Mercredi 26 septembre, la Tunisie a perdu une de ses valeurs sûres qui a porté haut l'étendard de la chanson et des arts, Hassiba Rochdy. Un jury sévère pour Hassiba! La voix de la grande dame de la chanson tunisienne s'est éteinte à jamais. Beaucoup de jeunes et de moins jeunes ne réalisent pas réellement ce que Hassiba Rochdy avait représenté au siècle dernier au panthéon de la culture du pays. Il faut indiquer qu'elle a été la première chanteuse tunisienne qui soit parvenue à se faire une renommée en Egypte, là où il est vraiment difficile de s'imposer. Mais elle a été également la première vedette tunisienne à jouer le rôle principal dans pas moins de quatre films dans le pays du Nil. Elle eut ainsi la chance de jouer aux côtés de grands acteurs qui ont pour nom: Yahia Chahine, Férid Chawky, Mohsen Sarhane, Husséïn Sedky et Astiphane Rosti. Dans son premier long métrage Hob (Amour), elle reprit des succés de Ali Riahi Yeli dhalemni et de Hédi Jouini Lamouni elli gharou menni. Dans un autre film, elle chanta en duo avec le grand Mohamed Abdelmottaleb. Après avoir été auditionnée par le sévère grand jury composé de Oum Kalthoum et Riadh Sombati, elle donna un concert une fois par semaine sur les ondes de la radio cairote. Chassée de son foyer pour un phonographe De son vrai nom : Zohra Bent Ahmed Ben Haj Abdennebi, Hassiba Rochdy a vu le jour en 1918. Elle ouvrit les yeux sur les charmes naturels de l'ancien (Fej Erromaine), réputé pour ses nombreux vestiges romains. Son père et ses oncles Bahri, Kilani et Sassi étaient propriétaires de terres à Henchir El Horra. La mère de Hassiba était la dernière des huit dames épousées par son père, Ahmed. Celui-ci a été délesté d'une de ses nombreuses propriétés, Henchir Tassa, par un de ces colons voraces et violents, le dénommé Pétain. Ayant porté plainte, et comme la justice était en ces temps-là inique et faite seulement pour servir les Français, Ahmed a été condamné à un an de prison. Après avoir purgé sa peine, il se résolut à vendre tous ses biens pour aller s'installer à Mateur. A sept ans, Hassiba fréquenta «Dar El Mâalma» et appelait sa maîtresse «Nana», pour apprendre la couture, le broderie... Le démon de la chanson Nadra, la chanteuse égyptienne qui joua dans le premier film arabe chantant Ounchoudet El Foued (le chant du cœur), marqua profondément la jeune fille qui investit toutes ses économies pour s'acheter un phonographe. Le démon de la chanson a fini par l'habiter pour ne plus la lâcher. A neuf ans déjà, pour ne plus défier son père, elle cachait le phonographe sous son lit. Mais ce dernier va finir par découvrir le pot-aux-roses et la chasser de la maison. Elle ira d'abord chez son oncle, avant d'être envoyée chez une dame parmi ses connaissances à Sfax, où elle se fera introduire dans les milieux du théâtre. Le directeur de la troupe où elle est admise engage un enseignant d'arabe, Tahar Belhaj, qui était le souffleur de cette même troupe pour apprendre à Hassiba ses rôles, quand bien même elle était illettrée. (A suivre)