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«La gauche doit refuser d'être phagocytée dans une sorte d'auberge espagnole»
L'interview Salah Zghidi, intellectuel de gauche, au Temps :
Publié dans Le Temps le 24 - 07 - 2012

Intellectuel de Gauche qui avait connu les geôles sous Bourguiba, syndicaliste, militant des Droits de l'Homme, Salah Zghidi, est très susceptible et pointilleux en ce qui concerne le rôle et la place que doivent avoir les indépendants dans le débat politique, il donne ses appréciations au Temps de l'actualité nationale, le rapprochement entre Nida Tounès, le Parti Républicain et la Voie Démocratique et Sociale (VDS) plus connu sous le nom Al Massar, la situation de la gauche, les manœuvres du parti Nahdha pour mettre la main sur les rouages de l'Etat et accaparer l'information.
Son regard est loin d'être tendre, y compris vis-à-vis de ses anciens camarades.

Le Temps : que pensez-vous des tentatives de rapprochement entre le Parti Républicain, el Massar et Nida Tounès ?

Salah Zghidi : Avant de répondre à vos questions , je voudrais faire remarquer que , dans les débats qui ont cours depuis quelques mois sur la situation dans le pays et les perspectives d'avenir, il y a une voix qui est «oubliée», occultée et au mieux marginalisée, c'est celle de ce qu'il faut bien appeler « les indépendants ».
Je parle de centaines de militants et de militantes qui s'activent sur le terrain de la société politique ou sur le terrain citoyen (donc en rapport direct avec la politique) dans la société civile. Que les partis politiques soient au centre du débat et de l'action politiques , c'est normal , encore faudrait-il :1- ne pas oublier qu'un certain nombre de partis politiques ne sont pas « capables de remplir un bus », pour reprendre une expression qui n'est pas de moi, mais qui dit bien ce qu'elle veut dire.2- il faut être politiquement myope pour occulter que le «phénomène» des indépendants (démocrates et progressistes) en Tunisie est quelque chose d'important , qu'on le veuille ou non, et ce pour des raisons politiques et historiques particulières à notre pays. Alors, de grâce, il s'agit là de forces, de potentialités qui ont leur place, toute leur place dans le combat d'aujourd'hui et demain pour la démocratie, les libertés, et le progrès.
Je reviens à votre question, qui est vraiment d'actualité...De quoi s'agit-il en fait ? Je veux ici faire remarquer combien les partenaires ou concurrents politiques impliqués dans le débat sur cette question de rapprochement, alliance, fusion, front etc...s'ingénient à rester dans le flou, dans l'ambiguïté, dans la langue de bois...
L'adage si connu « On appelle un chat un chat » semble ne pas avoir place dans le dictionnaire de ces hommes /femmes politiques...On est dans l'opposition ? oui, disent certains , mais attention , nous n'avons rien (ou presque) contre le gouvernement et nous sommes disposés à l'aider pour qu'il réussisse dans sa difficile mission; non, disent d'autres (c'est le cas de Béji Caïd Essebsi), nous ne sommes dans l'opposition (el mou3ardha) , nous sommes dans le soutien (el mou3adhda) , l'un des dirigeants de Nida Tounès n'hésitant pas à préciser , pour que les choses soient encore plus claires : « nous n'excluons pas que Nida Tounès s'allie à Nahdha» (Lazhar Akremi à l'hebdomadaire «Hakayek»)....A vrai dire, nous parlons à juste titre de «spécificité tunisienne»; mais en voilà une qui est unique au monde : dans tous les pays du monde disons démocratique (élections pluralistes, gouvernement majoritaire et opposition), l'opposition se fixe pour objectif principal de faire tomber le gouvernement auquel elle s'oppose , et si elle n'y parvient pas au moyen du Parlement , elle se fixe comme objectif principal de ...faire mordre la poussière au parti au pouvoir lors des prochaines échéances électorales...Il en est ainsi dans le monde entier, sauf en Tunisie, où vous n'entendrez jamais ce discours...
On est, à mon avis, tout simplement dans une situation non seulement surréaliste, mais véritablement schizophrénique...En Egypte, au Maroc, des élections ont permis à l'islamisme politique d'accéder au pouvoir..Eh bien, tout le monde : journalistes, hommes politiques, citoyens, observateurs étrangers, chancelleries, parlent du pouvoir islamiste, du pouvoir des islamistes, du parti islamiste au pouvoir...Normal, me direz-vous ! Oui, sauf qu'en Tunisie, les dirigeants politiques, notamment ceux de l'opposition, mais également la plupart des journalistes et des analystes qui paradent en permanence sur les plateaux des diverses chaînes radiophoniques et télévisées, ne le disent (presque) jamais ! C'est incroyable à quel point certains, et ils sont légion, parlent, agissent comme si Nahdha était un parti comme les autres, un parti majoritaire ou hégémonique comme les autres... En permanence, est mis en avant le fait que Nahdha a des agissements hégémoniques semblables à ceux du Parti de Bourguiba et de Ben Ali...Quand Ali Laarayedh envoie sa