Hamma Hammami : «Une entrée au gouvernement est envisageable»! Wafa, Liberté et dignité et l'Alliance démocratique donnent leur accord de principe Haica, Isie et le Conseil supérieur de la magistrature seront mis en place au mois de janvier La Troïka, avec le parti Ennahdha en tête, a obtenu l'accord de principe de trois courants parlementaires pour faire leur entrée au gouvernement. Ce ne sera pas un simple remaniement, mais une véritable reconfiguration de la majorité, des répercussions seront recensées jusque dans le domaine législatif. Les «maîtres penseurs» espèrent donc, avec cette nouvelle équipe, parachever la feuille de route et aller jusqu'aux élections avec une certaine sérénité. Le remaniement est imminent. Plusieurs groupes parlementaires et partis politiques de l'opposition sont en pourparlers avec la Troïka. Trois d'entre eux, à savoir Wafa, Liberté et dignité et l'Alliance démocratique, présidée par Mohamed El Hamdi, semblent avoir donné un accord de principe pour faire leur entrée au gouvernement. Si jamais c'est le cas, et par ricochet, cette coalition se soude à la Constituante, la majorité absolue est acquise pour ce mastodonte parlementaire. On comprend maintenant pourquoi le parti de référence voulait absolument élargir sa plateforme gouvernementale et pourquoi cela avait pris autant de temps. Selon ces éléments, il voulait s'assurer cette suprématie confortable de voix pour la rédaction de la Constitution, et pour la gestion des affaires du pays. C'est, semble-t-il, chose faite. C'est M. Lotfi Zitoun qui a donné le tempo, voilà quelques jours, pour déclarer l'imminence du remaniement. La nouvelle formation politique sera «paradoxalement plus élargie et plus réduite», cela pour la forme, quant au fond, la nouvelle équipe sera révélée lors de la commémoration du 14 janvier, «voire avant». Tous les ministères, y compris régaliens, n'ont pas échappé à l'étude et à l'évaluation, déclare à La Presse le ministre conseiller auprès du chef du gouvernement. Aussi des rencontres marathons se tiennent-elles tous les jours pour aboutir à la finalisation d'un accord entre six à sept courants. Accord qui se veut «complet et consensuel» . Mieux encore, les blocages sont en voie d'éradication tous azimuts. Le mois de janvier sera décisif, annonce-t-il, pour la mise en place de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), de l'Isie et du Conseil supérieur de la magistrature. Et si les pourparlers aboutissent, le rythme de la rédaction de la Constitution avancera beaucoup plus vite, se félicite M.Zitoun. «Si Nida Tounès n'y est pas, nous n'y serons pas» El Joumhouri ne fera pas partie de la nouvelle formation. Visiblement les conditions posées par le parti centriste n'ont pas trouvé écho chez les décideurs, telle la neutralisation des ministères d'Etat, la formation d'un gouvernement réduit de compétences... Joint par La Presse, Yassine Brahim a réitéré la position de son parti pour, entres autres, l'élaboration d'une feuille de route, la dissolution «des ligues de la soi-disant protection de la révolution», avant de penser à la distribution partisane de postes. Nous sommes dans la construction, ajoute-t-il, mais nous réitérons notre rejet de toute exclusion. «Si Nida Tounès n'y est pas, nous n'y serons pas», tranche au final le directeur exécutif. Et Nida Tounès n'y sera pas. D'abord l'invitation ne lui a pas été envoyée. De son côté, le parti de l'ex-Premier ministre ne semble pas intéressé. Mohsen Marzouk, membre du bureau exécutif, déclare à notre journal qu'ils ne sont pas concernés par la tournure que prennent les choses : «Ce n'est pas un débat autour de la formation d'un gouvernement, analyse-t-il, mais une invitation pour venir à la rescousse d'Ennahdha, nous ne sommes donc pas concernés par ce que dit Lotfi Zitoun, ni par ce que déclare Rached Ghannouchi, installé à Montplaisir et qui choisit les gens pour venir partager leur échec, et les utiliser comme cela a été le cas avec le CPR et Ettakatol», lance-t-il fermement à qui de droit. La feuille de route économique, politique et sociale doit se faire dans le cadre d'un débat national, ouvert et transparent, et ce n'est pas du tout le cas, regrette encore M.Marzouk. «Une entrée au gouvernement ? Pourquoi pas !» Curieusement la posture du Front populaire semble être plus conciliante. Hamma Hammami, tout en nous précisant qu'ils n'ont pas été approchés ni d'une manière directe ni indirecte, mais si les conditions étaient réunies, «une entrée au gouvernement est envisageable». Sauf que, ajoute-t-il, le plus important n'est pas de participer au gouvernement, mais de mettre en place «un programme d'urgence» avec deux clauses, détaille-t-il, une politique : instaurer les trois instances, assainir le climat politique, écarter les imams qui incitent à la violence et à la haine, et une clause économique en rapport avec les prix, le développement régional et le chômage, conclut, pragmatique, le leader du Front populaire. Ainsi, il ne reste plus que neuf jours pour le deuxième anniversaire de la révolution. Ce fameux et inoubliable 14 janvier où, à l'unisson, les Tunisiens avaient clamé leur droit de vivre et de rêver. Depuis, beaucoup d'espoirs se sont effrités et combien de rêves ont tourné au cauchemar. Maintenant, comme le dit le dicton, si on veut le miel, il ne faut pas donner un coup de pied dans la ruche.