Par notre envoyé spécial Slaheddine GRICHI L'Irak, qui est en train d'essayer de se relever de plus d'un quart de siècle de guerres, d'embargo et de scissions internes, qui tente de construire l'après-Saddam Husseïn et qui semble réaliser que la culture peut contribuer à la réalisation de ces desseins, vient d'organiser le premier Festival du théâtre de la jeunesse arabe à Bagdad (6-13 novembre), une sorte de prélude au grand programme prévu pour l'événement majeur, «Bagdad, capitale de la culture arabe», qui démarrera en mars de l'année prochaine. Présence en force de la Tunisie Dix pays (Irak, Algérie, Maroc, Egypte, Syrie, Soudan, Jordanie, Oman, Emirats Arabes Unis et Tunisie), en plus du canton du Kurdistan, participaient à cette première édition du festival qui a réservé une place particulière aux Tunisiens, présents en force, en tant que troupes participantes, qu'invités d'honneur et membres du jury. En effet, en plus de Touassin (approximatif : jugements dans la langue du Coran) de Hafedh Khélifa qui représentait la Tunisie dans la compétition officielle, c'est à Qassr ech'chouk (le palais des épines) de Noômane Hamda qu'a échu l'honneur de clôturer la manifestation. Côté invités, il y avait notamment Jamal Madani, Faouzia Thabet et Khaled Bouzid (très populaire en Irak, grâce à ses rôles dans les séries télévisuelles), alors que la comédienne Zahira Ben Ammar et le journaliste Ahmed Ameur figuraient parmi les neuf membres du jury, dont le verdict, mardi dernier, est venu confirmer que même au niveau des jeunes, et bien que les pièces sélectionnées (ou choisies) ne soient pas vraiment représentatives de ce qu'il y a de meilleur dans les deux pays, le théâtre en Irak et en Tunisie est toujours dominant sur la scène arabe. C'est ainsi que Touassin a obtenu le prix spécial du jury et le premier prix d'interprétation masculine décerné à Nader Belaïd. Cette pièce, qui a laissé une excellente impression, aurait pu aspirer à mieux n'eût été la présence de la pièce irakienne Passeport de Ala' Kahtane qui a décroché les plus prestigieuses distinctions: le grand prix et le prix de la mise en scène. Une deuxième pièce irakienne Tadhakkar ayyouha'l jassad (corps, rapelle-toi) de Mohamed Moayed, elle aussi s'est vu décerner trois prix de taille, ceux de la critique irakienne, du travail collectif et de la scénographie. Les comédiens algériens ont été, eux, jugés au-dessus du lot, puisque Nadia Ali Al Hassanat, Amel Ben Amara et Souriya Bessaâdi ont décroché le premier prix (collectif) d'interprétation féminine pour leurs rôles dans Nissa bila malameh (femmes sans visages) de Isslem Mohamed Abbès, alors que leur partenaire Ahmed Maddah a remporté le second prix d'interprétation masculine. Un festival, des objectifs Placée sous le signe «le théâtre... notre vie», cette session du festival, qui n'aura brillé que par quelques créations (le palmarès en est la preuve) et par l'excellente prestation — hors compétition — de l'équipe de la pièce de Noômane Hamda, Le palais des épines, a quand même eu le grand mérite de réinscrire l'Irak dans le mouvement culturel arabe, faisant de nouveau de Bagdad une des capitales de la culture qu'elle fut. Elle aura surtout marqué le défi «de s'élever contre l'obscurantisme religieux qui veut assassiner tout ce qui est culturel et dont les adeptes devraient se cantonner dans leurs trous noirs», comme l'a courageusement déclaré le ministre irakien de la Culture, dans son discours, lors de la cérémonie d'ouverture du festival.