police accompagnée de milices salafo-nahdhaouis, on n'y voit que du feu : ça ressemble à la police de Ben Ali ! Quand des jeunes sont condamnés à 7 ans et demi de prison par la justice de Nouredine Bhiri pour crime d' « atteinte au prophète », on ne dit rien (c'est une question « sensible», vous savez : ces jeunes ont «avoué» leur athéisme !!!), et ceux qui ont « osé » protester, ont dénoncé la « ressemblance » avec les procès sous Ben Ali. Quand la police fait des descentes le 1er jour de Ramadan à Ennasr, à Monastir et ailleurs pour intimer l'ordre de fermer des cafés et restaurants, ceux (rares) qui protesteront, diront que c'est le retour aux pratiques de l'Etat de non droit !! Au lieu de retenir le fond des choses, c'est-à-dire la nature rétrograde du projet de société porté par Nahdha et le danger qu'il représente pour notre pays, on retient le formel ! On croit être sévère avec Nahdha en la comparant au RCD ! Les Nahdhaouis n'en ont cure ! A la limite, ça les arrange, puisque ça leur permet d'apparaitre comme un parti despotique peut-être, mais aussi moderniste ! Nahdha veut islamiser l'Etat ? Nahdha veut surtout islamiser la société ? Il semble qu'aux yeux de nos opposants ce ne soit pas vrai ou alors il leur semble que ce n'est pas important ! On dirait que notre opposition, par-delà les escarmouches à l'Assemblée Nationale Constituante ou en dehors, cherche, ou même rêve d'une sorte de « deal » avec l'Islam politique et avec Nahdha...Le numéro un du PR n'a-t-il pas appelé à la constitution d'un gouvernement d'union nationale, puis d'un gouvernement de salut national, dans lequel Nahdha serait évidemment représentée. En réalité la question doit être posée clairement : A l'exception des partis de l'extrême gauche et de certains militants de gauche, qui, parmi les hommes et les femmes politiques connu(e), refuse, par principe, de gouverner avec Nahdha ?
Vous pensez bien que ces rapprochements entre des partis différents, il faut les voir dans le contexte que je viens de brosser ...On parle d'alliance, de Front, de coalition électorale. Ce sont là de bonnes intentions , et j'ai personnellement lancé , en décembre 2011 , tout de suite après les élections et la formation du gouvernement islamiste , un appel à un Front des démocrates pour organiser la résistance à l'obscurantisme et préparer les élections de 2013..A ceux qui font aujourd'hui des tentatives de rapprochement , de regroupement de forces différentes : de droite , du centre et de gauche , je dis qu'il faut être clair et sans ambiguïté : Pourquoi ce rapprochement et cette coalition éventuelle ? Pourquoi faire ?...Pourquoi faudrait –il que l'on se présente unis et forts lors des prochaines élections en Juin 2013 ? Plus clairement : pour battre qui ? Pour faire mordre la poussière à qui ? Et qu'on ne réponde pas : « pour créer un nouveau rapport de forces », ou « pour équilibrer le rapport de forces actuellement trop déséquilibré» ! Cela veut dire quoi ? Pourquoi le rapport de forces actuel doit –il être changé ? Parce qu'il est en faveur de Nahdha ? Et alors ? C'est mauvais pour le pays, c'est mauvais pour la société, c'est mauvais pour les libertés, c'est mauvais pour la culture, c'est mauvais pour l'économie, c'est mauvais pour la place et le rôle de la Tunisie dans le monde ? Cela signifie donc que si on ne veut pas que les choses continuent ainsi, il faut que Nahdha cesse de gouverner le pays, et pour y parvenir démocratiquement, il faut la battre aux prochaines élections, il faut la faire « dégager » démocratiquement, par les urnes, comme elle est montée ! Voilà un message clair ! Et voilà la seule motivation commune qui peut pousser des gens différents , des partis , des hommes et des femmes qui n'acceptent pas que notre pays soit gouverné par un parti théocratique porteur d'un projet de régression sociale et culturelle , des partis , des hommes et des femmes de gauche , du centre , et même de droite , non pas à se fondre en un seul parti (pourquoi , moi , homme de gauche , irai –je adhérer à un Parti comme celui de Béja Caïd Essebsi, qui n'est pas un parti de gauche ? Pourquoi M. Béji Caïd Essebsi, qui n'est pas du tout un homme de gauche, irait-il adhérer au Parti Tajdid ou au Parti Social de Gauche (PSG), qui sont des partis de gauche ??), mais à se regrouper conjoncturellement dans un Front ou une Coalition pour battre Nahdha et remporter les prochaines élections, notamment présidentielles ! Alors ,entendons nous bien : Nous avons un modèle social à sauvegarder et à consolider , qui est menacé par Nahdha et ses cousins salafistes , nous avons une transition démocratique à réaliser et nous sommes persuadés que non seulement Nahdha ne peut pas assurer cette transition , mais qu'elle est porteuse de visions , de comportements et d'agissements de type despotique et dictatorial, qui se confirment chaque jour davantage ..Alors, c'est cela le message que nous devons porter en commun aux citoyen (ne)s, et ensuite aux électeurs et électrices...

