La proposition de Jebali a brouillé toutes les cartes La proposition présentée hier par Hamadi Jebali de former une équipe ministérielle composée de compétences nationales et dont les membres s'engageraient à ne pas participer aux prochaines élections a suscité des réactions contrastées sur la scène politique. Bien qu'elle réponde dans ses grandes lignes aux attentes de plusieurs partis, qu'elle aille même au-delà des attentes, des réserves se sont exprimées... Et pas toujours du côté où on les attendait. En effet, il semble désormais que c'est dans son propre camp que l'opposition est la plus nette. On a appris hier, en début de journée, que le bureau exécutif d'Ennahdha se démarquait de la proposition de celui qui, rappelons-le, n'est autre que le secrétaire général du parti en question. La réponse était un clair désaveu. Du côté du CPR, allié au sein de la Troïka, la réponse s'est exprimée en deux temps : d'abord une réserve relative qui exigeait des précisions sur l'identité des « compétences nationales » en question. Puis, dans la soirée, on a appris que la présidence de la République, proche du CPR, prenait une position plus tranchée contre la proposition de Hamadi Jebali, insistant sur la nécessité de respecter certaines procédures et relançant surtout l'idée d'un gouvernement de consensus, en remettant à l'ordre du jour le thème du dialogue national. Par contraste, l'accueil était plus chaleureux du côté de nombreux partis d'opposition, malgré certaines remarques techniques ou des considérations sur la nécessité de changer l'ensemble du gouvernement, y compris son chef. Des partis de gauche farouchement opposés au gouvernement ont été paradoxalement les plus enthousiastes. Alors que la Tunisie est encore sous le choc de la mort d'un de ses leaders politiques, l'offre de Hamadi Jebali brouille les cartes de l'arène politique et modifie profondément les lignes de partage entre majorité et opposition. C'est d'autant plus vrai que, quelles que soient les difficultés juridiques qu'on peut lui opposer, cette proposition semble recueillir l'adhésion des Tunisiens... Des Tunisiens qui ne veulent plus être les otages de négociations interminables, de négociations qui mettent la vie du pays en suspens et qui alimentent des tensions politiques dont nous voyons les conséquences. Un pavé dans la mare politique, la proposition de Jebali? Sans doute, si on en juge par les remous qu'elle provoque, surtout au sein de la Troïka. La journée d'hier fut celle des prises de position, dans un silence assourdissant de l'intéressé, qui se terre dans le silence... silence synonyme de dos rond ?