Plusieurs équations à résoudre pour l'Espérance cet après-midi à Lubumbashi Le football a changé. Il a beaucoup changé. Il fut un temps où l'équipe qui se déplace se barricade derrière, procède à un antijeu systématique, bénéficie de la passivité de l'arbitre, perd (ou gagne) un temps fou sur les remises en touche ou, pis encore, celles du gardien qui «consomme» à lui seul un bon quart d'heure à balader le ballon dans les seize mètres cinquante... Nous avions alors droit à des 0-0 à n'en plus finir où les clubs italiens sont passés maîtres. Et comme ils disposaient d'excellents gardiens, d'impitoyables défenseurs et de grands attaquants (Mazzola, Riva, Prati, Boninsegna, etc.) ils arrivaient toujours à se débrouiller à la maison en inscrivant ce but salvateur. C'était du temps de Helenio Herrerra et de Nero Rocco (respectivement entraîneurs de l'Inter et de Milan). Depuis, le grand Ajax de Cruyff, Keizer, Neeskens, Haan et Rep est venu réhabiliter le football offensif, relayé par Liverpool de Kennedy, Dalglish, Souness et Rush pour arriver enfin au Barcelone de Messi, Iniesta, Xavi et Villa. Il faut dire aussi que les lois du football ont bien changé, que les défenseurs ne sont plus dans l'impunité et que les attaquants sont désormais protégés. Du coup, l'avantage du terrain n'est plus décisif en football et les schémas tactiques ont été chambardés. Désormais, on ne se déplace plus chez l'adversaire pour ne plus perdre, mais pour essayer de gagner, d'autant que la règle d'or n'a pas changé et que les buts à l'extérieur comptent double. Ceci pour dire que l'Espérance ira pour gagner au Congo et qu'elle y a en tout cas intérêt car rien n'est acquis en football et une petite défaite ou un nul ne sont pas garants de qualification au retour. Ceci bien sûr n'empêche pas la prudence qui doit toujours être de mise, d'autant que l'adversaire est explosif, qu'il en veut et qu'un contentieux s'est installé ces derniers temps entre l'Espérance et l'équipe congolaise. Par journalistes et médias interposés, les deux clubs se sont livré de véritables batailles psychologiques et de déstabilisation. De bonne guerre, même s'il ne faut jamais oublier l'essentiel : tout se joue sur le terrain. Sur ce plan, il n'y a aucun doute possible : le coach de l'Espérance optera pour la prudence avec Ragued, Mouelhi, Zouaghi et Traoui. Plus encore, il a préféré Afful à Bouazzi pour mieux couvrir le flanc droit et Derbali pour quadriller le terrain. A partir de là, quelques interrogations s'imposent. Ainsi bâti, ce onze est-il capable de résister à la furia adverse ? La réponse est oui. La seconde interrogation, c'est de savoir si cet entrejeu est capable dans une seconde phase de relancer, construire et surtout apporter un soutien effectif à Msakni et N'djeng. Franchement, on ne saura pas répondre à cette interrogation. Mais une chose est sûre : si l'entraîneur et les joueurs sauront répondre positivement et efficacement à cette question, le Tout-Puissant Mazembe pourra d'ores et déjà trembler...