Les enseignants de l'enseignement secondaire observent, aujourd'hui, une grève générale. La décision a été confirmée par le syndicat général de l'enseignement secondaire dans une déclaration, rendue publique, hier, faisant état de l'échec de la rencontre de conciliation, tenue mardi dernier, entre les différents protagonistes, syndicalistes et représentants du gouvernement. La délégation syndicale ayant participé à cette rencontre estime, en effet, que «les propositions avancées par la délégation gouvernementale ne répondent pas aux revendications des enseignants contenues dans la motion professionnelle issue de la commission administrative sectorielle tenue le 2 courant». Mais au fait, quels sont les principaux points de discorde entre le Syndicat général de l'enseignement secondaire et les ministères de l'Education et de la Jeunesse et des Sports? Comment se présentent les revendications exprimées par les syndicalistes et quelles réponses leur apportent les représentants des deux ministères ? D'abord la revendication syndicale concernant la publication dans le Journal officiel de la République Tunisienne (Jort) des textes d'application des conventions déjà signées entre les deux parties. La délégation gouvernementale précise «que les textes juridiques relatifs aux promotions professionnelles et à la réduction des heures de cours pour les professeurs agrégés sont prêts et seront soumis à l'examen du Conseil des ministres lors de sa prochaine réunion. Idem pour les textes concernant les statuts des enseignants d'éducation physique ainsi que la généralisation de la prime couvrant les besoins de la rentrée scolaire, y compris pour les agents administratifs». D'autres revendications syndicales à caractère financier, comme l'augmentation de la prime des besoins de la rentrée scolaire, l'allocation d'une prime dite «prime de pénibilité de la profession» au profit de tous les enseignants, la révision du montant des promotions, l'octroi de la retraite optionnelle pour les enseignants à l'âge de 55 ans sont mises sur la table des négociations. Les réponses de la délégation gouvernementale insistent sur une donnée essentielle : rien ne peut être concédé aux négociateurs représentant les enseignants avant que les textes d'application ne soient publiés dans le Jort. «La révision du montant des promotions est liée à grille des salaires dans la Fonction publique et l'augmentation de cette prime ne concerne pas uniquement le ministère de l'Education. Elle relève, plutôt, des attributions du gouvernement dans son ensemble», répliquent les négociateurs gouvernementaux. Quant à la classification de la profession des enseignants parmi les professions dites pénibles, le ministère n'émet pas d'objections. «Quant au principe de la retraite à 55 ans, le ministère propose la création d'une commission commune groupant toutes les parties concernées en vue de l'examen de la question». «L'augmentation de la prime des besoins de la rentrée scolaire, à raison de 50% est liée à l'accord avec le syndicat de l'enseignement de base qui devrait intervenir fin décembre 2012», rétorquent les représentants gouvernementaux. Non au principe de la généralisation Volet révision des critères d'octroi des bourses universitaires aux étudiants enfants des enseignants de l'enseignement secondaire, les syndicalistes appellent à ce que ces bourses soient accordées à tous les étudiants (fils des professeurs du secondaire et des collèges de l'enseignement secondaire soit les 7e, 8e et 9e années). Le ministère oppose un non catégorique à cette revendication et refuse le principe de la généralisation. Quant à la deuxième proposition avancée par le syndicat relative à une augmentation annuelle de 25% des bourses universitaires pour les étudiants en maîtrise et à sa généralisation pour les étudiants en mastère, le ministère de l'Education se contente de répliquer en soulignant que la proposition sera soumise au ministère de l'Enseignement supérieur pour examen. Reste le doublement de la prime dite prime des examens nationaux, y compris celui du baccalauréat-sport à compter de l'année scolaire 2013-2014. Le ministère s'y oppose invoquant que le fonds des examens n'est pas en mesure de supporter une telle augmentation. Quelle représentativité pour les enseignants au sein du Conseil de l'institution éducative ? Les revendications des enseignants du secondaire touchent également le Conseil de l'institution éducative au niveau de son caractère décisionnel et de la révision de la représentativité des professeurs au sein de ce même conseil. Le ministère de l'Education exprime sa disposition «à négocier sur tout ce qui est en rapport avec le Conseil de l'institution éducative, dans le cadre d'une commission qui regroupera toutes les parties concernées». Dernier point de désaccord et non des moindres : «l'intégration de tous les enseignants intérimaires à partir de janvier 2013», comme le veulent les représentants du syndicat. Du côté du ministère de l'Education, l'on s'attache au principe selon lequel «il ne peut y avoir de recrutement en dehors des concours. Toutefois, l'on peut recourir à un examen entre les intérimaires». Le ministère attaché au dialogue Dans une déclaration publique, dont une copie est parvenue hier soir à La Presse, le ministère de l'Education tient à fournir les précisions suivantes sur sa position vis-à-vis de la grève qu'observent, aujourd'hui, les enseignants de l'enseignement secondaire, sur décision de leur syndicat général : – Le ministère souligne son respect du droit syndical et du droit des enseignants de défendre leurs intérêts par les voies légales. Il souligne également son attachement au dialogue en tant que mécanisme pour la résolution des problèmes posés. – Le ministère s'est attaché, lors des rencontres de négociations, y compris celle tenue le mardi 20 novembre, à réagir positivement aux revendications syndicales, à caractère réglementaire, financier, social ou pédagogique. Le ministère souhaitait que cette interaction positive aboutisse à l'annulation de la grève ou à son report. Seulement, la partie syndicale a exigé que toutes ses demandes soient satisfaites, y compris de nouvelles revendications qui n'ont pas fait l'objet de négociations auparavant. Tout en exprimant son regret pour la décision de la grève, le ministère réaffirme son attachement au dialogue et sa disposition à améliorer les conditions matérielles et professionnelles dans lesquelles exercent les enseignants, et ce, dans les limites des possibilités et des équilibres financiers de l'Etat.