorale n'est pas suffisante. La participation de la société civile est la clé de voûte de tout projet », martèle-t-il. Dans cette perspective, il invite toutes les associations, notamment celles des magistrats, à adhérer à ce réseau.