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Une nation en suspens
Les journées cinématographiques de carthage : It's all in Lebanon de Wissam Charaf (compétition documentaires)
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 11 - 2012

Cette 24e édition des Journées cinématographiques de Carthage a proposé un bon cru côté documentaires, que ce soit dans la compétition internationale ou dans la section Perspective. Dans la première catégorie, notre intérêt s'est porté sur It's all in Lebanon (Tout ça et plus) qui figure parmi les meilleurs, se détachant insolemment du lot et plus particulièrement de ce qui a été déjà fait autour du Liban de l'après-guerre avec une nouvelle écriture et un angle de vue autre. Son réalisateur, Wissam Charaf, que l'on a rencontré fortuitement au gré du nomadisme, façon JCC, arborant avec beaucoup de fraîcheur ses 40 ans, est cameraman et journaliste installé à Paris depuis 1998. Il collabore en tant que monteur et cameraman indépendant de reportage avec la chaîne franco-allemande Arte, couvrant diverses zones de conflits comme le Liban, le Proche-Orient, l'Afghanistan, Haïti, le Darfour ou la Corée du Nord.
Wissam Charaf a à son actif trois courts métrages: Hizz Ya Wizz, Un héros ne meurt jamais et L'armée des fourmis, prix du Jury au Festival du film de Lunel. Le regard du journaliste est, d'ailleurs, présent dans son documentaire mais sans être pour autant pesant, sans déteindre sur le récit cinématographique et sans faire dans le simple reportage ou collecte de témoignages.
It's all in Lebanon vient décortiquer à merveille la fameuse réplique libanaise Hi, kifak? (Ça va?), en apportant un soupçon de réponses à la diversité régnante au sein de la société libanaise et qui, au lieu d'enrichir le Liban, n'a fait que diviser une population meurtrie par 17 ans de guerre civile, par l'invasion israélienne et l'occupation syrienne. Wissam tente, un tant soit peu, de comprendre et d'expliquer la faillite de la paix et de la réconciliation dans son pays. «La guerre n'a jamais réellement cessé», dit-il, et la dichotomie des clips sulfureux des pin-up libanaises et les clips faisant l'éloge de l'ultime sacrifice, de la notion de martyr pour la cause palestinienne signés par Hezbollah, met la lumière sur cette fente, sur ce fossé idéologique creusé à coups de propagandes politiques et de stratégies de communication bien étudiées et de plus en plus présentes et osées: «Il y a à Beyrouth une atmosphère de fête permanente. On dirait que cette ville est en paix, que tous ses habitants se sont réconciliés, que la guerre est finie. Pourtant il n'en est rien. Cette ville est au cœur de toutes les différences, de toutes les rancœurs. Il suffit d'allumer la télévision pour le voir», note le réalisateur dans ce sens. La télévision devient un champ de guerre où toutes les armes sont permises, chacun y occupe un espace et tente d'affirmer et de confirmer son existence: campagnes électorales, relations publiques, vidéoclips appelant à la résistance et à la libération de Jérusalem avec comme toile de fond la figure de l'icône du Hezbollah Hassan Nasrallah à qui Haïfa Wahbi, tout aussi influente, donne le ton et la réplique en faisant, à travers ses chansons, l'éloge de l'amour, du plaisir et de la vie.
L'on tente de construire une identité nationale mais en vain, les différences rendent l'œuvre quasi «sisyphienne» et l'on se retrouve toujours au point de départ. Entre propagande et musique populaire, la limite est assez fine et atteint un stade où l'on n'arrive plus à distinguer les deux, le tout orchestré et dirigé par les soins des deux cultures ennemies, celle de Rafic Hariri, dont le réalisateur retrace l'ascension politique et la chute avec son assassinat, et celle du Hezbollah en la personne de Hassan Nasrallah ou Sayed comme l'appellent ses sympathisants. Plus que des personnalités politiques, le pouvoir de l'image et de la propagande en fait des stars rivalisant avec celles de la scène pop! Et c'est encore une histoire de tangente qui fait que la sulfureuse Haïfa Wahbi, icône de la scène musicale pop arabe, clame haut et fort son admiration pour Nasrallah.
C'est un Liban de tous les paradoxes, balbutiant, tremblotant et indécis que Wissam nous décrit, un Liban qui, même vivant à cent à l'heure, semble être en suspens, ne voulant pas affronter la réalité à venir, s'accrochant à ses légendes et à ses icônes vivantes pour zapper, selon les circonstances, entre les deux. Excellent film, et à voir surtout!


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