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Soucis de justice ou calculs politiques ?
Liste noire des journalistes
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 08 - 2012

La question de l'assainissement du secteur de l'information revient avec force à l'ordre du jour et avec elle, l'établissement et la publication de la liste noire des journalistes « corrompus ». Verra-t-elle le jour bientôt cette fameuse liste, objet de toutes les passions et toutes les appréhensions? Quels sont les critères pour l'établir et enfin qui est habilité à l'arrêter ?
Le ministre conseiller auprès du Premier ministre, M. Lotfi Zitoun a énoncé récemment les trois critères qui feraient l'unanimité, à savoir; ceux qui ont obtenu des avantages de l'Atce, ceux qui ont écrit des articles entre le 17 décembre et le 14 janvier pour condamner la révolution et soutenir le régime de Ben Ali, ceux qui ont fait des rapports sur leurs collègues ou sur la profession pour le compte du ministère de l'Intérieur, précisément pour la police politique.
Entre obéir à une revendication de la révolution, assainir le secteur ou encore utiliser cette liste comme un moyen de pression, les avis divergent et les accusations fusent. Une réunion entre le gouvernement et le syndicat des journalistes est prévue demain. Du coup, sommes-nous appelés à penser que malgré toute l'encre et la salive qui ont coulé, rien n'a encore été décidé. Y a-t-il des enjeux que nous ne connaissons pas, et comment va-t-on traiter ce dossier épineux pour ne pas dire explosif pour en tirer le maximum de profits politiques? Toute l'affaire est là.
Lotfi Zitoun : «Nous n'avons pas accédé aux archives de la police politique»
Acteur incontournable du dossier, M. Lotfi Zitoun joint par La Presse, précise que l'assainissement du secteur est une des revendications de la révolution doublée d'une revendication populaire. C'est également un des points fondamentaux du programme du gouvernement, chaque secteur étant appelé à s'auto-assainir. Mais le syndicat n'a pas avancé sur la question, malgré la constitution d'une commission chargée de réaliser des enquêtes et établir des listes, selon M. Zitoun. A ce jour, en effet, la liste du syndicat n'a pas été publiée.
Cette liste doit être authentifiée par des preuves irréfutables, des pièces administratives et des témoignages, et non pas soumise au bon vouloir du gouvernement, tient à faire savoir M.Zitoun. Il faut savoir, ajoute le ministre «que ces preuves remontent à la période d'avant le 14 janvier, les journalistes ne seront pas listés ou non selon leur loyauté envers nous à présent ». «Un exemple, argumente le ministre conseiller, les journalistes mounachidine» peut-on ajouter des noms, ou en supprimer d'autres selon qu'ils courtisent Ennahdha ou pas ? Impossible, évidemment.
Par ailleurs, le ministre condamne fermement les pratiques des journaux de caniveau qui ont été selon lui des détracteurs virulents jusqu'avant le 23 octobre et qui pour le moment «nous courtisent et dénigrent des personnalités politiques. Nous avons été pendant plus de 20 ans les victimes de ces pratiques. Nous voulons des médias libres, ajoute-t-il, qui décrivent la réalité telle quelle est. Qui ne jouent ni le rôle de l'opposition ni ne deviennent porte-parole du gouvernement».
Nous apprenons au fil de l'entretien que le chef du gouvernement suit de près ce dossier de l'assainissement du secteur de l'information. C'est une priorité pour si Hamadi, précise-t-il. Il est également prévu, nous apprend-on, qu'une demande officielle au ministre de l'Intérieur sera faite pour pouvoir accéder aux listes des journalistes qui ont traité avec la police politique. Mais à ce jour, «nous n'avons pas accédé aux archives de la police politique».
Dans toutes les révolutions et les transitions démocratiques, les archives de la police politique représentent une question épineuse (moôdhila), fait valoir M. Zitoun. Dans les dossiers, il y a les vies privées des gens que nous voulons protéger ainsi que les victimes de la police politique, le ministre de l'Intérieur est en train de traiter ce dossier avec le maximum de garanties et selon des critères spécifiques, en prenant soin de voir les expériences d'autres pays avant de trancher.
D'autres avis sont favorables à ce que ce dossier soit ouvert et traité dans le cadre de la justice transitionnelle. Tout cela est à l'ordre du jour avec les syndicats qui vont se réunir avec le chef du gouvernement, pour étudier les modalités et les critères de l'établissement des listes, assure M. Zitoun.
«Faire la différence entre une dictature et un gouvernement élu»
Le ministre conseiller a par ailleurs condamné le dernier communiqué du syndicat qui pose un problème de crédibilité, puisque selon lui, il faut faire preuve de plus de responsabilité, et ne pas mélanger entre la liberté d'expression et la lutte contre les dépassements, ni intervenir dans une affaire qui est aux mains de la justice. «C'est un comportement léger qui est à l'origine maintenant d'une crise au sein même du syndicat, et entre les journalistes».
