La compression des dépenses pour sortir de la crise économique mondiale n'est pas la bonne solution. Et l'austérité budgétaire visant à réduire les déficits et la dette publique afin de regagner la confiance des marchés financiers semble être inaboutie. Telles sont les déductions qu'a laissées entendre M.Mahmoud Khafif, coordinateur des aides au peuple palestinien auprès des Nations unies, en présentant, lundi dernier, au siège du ministère du Développement régional et de la Planification, le rapport de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) pour l'année 2012. Sous l'intitulé « Politiques pour une croissance équitable et équilibrée », le rapport de cette année fait remarquer, a-t-il affirmé, que la politique budgétaire consistant à réduire au minimum l'intervention de l'Etat et à éliminer les distorsions créées par une fiscalité progressive n'a fait qu'aggraver la crise. Au fil de son intervention, M.Khafif a ajouté que le rapport note également que la grande souplesse ayant marqué la détermination des rémunérations et l'absence de rigueur pour ce qui est de la protection des travailleurs décourageaient l'embauche. C'est que ces réformes structurelles ont favorisé les inégalités de revenus et maintenu stagnants les services sociaux, l'investissement, la création d'emplois et la croissance économique. Dans la même perspective, le même intervenant a fait observer que les politiques budgétaires adoptées à partir des années 1980 et 1990 ont réduit la part des impôts directs dans les recettes publiques au détriment d'un accroissement des impôts indirects. Cependant, elles n'ont pas réussi à accroître les investissements publics ou privés. De ce point de vue, le coordinateur des aides au peuple palestinien auprès des NU a précisé que la réussite ou l'échec d'une politique financière se traduit par les chiffres. De ce fait, précisant que les économies des pays les plus développés ont accusé une régression de 2 %, il a affirmé que la question qu'il faudra se poser à ce stade consiste à savoir quelle sera l'avenir de l'économie mondiale, si l'on maintient les stratégies économiques et les politiques financières actuelles. Décidément, les conséquences seront néfastes, voire catastrophiques, a-t-il signalé. Intégrer les catégories marginalisées dans le cycle économique Abondant dans le même sens, M.Khafif a noté en se référant au même rapport qu'il serait plus efficace d'imposer davantage les hauts revenus provenant d'activités de maximisation de la rente (les activités exercées par un petit nombre de personnes qui détiennent le gros morceau des fortunes) que d'alourdir la charge de ceux qui exercent des activités industrielle et commerciale, dont les revenus sont modestes. Le rapport souligne, par ailleurs, que les gouvernements disposant d'importantes marges de manœuvre budgétaire sont en mesure d'appliquer des politiques contracycliques. Autrement dit, des politiques visant à accroître la demande au cours de la phase actuelle de ralentissement économique, à redistribuer les revenus et à financer les investissements en faveur d'une croissance équitable et durable. Dans ce sens, l'intervenant s'est référé à certaines expériences sud-américaines, plus précisément l'expérience brésilienne qui a témoigné de l'efficacité des politiques économiques basées sur une fiscalité progressive, un accroissement des dépenses publiques, des transferts sociaux et la mise à disposition de biens et services essentiels en faveur des groupes à faibles revenus. M.Khafif a, au demeurant, appelé, comme le stipule le rapport, à restructurer les politiques financières de manière à intégrer les catégories faibles et marginalisées dans le cycle économique, afin d'accroître la production et la productivité. Une telle orientation est nécessaire pour la redynamisation de l'économie mondiale et l'éradication de la pauvreté, a-t-il conclu.