Ne pensez vous pas qu'il est temps pour la gauche « classique » de dépasser les querelles idéologiques et de nouer des alliances politiques pour sauver le modèle social tunisien ?

Ecoutez, les menaces qui pèsent sur le modèle social tunisien ne datent pas de longtemps, disons depuis un certain nombre de mois. Et je crois pouvoir affirmer qu'au cours de cette période, la gauche a été présente, active et parfois entreprenante dans la défense de ce modèle attaqué et menacé par les islamistes nahdhaouis et salafistes. Dans la défense des droits des femmes, celle des droits des travailleurs et des libertés syndicales, celle de la liberté pour les artistes et les intellectuels...Pour la sauvegarde des libertés académiques (évènements de la Faculté de la Manouba), pour la liberté de presse et d'expression...les militant(e)s de gauche , de la société politique ou de la société civile , ont été constamment présents , et souvent même à l'avant-garde...Vous savez , les « querelles idéologiques » , ce n'est plus , depuis longtemps , la « tasse de thé » des militant(e)s de gauche..C'est une image entretenue par des gens qui rêvent de marginaliser totalement la gauche dans ce pays ! Vous savez , quand des hommes politiques de gauche passent leur temps à jurer leurs grands dieux qu'ils ne le sont plus , quand un dirigeant d'un ex parti de gauche aujourd'hui fusionné avec d'autres partis dans un Parti qui n'est plus « que » républicain, tient, au cours du processus de cette fusion, à annoncer qu' « il n' y a pas de place pour la gauche dans notre nouveau parti » (centriste) , quand un groupe important de dirigeants et de militants d'un parti notoirement de gauche quittent leur parti « historique » (certains y ont passé plus de trente ans !) pour rejoindre un parti à peine constitué par un ex-ministre de l'Intérieur, de la défense, des Affaires étrangères, et ex –président de l'Assemblée Nationale durant les années de plomb , il faut croire que les querelles « idéologiques » ne sont plus qu'un vague souvenir pour beaucoup de militants de gauche. Le problème aujourd'hui pour la gauche, c'est de sauvegarder son autonomie organisationnelle et politique. La course effrénée vers ce qu'on appelle le Centrisme (en France , on dit que « le centrisme , c'est la droite déguisée » ), est encouragée par la crainte légitime de l'islamisme nahdho-salafiste , et alimentée par les ambitions personnelles de leadership et les prétentions présidentialistes...La gauche doit refuser d'être phagocytée dans une sorte d'auberge espagnole où il y a n'importe qui et n'importe quoi...
Dans ce genre d'auberge , la gauche perd son âme et sa raison d'être...Les auberges espagnoles sont sympathiques, mais elles sont toujours à droite !.L'existence autonome de la gauche est une garantie irremplaçable. Garantie de continuité, de persévérance. Voyez l'histoire des 20 ou 30 dernières années chez nous : à part les intégristes de Nahdha qui se battaient pour un agenda qui leur est très particulier, n'est ce pas la gauche qui a été pratiquement à la pointe du combat contre le despotisme et la dictature ? N'est ce pas la gauche qui a puissamment contribué à « libérer » l'UGET de la domination du Destour ? La gauche n'a-t-elle pas contribué activement à la conquête