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Ifriqiyya et Siqillyya de Alfonso Campisi, un livre à lire !
Livre
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 05 - 2010

Je viens de découvrir un livre édité depuis quelque temps et qui m'a semblé mériter de l'attention parce qu'il traite d'une question importante. Celle des rapports entre les peuples de la Méditerranée occidentale, en l'occurrence des rapports entre l'Ifriqiyya et la Siqilliyya (la Sicile).
Ce livre de 120 pages est divisé en deux grandes parties et comporte une préface en arabe écrite par Madame le professeur Zohra Hammami. En effet, cette préface en arabe veut souligner encore une fois ce dialogue de cultures et de civilisations, tout en passant par la langue.
Pour revenir aux deux grandes parties du livre, la première est une partie complètement historique qui retrace l'arrivée des Arabes et donc le début de la domination arabe en Sicile en 827. Cette date coïncide aussi avec le début de la fin de l'empire byzantin. La domination arabe se terminera en 1066 avec l'arrivée des Normands. Mais les Arabes ne quitteront pas l'île. Une cohabitation islamo-judéo-chrétienne s'installera pendant presque 200 ans et la Sicile deviendra le centre culturel, économique et artistique le plus développé de la Méditerranée, grâce donc à cette diversité culturelle, linguistique et religieuse.
Revenons donc à la domination arabe… La Sicile était, pour ainsi dire, divisée en trois vals : Val Demone, Val de Noto et Val de Mazzara. Celle-ci est la plus arabisée jusqu'à nos jours. Elle comprend la région de Trapani, Palermo, Mazzara, Marsala, etc.
Marsala d'ailleurs a gardé le nom arabe Marsa Allah, le port d'Allah donc ou d'Ali. Toute la toponymie a donc été influencée par les Arabes. Pensons aux noms commençant par Al, comme Alcamo, ou Cal de QAL, castello, fortezza, comme Caltavoturo, Calascibetta, Cala monaci, Caltanissetta, etc.
La domination arabe doit être considérée comme la plus riche et la plus intéressante parmi toutes les dominations que la Sicile a connues. «Fille spirituelle de l'Ifriqiya» après la première conquête arabo-berbère (652-1051), la Sicile a vu ses habitants s'octroyer des prénoms arabo-siciliens en les superposant les uns aux autres, tels que Al Trabansi (le Trépanais) ou Al-Kir-kintin (le Girgentin)… Les Siciliens continuent aujourd'hui dans leurs us et coutumes à perpétuer des croyances arabes concernant le mauvais œil, en faisant porter aux enfants des cornes de corail autour du cou !
«Pour retrouver les coutumes arabes, il suffit de se rendre dans les quartiers populaires de Palerme dans les rues de Balate, Delle Dogane, Del Fondaco… de la Gebbia, de la Giurana, de l'Attarini, de l'Azisa, etc. qui, avec leurs noms arabes, semblent donner le premier salut au visiteur désireux de découvrir ce qui reste aujourd'hui de la vie de Tunis, de Sousse dans le cœur palpitant du Palerme populaire».
L'auteur constate que les progrès apportés par les Arabes furent remarquables dans les domaines de l'architecture, de la poésie, de la littérature, des sciences, de l'astrologie, de l'agriculture, des systèmes d'irrigation, dans le domaine culinaire, etc. (Il faut d'ailleurs souligner que dans le «Livre du roi Roger», Al Idrissi écrit en 1154, à propos de pâtes, qu'à Trabia près de Palerme il y avait de vastes fermes dans lesquelles se fabriquaient en grande quantité des pâtes appelées vermicelles et expédiées dans les territoires musulmans et chrétiens. Donc Al Idrissi nous confirme que les pâtes alimentaires furent produites en Sicile un siècle avant la naissance de Marco Polo, contrairement à l'idée diffusée en Italie selon laquelle les pâtes alimentaires seraient venues de Chine grâce à Marco Polo). Je me suis donc demandé le pourquoi de la volonté de vouloir effacer de la tête des Italiens, et spécialement des Siciliens, toute une période florissante qui a duré presque trois siècles. Cette interrogation est suivie d'un autre constat de l'auteur: «J'en conviens sur la théorie de la ‘‘confiscation des intelligences'' voulues expressément par le pouvoir politique italien d'un côté et de l'Eglise de l'autre, et qui a visé pendant des décennies l'intelligence humaine».
«Manipulation de l'histoire, confiscation de l'intelligence, des opinions, à travers un savant formatage des cerveaux, basé sur des propagandes dénigrantes, qui engendrent racisme, xénophobie et haine, qui à leur tour ne sont que le fruit d'une immense ignorance».
Respect de soi, respect de l'autre
L'auteur, très monté contre les institutions de son pays, ajoute que cette attitude provient d'une sorte d'obscurantisme et qu'il suffirait peut-être de lire ce livre pour que la réflexion renaisse et que les yeux s'ouvrent à la lumière de la vérité.
L'auteur A. Campisi nous invite à lire son livre suivant cette ligne et pas seulement comme une œuvre purement historique.
La deuxième partie de ce livre est à mon avis la partie la plus intéressante, car elle nous présente ce qui reste d'arabe de nos jours en Sicile, en passant par l'art, l'architecture donc, les mœurs, la culture, la langue, la cuisine, etc. Un héritage qui est resté intact jusqu'à nos jours et que la plupart des Siciliens ignorent ou bien veulent ignorer.
Au niveau de l'art par exemple, qui peut ignorer que les fresques peintes à la chapelle palatine de Palerme ont été réalisées probablement par des artistes arabes, au tout début de la conquête normande de la Sicile. Ces œuvres existent encore et semblent déployer une iconographie artistique arabe.
L'artisanat de la céramique fut transmis à la Sicile par des artisans d'origine ifriqiyyenne surtout dans le domaine de l'émaillage… Cette tradition est toujours présente dans beaucoup de localités siciliennes comme celle de Caltagerone.
L'auteur présente, comme encore perceptible, l'influence arabe sur la poésie, la musique, et surtout sur l'architecture sicilienne.
Campisi pense qu'il est temps de dévoiler cela sans sentiment de honte et sans volonté de continuer à ignorer l'apport musulman ifriqiyyen à la Sicile. Il s'est rendu compte que la Tunisie, héritière de l'Ifriqiyya, et la Sicile sont si proches géographiquement, mais en fait très loin l'une de l'autre. Cette distance est due selon l'auteur à l'ignorance et au mépris de l'autre, à la peur devant les différences. Cette situation inquiète l'auteur. Tout est provoqué par la non-reconnaissance de l'autre et de sa différence.
Campisi pense que le respect que se vouent les Italiens à eux-mêmes passe par le respect de l'autre, cet Ifriqiyyen si proche et si lointain… Il n'y a pas de place entre les peuples, à aucune forme d'intégrisme qui prône la violence, la fermeture des sociétés au dialogue et le repli négateur du droit à la différence.
L'intégrisme selon Campisi n'est pas en fait une manifestation uniquement musulmane. Il fut commis très souvent par certaines autorités éclésiastiques surtout celles qui ont procédé à des conversions de certains peuples par la force et la violence.
La violence n'a-t-elle pas obligé des peuples entiers à abandonner leur croyance et leur religion sans conviction aucune. L'auteur pense qu'il faut dire basta à tout cela et son livre est donc porteur d'un message de paix, d'acceptation et de reconnaissance mutuelle entre les peuples.
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1) Alfonso Campisi : Ifriqiyya et Siqilliyya - Editions Carthaginoiseries - Tunis 2009


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