Plusieurs produits agricoles coûtent dix fois leurs coûts de production sur les marchés étrangers, notamment les marchés européens. La marge est tellement importante que les possibilités d'exportation sont énormes. De même, avec une main-d'œuvre compétitive et une production de qualité, les opérateurs tunisiens pourraient gagner aussi bien en compétitivité qu'en valeur de leurs productions en apportant des transformations à ces produits. C'est ce qui a motivé M Hadoulla WP, un retraité allemand, à investir dans l'exportation des produits agricoles en Europe, particulièrement en Allemagne. Fort d'une expérience dans le commerce et d'un contrat avec l'une des plus importantes chaînes de grande distribution européennes, il espérait faire du bon business en Tunisie, pays agricole. Mais, après des années, les résultats sont largement en deçà des prévisions. Il explique cet écart défavorable par l'offre limitée du secteur primaire. « La situation en Tunisie se caractérise par le démembrement des surfaces cultivables», rappelle-t-il. En effet, les paysans ne possèdent que des terres d'une superficie allant en moyenne de 2 à 10 hectares dont ils ne peuvent exploiter qu'une partie. Car, explique-t-il, la difficulté d'accès aux sources de financement limite l'accès de ces opérateurs aux bonnes semences, aux engrais et aux produits de traitement des plantes. Ce qui est de nature à dégrader le rendement des terres. Et, de surcroît, le niveau de vie des paysans. Se référant de l'expérience de l'Allemagne, il rappelle que son pays a vécu la même situation, il y a 150 ans. Mais l'introduction du concept «Raiffeisen» a résolu radicalement ce problème. « Il s'agit de regrouper les agriculteurs allemands en des communautés de production qui achetaient en commun les semences, les engrais et utilisaient les mêmes machines et suivaient la même politique de production», décrit l'exportateur. En contactant quelques paysans dans maintes régions, il a constaté qu'ils sont prêts à intégrer un dispositif pareil. Parmi les avantages, l'agriculteur aurait la garantie d'écouler sa marchandise à un prix fixé à l'avance. De même, l'utilisation des machines en commun est de nature à rentabiliser les investissements engagés. Conformément aux bonnes pratiques de ce concept, chaque agriculteur devrait laisser une somme à son compte pour la saison prochaine. « On parle de caisse de crédit et de banque régionale », précise-t-il. Pour ce faire, la communauté d'agriculteurs devrait compter entre 10 et 20 paysans avec des surfaces variant de 40 à 80 hectares. Ces agriculteurs sont tenus de constituer un parc de machines agricoles commun et un système d'irrigation performant. Ainsi, on aura une culture programmée, un bon rendement des terres, d'importants niveaux de vente et d'exportation. « Il en résulte une augmentation de 10 à 150% des revenus du paysan», estime-t-il.