En réaction aux accusations qui sont dirigées contre sa personne, M.Zitoun rassure qu'il ne compte pas intervenir dans les lignes éditoriales, «Nous savons comment procédait Abdelwahab Abdallah, et je comprends que les journalistes veuillent récupérer la confiance du peuple qu'ils ont perdue mais ils doivent faire la différence entre une dictature et un gouvernement élu démocratiquement par au moins la moitié du peuple, on va dire. Nous n'attendons ni ne voulons qu'ils deviennent les porte-voix du gouvernement, ce serait un échec de la révolution », alerte-t-il.
Pour ce qui est des nominations à la tête des médias publics, le ministre fait la différence entre les directeurs et les directeurs de la rédaction qui sont des postes administratifs selon lui, et le rédacteur en chef qui est responsable, lui, de la ligne éditoriale du journal. Si le rédacteur en chef peut être élu par les journalistes, le directeur de la rédaction peut être nommé par la direction. «Je tiens à dire et à rassurer que nous ne comptons pas intervenir dans le secteur. Et je demande aux journalistes honnêtes, qui sont majoritaires dans le secteur, de travailler avec honnêteté et aucune force ne nous fera faire marche arrière», lance-t-il en guise de conclusion
Néjiba Hamrouni : «Certains journalistes compromis avec l'ancien régime peuvent l'être avec l'actuel»
La très médiatisée présidente du syndicat des journalistes, Néjiba Hamrouni, nous éclaire sur la position du syndicat, et exprime sa crainte de voir le gouvernement exploiter cette liste noire comme un moyen de pression. Elle fait valoir que le syndicat est une structure professionnelle élue et seule habilitée à établir une liste de ce type. En précisant bien que certains journalistes qui ont été compromis avec l'ancien régime, peuvent également l'être avec l'actuel, et que pour sortir de cette impasse, il faudra créer une commission chargée d'arrêter les critères d'abord.
«Ainsi, dit-elle, il y a différents degrés de compromission, il y a des journalistes qui ont perçu de l'argent non pas uniquement de l'Atce mais de la présidence également, ont reçu des logements, des terrains, ils ont donc reçu de l'argent public. C'est l'affaire de la justice, dit-elle, une fois les preuves établies. D'autres journalistes ont joué le rôle de la police politique, et d'autres ont contribué par leurs articles et écrits et parfois leurs organes à asseoir la dictature et le régime».
Mais il se trouve que le syndicat est confronté à une faille juridique. Les avocats du syndicat ont fait valoir que les journalistes incriminés peuvent poursuivre leurs accusateurs pour diffamation, car il n'y a pas de preuves qui authentifient la culpabilité. Les articles ne sont pas des preuves juridiques puisque rien dans la loi ne condamne ce genre d'articles. Donc, pour ne pas être exposé aux poursuites, précise la présidente du syndicat, nous avons saisi le ministère de l'Intérieur pour nous communiquer la liste des journalistes qui ont collaboré avec la police politique, étant le seul habilité à produire ce document officiel pouvant constituer une preuve juridique.
«Le président Marzouki s'est plaint des journalistes qui ont servi Ben Ali et lui ont porté préjudice»
Néjiba Hamrouni a par ailleurs rencontré le président de la République qui s'est plaint lui-même des journalistes qui ont servi Ben Ali et lui ont porté personnellement préjudice. Le président a tenu à exprimer son soutien et toute sa solidarité dans la démarche pour l'établissement de la liste noire, fait-elle valoir, en ajoutant : «J'ai vu dans le bureau de l'ex-conseiller Ayoub Messaoudi des dossiers concernant l'implication des journalistes avec le palais et Abdelawaheb Abdallah, j'avais réclamé des copies mais le conseiller lui a répondu qu'il faudra consulter le conseiller juridique du palais, auparavant».
Le gouvernement par la voix du ministre conseiller, M. Zitoun, tient à publier la liste noire. Il est hors de question, dit-elle, le syndicat est la structure élue et habilitée à le faire mais nous demandons au gouvernement de nous prêter main-forte et de nous communiquer les documents. Et nous tenons en tant que syndicat à assainir le secteur.
Pour finir, Néjiba Hamrouni pense que le gouvernement se doit d'assainir dans le cadre de la justice transitionnelle tous les secteurs, celui des avocats, le secteur bancaire et tous les autres et non pas uniquement l'information.
Le ministère de l'Intérieur par la voix de son porte-parole, M. Lotfi Hidouri ,nous informe très officiellement qu'aucune missive ne leur est parvenue du gouvernement à ce sujet et qu'à ce jour, le ministère de l'Intérieur n'a fourni à aucune partie la fameuse liste des journalistes incriminés que le ministère conserve précieusement dans ses archives.
Ce dossier brûlant de la liste noire des personnalités compromises avec l'ancien régime, journalistes ou pas, est une pierre angulaire de la justice transitionnelle. Il faudra faire preuve en le traitant de beaucoup d'éthique et de sens de la justice en se soustrayant, idéalement, à tout calcul politique. Les vies des gens sont sur la balance, leurs noms, leurs réputations et celles de leurs familles. La coordination entre les différentes instances serait le meilleur moyen pour ne pas commettre d'injustices inacceptables après une révolution populaire comme celle vécue par la Tunisie. Si une liste noire n'est pas crédible, si elle n'est pas établie selon des critères rigoureux, elle fera tous les dégâts du monde sans atteindre ses objectifs qui consistent à tourner la page après l'avoir lue.


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