Voici un sujet d'une brûlante actualité: l'immigration clandestine tel que les pays maghrébins la vivent tous les jours. Merzak Allouache, réalisateur du film à succès « Chouchou » s'intéresse à ceux qu'on appelle « harragas » (les brûleurs) qui traversent au péril de leur vie , la Méditerranée pour retrouver l'Europe dans l'espoir d'une place au soleil. C'est au cours d'une projection-débat à la Médiathèque Charles De Gaulle qui a repris ses activités, que le film a été projeté en présence d'un public intéressé. Les « harragas » brûlent leurs papiers d'identité avant de partir pour que les garde-côtes ne puissent pas savoir leur origine. La destination la plus courue pour les Tunisiens est l'île de Lampedusa et pour les Marocains et les Algériens, Gibraltar ou les îles Canaries. Au lieu de réaliser un documentaire, Merzak Allouache propose une fiction où les clandestins deviennent les héros d'une aventure périlleuse au bout de laquelle l'issue est humiliante puisqu'ils sont traités par les autorités des pays d'accueil, comme des délinquants dans des centres de rétention. Ces rescapés ont une vie dans leur pays d'origine, une vie médiocre à laquelle ils tournent le dos. Ils laissent leurs familles, maisons et activités professionnelles précaires pour aller chercher fortune ailleurs. Les chômeurs sont aussi légion. Ils en ont marre d'attendre qu'on leur propose des petits boulots sans réelle perspective d'avenir, alors ils embarquent dans des navires surchargés pour fuir la misère. Merzak Allouache fait le tour de la question en montrant les sacrifices et les obstacles inimaginables qui barrent la route de ces candidats à des voyages risqués où beaucoup perdent la vie. Un film portrait réaliste de ces Algériens qui brûlent leurs papiers d'identité et émigrent clandestinement par voie de mer en Europe pour y trouver de meilleures conditions de vie. L'histoire se concentre sur un groupe de jeunes hommes et femmes qui se préparent à entreprendre leur dangereux voyage vers l'Espagne rendu plus compliqué quand un homme mystérieux rejoint de force leur embarcation, un pistolet à la main. Le film livre un double message : d'abord, des candidats jeunes confrontés à la misère et à la pauvreté et ensuite, les membres d'une société arabo-africaine empêchés de circuler librement alors que les autres Européens peuvent le faire sans contrainte d'aucune sorte. Le tournage s'est déroulé en très grande partie en mer sur un bateau, ce qui devait être sans doute très difficile pour l'équipe technique et les acteurs. Dans ce témoignage, le réalisateur a choisi une démarche réaliste pour donner plus de crédibilité à des faits inspirés de la réalité. Cet aspect documentaire, à lui seul, donne une crédibilité au récit qui prend une tout autre tournure lorsque entre en scène, le truand armé. Cet argument fictionnel donne une charge émotive plus dense faisant basculer le film d'une situation à une autre. Bien que les acteurs ne soient pas connus du grand public, ils donnent du sens à une histoire vécue comme un drame humain au vrai sens du terme. Leur jeu est si réaliste qu'on est tenté de les confondre avec les vrais personnages de la vie. Une analogie si troublante qui a permis à l'oeuvre d'être primée dans plusieurs festivals internationaux. Cela vaut le détour.