Le Musée des arts islamiques de Rakkada abrite une des plus belles collections d'art arabo-musulman en Tunisie. On citerait notamment les spécimens de céramique kairouanaise, les objets en verre et en bronze, les carreaux de faïence, les lustres, les échantillons précieux de manuscrits anciens de la mosquée Okba et du Coran sur parchemin bleu, en écriture dorée et qui nous permet de suivre les techniques de dorure, d'enluminure et de reliure pendant trois siècles. Néanmoins, ce musée, situé à 11km du centre-ville, ne répond plus aux exigences des techniques modernes des musées. En effet, outre son éloignement, il souffre d'un taux d'humidité élevé, de canalisations vétustes, d'une luminosité défectueuse et caduque qui nécessiterait un budget d'un milliard 200.000D pour sa rénovation, d'absence de sécurité, de caméras de surveillance, de détection de fumée et de mouvement. Résultat : ce musée est très peu fréquenté à cause du manque de moyens de transport. Ainsi, comme nous l'explique le Dr Lotfi Abdeljaoued, responsable de l'INP à Kaiouran, entre 2010 et 2011, on n'y a enregistré que 261 visites, ce qui est dérisoire. En outre, ce musée a fait l'objet de vol, en 2002, de 3 feuillets d'un Coran du IIIe siècle et en 2009 de 53 feuillets de manuscrits du IIe siècle de l'Hégire. C'est pour toutes ces raisons que les responsables de l'INP souhaiteraient le transfert des joyaux d'art du musée de Rakkada au Centre d'interprétation de l'histoire de Kairouan, situé à proximité de la Grande Mosquée et répondant aux critères d'un musée moderne doté d'éclairage adéquat et de conditions de sécurité. Le Dr Abdeljaoued estime que ce transfert va réconcilier les citoyens avec leur patrimoine et va permettre d'économiser des ressources financières pour tout le personnel administratif et ouvrier dont le déplacement quotidien à Rakkada constituait une lourde charge : «Donc, en plus de son efficacité, de sa rentabilité et de sa réconciliation avec le public, ce projet de transfert va nous permettre de mieux préserver nos richesses patrimoniales, de mieux concrétiser les orientations de l'Etat visant la promotion de la vie culturelle et la dynamisation de la vie économique, et ce, en attendant la réalisation d'un grand musée des arts islamiques à Kairouan qui aidera à mieux préserver la mémoire des peuples», ajoute le Dr Abdeljaoued, avant de nous préciser que l'on attend la décision finale de l'INP et du ministère de la Culture pour le transfert.