d'une autonomie, au moins relative, de l'UGTT, et à la radicalisation du combat social et syndical ? La gauche n'était-elle pas activement présente dans la naissance d'un mouvement féministe autonome et combatif ? N'était-elle pas bien présente dans le processus de consolidation et de radicalisation de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme ? N'était-elle pas présente dans les divers mouvements pour la défense et la promotion de la Culture ? N'était –elle pas présente dans le combat des professionnels de l'information pour la liberté de la presse et la liberté d'expression ? Quelle est la force ou le courant politique qui pourrait, pour les 30 dernières années, en faire autant ? Je n'ai pas la prétention de dire que la gauche constitue aujourd'hui une force majeure ...Je dis cela pour dire simplement que notre pays a besoin de l'existence d'une gauche autonome et entreprenante. Dans la triste phase que traverse notre pays , qui va vivre des combats difficiles qui ouvriront la voie aux manœuvres et aux opportunismes , je suis persuadé que seule la gauche se battra sans consession :1- pour la séparation entre religion et politique 2- pour le respect intégral des libertés de conscience , d'opinion , d'expression et de presse , ainsi que pour la liberté de création (« toute réserve sur la Culture est une position terroriste » - Roland BARTHES), et pour les libertés académiques 3- pour l'égalité totale , sans discrimination d'aucune sorte et pour quelque motif que ce soit , entre les femmes et les hommes.4- pour la justice sociale et pour un développement économique qui fasse que l'économie soit au service des hommes et des femmes et non l'inverse.5- pour la sauvegarde de l'unicité du système d'enseignement républicain et le rejet de toute tentative d'instaurer un système parallèle d'enseignement à base religieuse... Voilà ce qu'est la gauche et ce à quoi elle sert ....Mais, la gauche place l'intérêt des travailleurs, du peuple et du pays au-dessus de toute autre considération... Et ce ne sont pas les hommes et les femmes de gauche qui sont réticent(e)s à l'idée de Front, d'alliance ! Au contraire ! Ce sont les partis de gauche qui ont souvent, de par le monde, pratiqué la politique des Fronts ... Quand il y a un danger totalitaire ou fasciste, l'union devient une exigence...Face à l'adversaire principal, il faut faire front pour le battre ....Si les rapprochements recherchés se situent en dehors de cette problématique, et préparent seulement des arrangements ou des accommodations, cachés ou assumés, avec Nahdha , alors « Ya khaybet el messa » ! Ceux qui rêveraient, avec la bénédiction de Nahdha, d'occuper un poste présidentiel ou de prendre la place des alliés actuels du parti islamiste (une cinquantaine de sièges à prendre, ce n'est pas rien !), que Dieu et son prophète soient avec eux...A ce rythme Nahdha peut dire, à l'instar d'un dirigeant de la droite française il y a 50 ans : « Si nous ne faisons pas de grosses bêtises, nous sommes au gouvernement pour 20 ans ! ». Je préfère quant à moi ne pas penser à ce que deviendrait mon pays s'il était dirigé par le parti islamiste pendant 20 ans !!

Que pensez- vous des tentatives de Nahdha de mettre la main sur l'information et l'Administration ?

