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L'entreprise, idolâtrée en Chine, délaissée en Tunisie
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 10 - 2012


Par Kilani Bennasr *
«Quand la Chine s'éveillera le monde tremblera», Napoléon 1er
La volonté de l'homme est capable de miracle, si les pays occidentaux et le Japon sont d'ores et déjà hors de proportion, la Chine moderne promet à ses visiteurs et prouve qu'elle va droit au but et qu'elle est sur le point d'atteindre ses objectifs. Le miracle chinois est le fruit d'une culture ancestrale sacralisant la terre et le travail, et d'une gouvernance révolutionnaire concluante mettant le potentiel de la Chine au service de l'entreprise.
La prédiction devient vérité, la République Populaire de Chine serait en train de mener le monde libre, mais discrètement, pour ne pas le froisser, ni réveiller son appât et ses instincts belliqueux. Vingt jours en Chine sont suffisants pour impressionner un visiteur tunisien par la grandeur de ce pays et par ses capacités organisationnelles provenant d'une recette chinoise dénommée culture de l'entreprise, qui a permis à l'Etat-nation chinois de se transformer en «Etat-entreprise».
Quoique disproportionnée, la comparaison avec la Tunisie est riche en enseignements; la Tunisie dont la population représente environ 9/10.000 de celle de la Chine et le territoire 16/1.000, a entamé son développement, après l'indépendance, en même temps que la Chine et les pays du Sud-Est asiatique; aujourd'hui on se rend compte du large fossé les séparant. La Tunisie accuse un retard de croissance économique par rapport à la Chine et aux pays d'Asie, à cause d'une ancienne gouvernance défaillante et d'une nouvelle conjoncture difficile n'ayant pas permis au gouvernement provisoire, indécis, de relancer l'entreprise.
En ce moment, la Tunisie passe par une période creuse, probablement la plus rétrograde économiquement, de son histoire. Il serait en revanche injuste de s'en prendre à la civilisation arabo-musulmane. L'esprit mercantile est une qualité indéniable des Arabes, grâce à laquelle la foi de l'Islam est arrivée aux confins de l'océan Pacifique à la fin du VIIe siècle après J.-C., empruntant la route de la soie et parcourant plus de 8.000 km en terre d'Asie, loin de la Mecque.
Ce témoignage sera illustré plus tard dans les écrits d'Ibn Khaldoun, le chercheur et savant andalous tunisien du XIVe siècle qui dresse, avant Karl Marx, la situation de l'industrie, des ouvriers, agriculteurs et artisans, dans les royaumes de l'époque, évoque leurs droits et devoirs envers l'Etat. Il traite aussi des petites et moyennes entreprises, devenues six siècles après, le moteur des économies modernes en Europe, en Chine et en Tunisie aussi mais avec moins de succès car ses anciens dirigeants ne croyaient pas aux merveilles de l'entreprise moderne et ne pouvaient pas le faire croire à leurs citoyens.
Les Chinois et la culture de l'entreprise
«L'économie socialiste de marché» est le terme désignant le système économique chinois à la suite des réformes de l'économie planifiée. La République Populaire de Chine est au service de l'entreprise et vice versa, l'entreprise chinoise est consciente de ses responsabilités et devoirs envers l'administration communiste et un peuple d'environ 1,4 milliard d'âmes. De son côté, l'Etat est sur le qui-vive et se déploie tous azimuts, lentement mais sûrement pour aider à la création de la meilleure situation favorable à l'entreprise chinoise et à son adaptation aux fluctuations du marché mondial. Les Chinois ont compris que le progrès est une équation mathématique. Tout est à base d'étude, d'expérience, de données sûres, de continuité et persévérance; aucune place n'est réservée à la demi-mesure et au résultat incomplet. Pour comprendre la sacralisation d'entreprise en Chine et mieux percevoir pourquoi le travail occupe une place essentielle au sein de la culture et de la société chinoises, il faut remonter aux origines de ce pays, et notamment aux textes des grandes maîtres tels que Confucius : «La vie de l'homme dépend de sa volonté ; sans volonté, elle serait abandonnée au hasard». Ainsi pourrait être résumé l'esprit chinois.
L'épopée chinoise doit avant tout son succès par le fort degré de collectivisme imprégnant la culture d'entreprise chinoise. Les individus sont responsables de la communauté, contrairement au reste du monde, dont le monde arabo-musulman, où l'individualisme du citoyen est ancré, faisant passer ainsi lui-même avant les autres. La seconde composante dynamique de la culture d'entreprise en Chine est également influencée par l'acceptation de l'imprévu et les moyens d'y faire face, trait caractéristique d'une société sachant s'adapter et anticiper aux évènements les plus complexes soient-ils, sans pour autant posséder le désir de contrôler le moyen et long terme. Mais c'est aussi celle d'une société plus tolérante envers les opinions divergentes des siennes ainsi que l'adaptabilité aux changements. Enfin, le troisième trait essentiel de l'esprit d'entreprise en Chine est avant tout le fort potentiel de persévérance et de culture économique, valeurs issues du confucianisme, très enseignées dans ce pays. Contrairement à la culture arabo-musulmane qui est très affective, la culture chinoise et asiatique en général demeure neutre : l'expression publique des sentiments y est bannie et le respect d'autrui est mis d'abord en avant, ce qui fait des Chinois des partenaires fiables et durables. Fruit d'une longue et dure route, la Chine consolide sans l'ombre d'un doute sa place de première puissance mondiale, n'étant pas expansionniste par culture, sa sagesse s'exerce également en sa volonté à préserver sa culture et son mode de vie envers une mondialisation occidentalisée. Le XXIe siècle serait sans doute celui de l'expansion de la culture chinoise dans tous les domaines.
Vu de l'extérieur, le mode de management en Chine est critiqué et jugé paternaliste et rigide. Tous les après-midi, le personnel d'une entreprise chinoise type a droit à un goûter et à une séance de «gym», on lui diffuse de la musique toute la journée et tous les mois on organise le vendredi soir un goûter d'anniversaire, des activités sont souvent organisées les samedis après-midi. On paye une amende dès la première minute de retard, on paye une amende si on oublie son badge. A condition d'avoir un an d'ancienneté, le personnel peut prétendre à cinq jours de vacances par an.
Comparée au management des entreprises en Occident, cette panoplie de sévérités de l'entreprise chinoise paraît incroyable.
Mais quoiqu'elles puissent paraître négatives, ces mesures de rigueur déterminent les garde-fous de l'entreprise chinoise et sont à l'origine de sa force. Il est impensable de constater que de nos jours, les dirigeants tunisiens n'accordent pas une attention particulière à l'entreprise. Un effort gigantesque est nécessaire pour redynamiser et perfectionner l'activité entrepreneuriale, en espérant bien que la Tunisie sache se détacher de ses anciens et nouveaux carcans étrangers et aille chercher de nouveaux partenaires économiques authentiques en terre prometteuse d'Asie. Si la Tunisie est pionnière du printemps arabe, l'Egypte est devenue pionnière de l'ouverture sur la Chine et d'autres pays asiatiques tels que l'Iran, et ce, après les visites du président Mohamed Morsi fin août 2012 en vue de relancer l'économie de son pays selon les nouvelles options stratégiques égyptiennes.
(Colonel retraité *)


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