Des commentaires élogieux ont inondé la page Facebook de l'événement, quelques minutes à peine, après la fin du concert qui a réuni Ghalia Ben Ali avec son public, le 7 septembre au Colisée. C'est d'ailleurs de ce réseau social que tout a commencé, il y a quelques semaines. La chanteuse, installée à Bruxelles, a créé l'événement, proposant l'idée à ses fans qui ont répondu présents. Jour après jour, les détails de la soirée ont pris forme : la date a été fixée, l'espace déterminé et des partenaires ont rejoint l'aventure. Ghalia Ben Ali a été, de surcroît, bien accueillie par les médias. Tout cela a payé et le Colisée était complet, bien avant sa montée sur scène. Son auditoire en est reparti comblé par un programme éclectique et spirituel, entre les chants de l'Orient et les rythmes de l'Extrême-Orient. Ghalia Ben Ali est une citoyenne du monde qui affiche tout de même sa préférence pour la culture de ses origines. Elle a grandi à Zarzis sur les mélodies d'Oûm Kalthoum et les chants spirituels et berbères de la région. L'influence de ces registres est évidente dans son répertoire, où l'on distingue également le son du sitar de Bert Cornelis. «A night in Tunisia» est, dans ce sens, une synthèse, des différentes expériences musicales de Ghalia Ben Ali, où les paroles sont toujours arabes, qu'elles soient classiques ou contemporaine. Elle met un point d'honneur à en dénicher les plus beaux, les plus originaux et les plus inédits, parlant du ichq (la passion), pour l'humain comme pour le divin, De Rabâa Al Adawiya à Majnoun Leïla. Talents multiples Au bout de quatre albums, Roméo et Leïla (2007), un album de reprises d'Oûm Kalthoum, Wild Harissa (2001) et un dernier à venir Maoussoul, c'est la maturité d'une artiste aux multiples talents qui se décline sur scène. Ghalia Ben Ali maîtrise l'art de la séduction artistique. Ses atouts pour cela commencent par sa voix unique et sa présence sur scène. Vendredi dernier, elle était pleine de grâce dans sa tenue au style oriental, facilitant ses mouvements et ses pas de danse, tantôt indiens, tantôt orientaux et même du flamenco. Qu'il soit possible de danser flamenco ou indien sur des chansons arabes, cela résume bien le projet de Ghalia Ben Ali. Elle fait partie de ces êtres humains qui semblent avoir tout compris, qui semblent avoir saisi un fil du secret de l'existence, leur permettant de s'enrichir de soi et des autres, tout en créant quelque chose de nouveau et de beau. La beauté de la musique de Ghalia Ben Ali est dans la simplicité des mélodies, généreuses en même temps grâce à la variation des influences. Le public du Colisée a découvert cet univers petit à petit, au fur et à mesure que les instruments ont fait leur apparition sur scène. Cela a commencé par le luth de Moufadhel Adhoum, puis le sitar, la darbouka et la flûte pour une première partie où le profane a épousé le spirituel. Quelques poèmes classiques plus tard, Oûm Kalthoum a été honorée comme il se doit, cédant sa place à une reprise de Lamouni elli gharou meni de Hédi Jouini, l'un des morceaux qui ont fait connaître Ghalia Ben Ali en Belgique. A la demande du public, elle a enchaîné avec Ya msafer wahdak de Adelwahab. Avec l'entrée du gambri, des bendirs et des qaraqebs, le concert a pris une autre tournure, celle des invocations et des chants de marabouts, notamment celui de sa région natale, Sidi El Bakkai. La soirée s'est ainsi achevée dans la bonne humeur, tenue du début à la fin par Ghalia Ben Ali à la manière d'une maîtresse de maison qui sait accueillir ses hôtes. Ces derniers le lui rendent bien. Elle devrait revenir plus souvent!