Alors que l'offensive israélienne se poursuit sur Gaza depuis deux jours, les manifestations et les marches se multiplient, notamment en Tunisie, pour soutenir le peuple palestinien. En effet, rien qu'hier, une marche de protestation contre les raids aériens israéliens et de soutien aux Palestiniens en cette circonstance douloureuse a été organisée au centre de la capitale par plusieurs associations et organisations en majorité de mouvance islamique suite à un appel lancé par le mouvement Ennahdha. Juste après la prière du vendredi et devant la mosquée El Fath, une grande foule de jeunes et moins jeunes s'est formée en quelques minutes pour donner le coup d'envoi de la marche pacifique qui a été autorisée au préalable par le ministère de l'Intérieur. D'ailleurs, un dispositif sécuritaire important a été déployé depuis la matinée, pour assurer le bon déroulement de cette marche. Cette dernière a connu la participation d'un bon nombre de citoyens, outre les associations, à l'instar de «Ansar (sympathisants) de la Palestine», l'Organisation estudiantine pour le soutien de la cause palestinienne, l'Organisation des étudiants leaders, l'Union générale des étudiants de Tunisie et l'Union générale tunisienne des étudiants. Quelque trois mille personnes ont brandi des banderoles, scandé des slogans et entonné des chants pro-palestiniens et contre l'entité sioniste et la normalisation avec elle. Les drapeaux de la Tunisie, de la Palestine, d'Egypte, de Syrie, d'Irak, ainsi que des drapeaux salafistes vert et noir ont été agités. La marche a commencé vers 13h00 en se dirigeant vers la place de la République avant d'emprunter la rue du Ghana pour s'arrêter, vers 13h30, à la place des Droits de l'Homme sur l'avenue Mohamed-V. Appel à la résistance «Pas d'intérêts sionistes en Tunisie», «Tunisie, Libye, Egypte... Gaza jusqu'à la victoire», «Marche de soutien à Gaza», «Notre aïd, c'est notre retour», «Non à la normalisation», «Sionistes, fascistes, c'est Israël le vrai terroriste», La ligne de Palestine sans visa, Tunisie, Libye, Egypte, Gaza», c'étaient des slogans parmi d'autres inscrits sur des banderoles et scandés par les manifestants. Des cordons humains, notamment des activistes de l'Association «Ansar de la Palestine», ont tenu à ce que la marche soit bien organisée du début à la fin. Les manifestants ont entre autres entonné des chants comme celui de «Zahrat Al Madayen», de Feyrouz, «Al Qods nous appartient. Et de nos mains nous rendrons à Al Qods sa beauté...». Les voix se sont interférées parfois, certains criaient «Mort à Israël», d'autres «Gaza, Gaza, le symbole de la fierté». La plupart des slogans ont appelé à la résistance et au jihad : «Le peuple veut libérer la Palestine, «Résistance, résistance, pas de paix, pas de marchandage», «Dieu est Grand, par le sang Palestine je te défends», etc. Certains ont, pour leur part, préféré rappeler l'évolution de l'occupation des terres palestiniennes à travers des cartes de la Palestine depuis 1967, alors que d'autres ont affiché des photos de victimes des raids israéliens dont des enfants et des femmes. Les femmes étaient elles aussi présentes à cette marche et ont porté les drapeaux et les keffiehs palestiniens. Une loi pour criminaliser la normalisation A l'arrivée à la place des Droits de l'Homme, le vice-président de l'Association «Ansar de la Palestine», Béchir El Khedri, a prononcé un discours dans lequel il a appelé le gouvernement égyptien à ouvrir les barrières devant tous ceux qui veulent se rendre à Gaza pour renforcer les rangs de la résistance palestinienne. Juste après lui, c'est Ameur Larayedh, membre du bureau politique d'Ennahdha, qui a pris la parole pour confirmer que la marche est un soutien au peuple palestinien. «Nous envoyons un message de solidarité de ce lieu, cette ville, ce pays duquel est partie la première flamme du Printemps arabe», a-t-il indiqué avant qu'on ne l'interrompe par des appels à la résistance et au jihad à Gaza. «Face à cet horrible crime, reprenait-il, nous sommes tous Gaza. Soyons solidaires avec cette cause centrale... Il n'y aura aucune forme de normalisation avec l'entité sioniste», et là encore des voix se sont élevées pour réclamer la constitutionnalisation de la non-normalisation. Une délégation ministérielle vers Gaza A 14h00, Ameur Larayedh s'est retiré de la marche pour d'autres engagements. Il nous a confirmé que la non-normalisation avec Israël sera l'objet d'une loi et ne sera pas consignée dans la Constitution. Par ailleurs, il a affirmé qu'une délégation ministérielle a été dépêchée au Caire afin de se rendre par la suite à Gaza. «C'est une sorte de participation à la rupture du blocus imposé à la bande de Gaza...», a-t-il indiqué. Certains cheikhs présents à la manifestation ont pris la parole, à l'instar de Adel Elmi, président de l'association de prédication et de réforme «Istiqama», pour rappeler les fondements de la cause palestinienne et l'importance des terres palestiniennes dans le conflit arabo-israélien. Pour sa part, Anis Fatnassi du mouvement fondamentaliste «Dawa wa tabligh» (prédication et transmission du message), a estimé que la résistance ou le jihad à Gaza va commencer avec tous les moyens possibles. Quant au jeune étudiant Ahmed Hechmi, qui fait partie de l'Union tunisienne générale des étudiants, il a évoqué «le devoir de lutter contre les agressions morales et physiques de l'entité sioniste par la voie de la science afin de corriger une histoire détournée de sa vérité pour favoriser la position des Israéliens aux dépens des Palestiniens». Pour Ahmed, étudiant de 3e cycle, ces agressions tant contestées par certains membres de la Knesset ne sont qu'un prélude à la campagne électorale de Netanyahu. Selon lui, le développement scientifique des pays arabes est la meilleure solution pour contraindre Israël à se plier, et la Tunisie, selon lui, doit jouer un rôle de leader dans cette révolution scientifique. Pour dire que la cause palestinienne a toujours été porteuse de rêve et d'espoir de paix et d'une meilleure vision du monde arabe...