Les constituants du bloc de l'opposition au sein de l'Assemblée nationale constituante (ANC) ont décidé de boycotter les plénières de l'Assemblée durant trois jours à partir d'hier. Le mouvement vient affirmer leur «solidarité absolue avec l'Ugtt et ses dirigeants face à la violence commise à leur encontre et à la négligence du gouvernement de Hamadi Jebali des appels à la dissolution des comités de protection de la révolution», ont-ils expliqué. Les constituants protestent également contre le chef du gouvernement provisoire qui n'a pas répondu à leurs appels en vue de se présenter devant la Constituante pour l'interroger sur la vague de violence dans plusieurs régions du pays. Lors d'une conférence de presse tenue hier au siège de la Constituante, les élus du bloc de l'opposition ont précisé que le boycott des plénières durant trois jours ne les «empêche pas d'être ouverts à tout changement de situation et de réagir en conséquence», soulignant que le pays a besoin, à l'heure actuelle, d'un «véritable débat et d'un consensus qui épargne au pays les risques de dérapage». Le président du groupe démocratique à l'ANC, Mohamed Hamdi, a critiqué «vivement» la position du gouvernement provisoire face à la violence perpétrée contre le siège de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) et contre des élus, atteignant le stade de «menace de mort contre certains d'entre eux». Il a accusé des groupes au service du parti majoritaire de la coalition au pouvoir, faisant part de la «complicité» de certains élus d'Ennahdha avec ces groupes en facilitant leur accès au siège de l'Assemblée pour «agresser des élus de l'opposition». Mohamed Hamdi et les quarante élus qui ont boycotté les plénières de l'ANC ont réaffirmé leur solidarité avec la centrale syndicale (Ugtt), réitérant leur appel à dissoudre les comités de protection de la révolution. «Seul le mouvement Ennahdha s'oppose à cette revendication», ont-ils déploré. Issam Chebbi a estimé pour sa part que la convocation par la coalition au pouvoir de leurs représentants dans le gouvernement pour assister à la plénière de la journée d'hier et atteindre le quorum est «une fuite en avant». Pour Mahmoud Baroudi, la convocation des ministres de la Troïka à la plénière d'hier pour voter les articles du projet de loi organique de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) vient «aggraver la situation». Les élus du bloc de l'opposition pourraient prendre des mesures urgentes pour mettre fin à la situation explosive et convoquer le chef du gouvernement pour s'expliquer sur les développements de la situation dans le pays, a-t-il averti. Ahmed Brahim a, pour sa part, appelé le gouvernement à assumer ses responsabilités sans se référer au parti Ennahdha, critiquant le rendement du gouvernement dans la gestion des affaires courantes.