Le « Gala du rire » est la cerise sur le gâteau du programme du festival du rire. C'est un concentré de quelques spectacles programmés pendant la manifestation, et c'est devenu, au bout de sept éditions, une tradition. La soirée « Gala du rire » a eu lieu lundi dernier au Théâtre municipal. Animée par Dali Nahdi, lui-même un des humoristes programmés, elle a offert rire et bonne humeur au public qui a défié le froid. Ezzmegri, alias Dali Nahdi, a usé de spontanéité mélangée à quelques vannes issues de son one man show, pour installer la bonne ambiance et introduire les humoristes. La première apparition était celle de Nawel Madani. Révélation du Jamel Comedy Club, elle est comédienne belge, humoriste et présentatrice TV. Elle est également membre fondatrice des Jam'Elles, collectif de femmes humoristes. D'emblée, son énergie et son caractère ludique font leur effet sur scène. Elle entre en musique et demande aux spectateurs de crier et d'applaudir. Son humour porte sur sa famille et ses origines, et semble être une adaptation libre de son quotidien, qu'elle sait transformer en une série de situations comiques. Son intelligence et sa présence d'esprit ont fait de ses improvisations une réussite, tout en impliquant le public. Moins drôle mais original et captivant, l'extrait du spectacle « Le mémo-mentaliste se déchaîne dans mnémosys », de Benoît Rosemont. Ce comédien prêche dans un tout autre registre. Il a en effet choisi de remettre au goût du jour les démonstrations de «mémoire prodigieuse», très à la mode au début du XXe siècle dans le Paris des salons. Il s'agit d'exercices de mémorisation et de calcul mental rapide, qui se font devant un public et auxquels on donne la forme d'un spectacle, en ayant recours à des techniques théâtrales et scéniques. L'extrait proposé par Le mentaliste de son spectacle était basé sur un jeu de mémoire avec l'alphabet, l'une des premières suites que l'on apprend étant enfants. Le prochain humoriste sur scène est présenté par Dali Nahdi comme le premier Chinois drôle qu'il rencontre. Aussi cliché que cela puisse paraître, un «Chinois marrant» est un événement, et Bun Hay Mean, a su le prendre à son avantage. Disciple, lui aussi, du Jamel Comedy Club, il porte son humour sur les Chinois, leur vision du monde, la vision du reste du monde sur eux. Bref, sur tout ce qui est chinois ou ne l'est pas. L'essentiel est que le résultat est hilarant. Le quart d'heure passé avec le public du « Gala du rire » valait chaque seconde. Après un intermède où Dali Nahdi a endossé le costume de l'un des personnages d'Ezzmegri , Sami, un personnage efféminé comme on en a vu et revu dans les spectacles et programmes télévisés tunisiens, c'est Verino qui monte sur scène. Humoriste à succès malgré son jeune âge, il a assuré les premières parties de stars telles que Frank Dubosc. La bonne vieille recette de l'humour inspiré des banalités du quotidien fonctionne à merveille pour lui, comme la sonnerie du réveil du portable, dont il crée tout un tas de blagues. Verino sait aussi surprendre et surfer sur l'humour noir. Il l'a fait lundi dernier en parlant des Darwin Awards, des prix décernés chaque année à des personnes mortes d'une manière stupide, et c'est une histoire vraie ! Le trio de Zanket Ennsé (Sawssen Maalej, Aïcha Ben Ahmed et Mohamed Dahech) a pris ensuite la relève pour un extrait de leur comédie où trois femmes divorcées décident de passer des annonces dans le journal pour trouver des maris. Amusantes dans leurs costumes et maquillages, elles ont trouvé dans leurs dialogues de quoi chatouiller le public et ont même improvisé sur un problème technique avec le micro. Nawel Madani en a fait de même pendant son retour sur scène pour parler des chanteuses américaines vs chanteuses françaises, et c'était drôle. Mais lorsque le micro a coupé quelques secondes avant la fin de sa partie, lui faisant rater sa chute, c'était beaucoup moins drôle et la comédienne a essayé d'en rire pour cacher sa déception. Ce cheveu sur la soupe, parmi d'autres, principalement d'ordre technique, n'a pas empêché le public de rire à gorge déployée de l'humour osé de Kheiron, le dernier artiste de la soirée. Son point fort c'est l'interactivité avec le public comme principale source d'inspiration, intarissable quand on sait l'exploiter. Tous les clichés y sont passés, mais ça a tellement bien fonctionné que l'on ne peut que s'adonner au rire. Une soirée qui en valait le détour côté humour, mais l'organisation a encore besoin d'être mieux ficelée.