Le ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou, a appelé les parties intervenantes dans le processus de justice transitionnelle à s'employer à servir uniquement l'intérêt national loin de toute considération partisane et idéologique étriquée pour servir l'intérêt national. Le ministre qui s'exprimait, samedi, à Tunis, lors d'une journée portes-ouvertes avec les associations sur «le processus de la justice transitionnelle en Tunisie», a mis l'accent sur la nécessité de séparer le concept de la justice transitionnelle et la justice en période de transition, faisant remarquer que l'examen des dossiers au cours de cette période et avant même la promulgation de la loi relative à la justice transitionnelle ne permettra pas de vider le système de son contenu. Selon le coordinateur de la commission technique chargée de superviser le dialogue national sur la justice transitionnelle, l'objectif de cette rencontre est de permettre aux associations de défense des Droits de l'Homme de présenter leurs visions et suggestions sur le projet de loi relatif au processus de la justice transitionnelle. Plusieurs représentants des associations, présents à cette conférence, ont exprimé leur inquiétude quant à la lenteur du processus de la justice transitionnelle. «Le retard accusé dans la promulgation d'une loi relative à la justice transitionnelle videra probablement ce concept de son contenu», a indiqué le président de la Ligue tunisienne des droits et des libertés, Fathi Ghazouani. Le représentant d'Amnesty International, Zouhaïr Makhlouf, a, de son côté, accusé les trois gouvernements de la Tunisie post-révolutionnaire de «s'être joués de la justice transitionnelle», faisant allusion à la destruction des documents et des dossiers de certains corrompus pour leur permettre d'échapper à la justice. Le conférencier a appelé à la création de mécanismes indépendants et permanents garantissant le non-retour aux pratiques précédentes.