Nous refusons le statut de partenaire privilégié de l'Union européenne car le gouvernement provisoire n'a pas le droit de signer ce genre de convention décisive quant à l'avenir du pays, a déclaré le secrétaire général du Ppdu «La situation est exceptionnelle, non pas à cause des attaques qui visent notre parti, mais plutôt à cause de ce gouvernement d'incompétents qui, impuissant et fébrile, opte pour les demi-solutions et la violence. C'est un gouvernement de confiscation de la révolution qui criminalise tout genre de protestations populaires pacifiques et qui est en train de céder et de vendre les sociétés nationales confisquées du régime précédent. Ces sociétés nationales, qui sont puissantes et gagnantes, sont dévalorisées afin qu'elles soient vendues, notamment dans des transactions douteuses, à leurs partenaires qataris. Il aurait fallu soutenir ces sociétés. De même, ce gouvernement est en train de mettre en vente les terres fertiles de notre pays au profit de sociétés étrangères, chose que même Ben Ali n'a pas fait», a enchaîné hier à Tunis Chokri Belaïd, secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié, lors de sa conférence mensuelle. Selon lui, le gouvernement actuel plaide pour un développement régional équitable alors qu'il a diminué le budget alloué à ce secteur de un milliard de dinars, passant de 6 milliards de dinars lors du gouvernement de Caïd Essebsi à 5 milliards de dinars. Belaïd a attaqué le gouvernement de la Troïka en le qualifiant de «gouvernement de la minorité» et de «gouvernement menteur et non de patriotes». D'après Belaïd, ce dernier «accorde l'amnistie fiscale à l'égard des gens qui se sont enrichis illégalement et qui ont volé l'argent du peuple, alors qu'il accable les petits commerçants et des professions vulnérables par les impôts». Sur un autre plan, le secrétaire général du Ppdu a déclaré que l'actuel gouvernement est en crise ouverte vis-à-vis, entre autres, des magistrats, des journalistes, des experts comptables et de simples citoyens, notamment ceux des régions de l'intérieur. «A défaut de solution et en raison du blocage du débat national lancé par l'Ugtt, ce gouvernement a opté pour la solution sécuritaire qu'il a appliquée à Sidi Bouzid en effectuant des arrestations à tort et à travers de protestataires dont des blessés de la révolution. De même, il a isolé nos militants à Gabès pour en arriver à la situation qui a prévalu à Siliana. Un spectacle désolant de violence et d'usage excessif de la force face à une protestation pacifique de l'une des régions oubliées et marginalisées depuis 1956. Une région connue pour son passé militant face à la dictature», a-t-il ajouté «Ce gouvernement, a-t-il déclaré, a utilisé des armes en provenance du Qatar, pour faire face à des protestations légitimes, et ce, sur ordre du ministre de l'Intérieur. De plus, le chef du gouvernement déclare que le gouverneur, qui a refusé le dialogue, ne partira pas! Qu'il parte lui et son gouvernement!» Le secrétaire général du Ppdu ainsi que son second, Mohamed Jmour, Zied Lakhdher, chargé de l'organisation au sein du parti, et Lamine Laâbidi, responsable de la mobilisation, ont tous appelé à la démission du gouvernement actuel et à la formation d'un gouvernement restreint. Selon eux, ce dernier doit être composé de compétences nationales, et ce, pour assurer la gestion des affaires courantes. De même, ils ont indiqué que les membres de ce gouvernement réduit ne doivent pas être impliqués dans des affaires de coruption ni se présenter aux prochaines élections. Pour le dialogue «Nous avons deux choix pour sortir de cette crise, a déclaré Belaïd. Le premier et celui auquel nous avons appelé tout comme les forces progressistes et démocratiques du pays et qui consiste à engager un débat national pour sortir de cette crise politique dont est responsable Ennahdha, qui a opté pour la violence politique, notamment avec ses ligues dites de protection de la révolution, qui, d'ailleurs, devraient être dissoutes. Le second, que nous avons refusé, est celui de pousser le pays vers l'inconnu et l'anarchie», a déclaré le secrétaire général du Ppdu. De son côté, Zied Lakher a indiqué que son parti a lutté pour que les droits de l'Homme soient mentionnés dans son cadre universel au sein du préambule de la Constitution. Une option, selon lui, qui devrait empêcher la violation des droits comme le droit de manifester. L'impératif de mettre des deadlines pour l'organisation des élections et l'installation des trois instances relatives à la magistrature, les médias et les élections a été parmi les points urgents sur lesquels ont insisté les membres du bureau politique du Ppdu. Chokri Belaïd a souligné que l'appel à la formation d'un gouvernement restreint n'est plus celui de son parti à lui seul, «d'ailleurs, a-t-il expliqué, même le président de la République, Dr Moncef Marzouki, a appelé, lui aussi, à cette option». Selon lui, l'actuel gouvernement n'a pas le droit de prendre des décisions quant à des choix stratégiques comme la convention avec l'Union européenne selon laquelle la Tunisie est devenue un partenaire privilégié. «C'est une question importante et le gouvernement n'a pas les prérogatives pour signer de telles conventions. De plus, cette convention comprend des choix stratégiques, notamment en matière d'agriculture et de services. On n'a pas besoin que quiconque nous indique ce que nous devons faire d'autant plus que le gouvernement actuel n'a aucune assise constitutionnelle pour prendre de telles décisions majeures», a expliqué le secrétaire général du PPDU. La divulgation du contenu des archives de la police politique et l'implication de membres du gouvernement actuel dans l'ancien régime ainsi que la légitimité révolutionnaire ont été des points parmi d'autres évoqués par Chokri Belaïd et Mohamed Jmour. «Nous allons encadrer toute une série de manifestations, de sit-in ou de protestation qui vont réclamer les droits du peuple à un programme bien précis quant à la période à avenir», conclut Chokri Belaïd tout en soulignant qu'on est face à «une reconstitution d'un régime corrompu».