Je crois qu'il est de plus en plus clair que cette «révolution» (que personne n'a vu arriver , que personne n'a initié ni dirigée , qui n'avait ni timing ni programme ,au cours de laquelle l'Etat , après le départ du Numéro 1 du régime prétendument déchu, a été dirigé neuf mois durant, par les numéros 2 et 3, en plus d'un homme qui a occupé tous les postes importants dans le même régime) a accouché , exactement neuf mois après, d'un monstre qui s'appelle Nahdha. J'ai dit publiquement à l'époque, que cette montée de l'islamisme au pouvoir constituait une catastrophe nationale... Je ne suis pas du tout heureux de constater que, 9 mois après, c'est vraiment le cas... Il faut se rendre à l'évidence : il s'agit d'un parti totalitaire au sens strict du terme. Un parti qui veut contrôler tout, régenter tout...La vie politique , bien sûr , mais aussi l'information, la création , la culture , l'enseignement ,et aussi la vie privée....La manière dont ils occupent ,depuis plusieurs mois de façon violente et illégale, avec leurs cousins salafistes , des centaines de mosquées transformées en terrain de querelles théologiques et de propagande politico-religieuse , montre à quel point ils n'ont point de scrupules ni de limites..Alors l'information ? bien sûr qu'ils en sont malades !ils ne savent généralement pas grand-chose, mais ils ont compris que si l'argent était le nerf de la guerre, l'information, elle, est le nerf de la politique. Mais il faut faire attention : si les chaînes de TV les intéressent par exemple, ce n'est pas seulement pour contrôler, régenter et instrumentaliser l'information, c'est aussi et autant, pour transformer progressivement la production télévisuelle dans son ensemble dans le sens de leurs convictions, c'est-à-dire dans le sens de l'islamisation ! L'islamisation de la société, qui constitue leur objectif majeur, passe notamment par l'islamisation de la production télévisuelle ! On peut dire de même pour ce qui concerne l'Administration, des gouverneurs, des délégués, des Omdas, des PDG, des directeurs régionaux, des proviseurs de lycées et directeurs d'école, demain des commissaires de police (si ce n'est déjà fait !).Tenir et contrôler l'appareil administratif, quoi de meilleur pour encadrer la population, surtout dans les petites villes et dans les villages.
L'administration devient, non seulement un instrument de contrôle total de la population, en particulier pour les élections, mais aussi une autorité qui promeut, diffuse et impose les « valeurs de l'Islam », lisez : l'islamisation forcée de la société ... Information, mosquées, administration et magistrature : ce sont quatre «secteurs» majeurs pour la stratégie islamiste. L'opposition ne semble pas très consciente de l'importance du combat sur ces quatre terrains. La société civile semble plus proche des inquiétudes des hommes et des femmes...Cette peur bleue d'être traité de « kifer » semble tétaniser pas mal de monde...Le silence des partis sur l'affaire des deux jeunes de Mahdia condamnés à 7 ans et demi de prison pour « atteinte au prophète » en dit long sur leur volonté de ménager Nada.. A Néjib Chebbi, qui a jugé bon de crier fort : « Si dans cette exposition de Dar Abdellia , il y avait des toiles attentatoires à notre sacré, nous serions , nous, descendus manifester ! », je dirai : ne fais pas de la surenchère : sur ce terrain-là, tu seras toujours battu...C'est, figures-toi, Omar Elkhayam qui a dit : « Ils appellent hérétiques tous ceux qui ne sont pas des ânes ». Je terminerai sur une information liée à cette question et sur une proposition liée aux prochaines élections...L'information est qu'un groupe d'une cinquantaine de personnes , hommes et femmes, de la région de Tunis et de l'intérieur du pays , de différents milieux professionnels (enseignants , universitaires , juristes et avocats , cadres d'administration et d'entreprise etc..) , et de différentes sensibilités citoyennes , viennent de finaliser la Constitution d'une « Association pour la défense de la neutralité de l'Administration et des Mosquées »(ADNAM)...Elle verra le jour officiellement dans les semaines à venir.....Le dernier point que je voudrais souligner , c'est qu'il y a tout à craindre que les prochaines élections soulèvent des doutes sur la crédibilité et la transparence...
Même si l'ancienne ISIE est maintenue (ce qui n'est pas évident), le problème est qu'il y a un fait nouveau et un fait qui a son poids.
Alors qu'en Octobre dernier, il n' y avait qu'un Cabinet de technocrates qui tenait lieu de gouvernement et qui n'était en rien impliqué dans les élections, aujourd'hui, il y a un vrai gouvernement, formé de représentants de trois partis concernés par les prochaines élections. C'est donc un Gouvernement partisan, qui ne peut en aucune façon être neutre !Toutes les activités de ses membres, notamment durant la campagne électorale, joueront au profit des candidats des partis « gouvernementaux » , ce qui crée un déséquilibre flagrant entre les candidats...Ceci, outre le fait que ces ministres auront toute latitude d'utiliser les gouverneurs , délégués , Omdas « partisans » qui viennent d'investir en grand nombre les administrations régionales et locales, pour faire pression , directement ou indirectement sur les électeurs et électrices....Alors , si on veut assurer à ces élections toute la crédibilité et la transparence voulues , ne serait-il pas judicieux et juste que le Gouvernement présente sa démission , disons 45 jours avant les élections , et laisse la place à un cabinet restreint de technocrates et gestionnaires compétents pour gérer les affaires courantes jusqu'à la constitution du nouveau gouvernement issu des élections ??

Propos recueillis par Hassine BOUAZRA


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