« Budget de l'Etat 2013, contraintes et solutions à court terme », tel est le thème de la conférence-débat organisée hier par le commission économique du Forum Nou-R ( Forum pour une Nouvelle République). Une conférence à laquelle ont pris part des représentants des différents partis politiques ainsi que des économistes. Quels sont les points forts et les points faibles dans le processus d'élaboration du budget de l'Etat? Le budget actuel répondrait-il aux attentes du citoyen et aux revendications de la révolution, quelles sont les mesures et les procédures dont il faudrait tenir compte pour l'élaboration du budget de l'Etat ? C'est à ces questions que le débat vise à apporter des réponses. Il s'agit, également, de proposer les remarques et les critiques des experts quant au contenu de la loi de finances en vue de les intégrer dans le texte final. Selon Taoufik Rajhi, expert en développement économique auprès de la BAD, le budget 2013 a été élaboré dans un contexte assez particulier marqué par un ensemble de contraintes, notamment des ressources réduites et d'importantes demandes sociales. Il note qu'aujourd'hui, la Tunisie n'a plus les moyens d'augmenter ses dépenses et qu'elle est appelée à maintenir le même niveau d'endettement et de déficit budgétaire tout en essayant de préserver le pouvoir d'achat du citoyen. Une équation plutôt difficile à résoudre d'autant plus que certaines dépenses telles celles relatives au carburant et aux produits alimentaires sont incontrôlables. Face à ces contraintes, le spécialiste identifie un ensemble d'alternatives qui permettraient de mieux maîtriser les dépenses de l'Etat, il s'agit soit de réduire les dépenses liées aux salaires ( pas d'augmentation et pas de recrutement), de réduire les dépenses de développement, d'effacer la dette ou de réduire les dépenses liées à la compensation. Selon lui les trois premières alternatives sont inappropriées au cas de la Tunisie qui doit, plutôt, accorder la priorité aux attentes de la révolution qui ne sont autres que le développement et la création d'emplois. T.Rajhi pense que les dépenses de compensation qui représentent 65% du budget de développement pèsent très lourd sur la caisse de l'Etat et note qu'il est vital de revoir le système de compensation actuellement en place afin de le rendre plus ciblé et plus équitable. Il souligne à ce propos que des expériences en la matière dans différents pays en développement pourraient inspirer le nouveau modèle tunisien. Souheil Nabli, président du Forum Nou-R, a, pour sa part, relevé que le but de la rencontre ne se limite pas à discuter le contenu de la loi de finances 2013 mais aussi de discuter la budgétisation, soit la méthodologie adoptée pour l'élaboration de ce projet de loi. Il pense que cet aspect est encore plus important que le contenu de la loi de finances car c'est ce volet qui permet d'assurer l'efficacité des projets et des actions proposées par la loi de finances. «En effet, souligne-t-il, de tout temps, c'était l'exécutif qui préparait un projet de loi qui est transmis par la suite à l'Assemblée», ajoutant qu'aujourd'hui, après la révolution, on s'attend à une plus grande participation des localités et des citoyens dans l'élaboration de cette loi, une approche participative qui garantira la superposition du contenu de la loi et des attentes citoyennes. Selon M.Nabli, le contenu de la loi de finances pour l'année à venir devrait coller de près aux attentes du citoyen et garantir plus d'équité entre les régions tout en protégeant la dignité du citoyen . Il pense, toutefois, que le projet proposé par le gouvernement ne répond pas à ces attentes et qu'il comporte, au contraire, des mesures qui risquent d'alourdir, davantage, les charges du contribuable, notamment la taxe sur le revenu qui sera augmentée. Boujemaâ Remili, membre du bureau exécutif de Nida Tounès, a souligné, pour sa part, que le plus important aujourd'hui est d'aboutir au consensus économique et social, incontournable pour atteindre les objectifs visés en termes de développement. Il note par ailleurs qu'il est important d'évaluer le budget 2012 et de cerner ses failles.