L'été rime avec vacances, certes. Mais pas pour tout le monde, et surtout pas pour nos chanteurs. En effet, l'arrivée des beaux jours annonce immanquablement celle de la "haute saison" artistique. Ce n'est pas que c'est une période où la création est à son apogée, mais plutôt dans le sens qu'entre fêtes privées et festivals, la plupart de nos artistes ne sauront plus où donner de la tête. Et heureux celui qui décrochera le gros lot! Depuis quelque temps, le soleil a chassé les nuages et par là même, fait sortir ces chanteurs de leur hibernation nous dévoilant, tour à tour, sur les ondes ou les plateaux de télévision, leurs nouvelles chansons. Et qui a dit que nos artistes ne produisent pas? Il est vrai que les médias, les directeurs des festivals et même le public leur reprochaient souvent leur absence de production et leur paresse artistique. La plupart d'entre eux ont, en effet, pris la mauvaise habitude de vivre sur le dos d'illustres morts — ou même vivants — d'ici et d'ailleurs, ressassant leurs œuvres à n'en plus finir. La reprise et la redistribution des chansons du patrimoine et le passage en mode mezoued — souvent bas de gamme — sont aussi devenus tendance. Solution de facilité oblige ! Cette année, il y a donc du nouveau sous le soleil. Mais de quelle nouveauté et de quelle production parlons-nous? En réalité, nous avons droit à des chansons de soi-disant tarab oriental, avec une approche purement mimétique, de variété dans le style jabali purement libanais et surtout, de mezoued défiguré et populiste. En somme, ce sont des chansons plates, un mix de copier-coller musicaux avec des paroles bâtardes que nos chanteurs et nos compositeurs nous ont, pour la plupart, concoctées pour cet été. Décevant! Où est donc passée la création? Où est passée la chanson tunisienne? Pourquoi cette négligence de la qualité ? Il semble que le message concernant la production musicale en Tunisie n'ait pas été bien décodé de la part des artistes. Mais le malentendu n'est-il pas la base de toute communication? En fait, le plus important c'est que ces derniers présentent de nouvelles chansons de qualité qui touchent le public et où transparaîtrait notre identité musicale. Produire tout court ou, pis, n'importe quoi, ne servira en rien la musique et la chanson tunisiennes, bien au contraire. Il est bien dommage que certains de nos artistes aient opté pour une facilité qui n'est en fin de compte que de la poudre aux yeux. Si plusieurs problèmes existent bel et bien dans la chaîne de la production musicale au niveau national, le rôle des artistes eux-mêmes, lui, est loin d'être négligeable. Et en attendant une stratégie globale et efficace qui "remettrait à niveau" tout le secteur, ce sont eux au moins qui doivent être les garde-fous de leur art, présenter un produit de qualité et, surtout, se positionner à contre-courant du nivellement par le bas auquel nous assistons et être conscients de la mission culturelle qui leur est confiée. ...A bon entendeur, salut.