Le feuilleton du remaniement gouvernemental ne fait que perdurer. Après le niet des partis politiques ne faisant pas partie de la Troïka, les risques de mésentente deviennent très grands au sein des composantes de la Troïka. Le chef du Gouvernement Hamadi Jebali avait annoncé pour la fin de cette semaine, la proclamation de la composition du nouveau remaniement. Dans les milieux proches de la Troïka on parle plutôt de la semaine prochaine pour annoncer la formation de ce gouvernement. Au Congrès pour la République (CPR), comme l'a confirmé au Temps, Mohamed Abbou, secrétaire général du parti, il s'agit d'un nouveau contrat de Gouvernement. Il n'y aura pas de concession au niveau de ce parti, concernant la revendication de changer le poste de ministre des Affaires étrangères. Le CPR a avancé ses conditions pour continuer à faire partie de la Troïka. Une rencontre devra avoir lieu avec le Chef du Gouvernement pour voir sa réponse aux conditions avancées par le CPR. Les divergences ne concernent pas la feuille de route, mais dans les aménagements à introduire dans la composition du Gouvernement. Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol, a affirmé au Temps, que « les négociations se poursuivent avec Ennahdha. Les pourparlers avec les partis qui ont refusé la participation au Gouvernement n'ont pas arrêté. Il faut trouver un terrain d'entente, pour élargir la coalition au pouvoir. Le remaniement doit produire un choc psychologique positif auprès de l'opinion publique, la société civile et les observateurs. La prochaine équipe gouvernementale doit être composée de manière lui permettant d'acquérir une large marge de confiance et générer un apaisement, une sorte de soulagement, après la tension. Nous ne voulons pas d'un Gouvernement qui produit un tollé général ». A Ettakatol on avance trois principes pour ce gouvernement. Primo : l'élargissement du consensus. Secundo : l'équilibre au sein du Gouvernement entre les membres de la coalition. Tercio : une réelle participation aux décisions du Gouvernement. « Il ne faut pas qu'il y ait un seul qui décide », précise Mohamed Bennour en ajoutant que « changer les ministères de souveraineté est un des éléments essentiels pour transmettre un vrai message pour l'opinion publique. Changer certains ministres occupant des portefeuilles de souveraineté est une exigence du moment, imposée par la réalité des choses ». Il reconnaît que pour le moment « le chef du Gouvernement accorde une oreille attentive et une attention particulière aux idées qu'il reçoit ». Il pense qu'il faut réunir toutes les conditions pour le plus grand consensus autour du Gouvernement. « Notre participation au Gouvernement a été un pari, au lendemain des élections du 23 octobre. La réussite de ce pari, ne dépend pas de la seule volonté d'Ettakatol. Il faut une volonté commune et réelle des deux côtés ». Des rumeurs ont circulé sur un arrangement entre Ettakatol et Ennahdha pour que Mustapha Ben Jâafar soit leur candidat commun aux prochaines élections présidentielles. Mohamed Bennour, répond que « c'est de l'intox. Derrière cette calomnie, il y a une intention manifeste de nuire. C'est mesquin et petit». Les pourparlers avec Ennahdha vont-ils aboutir ? Mohamed Bennour se montre d'un optimisme mesuré. « J'espère que les discussions vont aboutir. La composition du nouveau gouvernement ne pourra être annoncée avant la semaine prochaine». Aux dernières nouvelles, Dr. Fethy Touzri a démissionné du parti Al-Joumhouri pour intégrer le prochain gouvernement. La secrétaire générale du parti républicain Maya Jeribi a pris acte hier de sa démission officielle après qu'on lui ait proposé d'intégrer le gouvernement de la Troïka, chose que le bureau exécutif du parti républicain avait refusé en raison de son opposition avec la politique et les décisions du comité central du parti. Certains disent que l'Alliance Démocratique conduite par Mohamed Hamdi n'a pas rejeté de façon catégorique l'idée d'intégrer le prochain gouvernement. Elle a avancé ses conditions. Au cas où elles seraient satisfaites, elle pourrait en faire partie. Pour nombreux observateurs, les retards constatés dans l'annonce du remaniement, lui ont porté préjudice. Ce qui a créé un climat propice aux manœuvres. Même si Hamadi Jebali a montré une volonté d'ouverture, il n'est pas le seul à décider. Le nouveau gouvernement risque de reproduire le système de quotas qui était une des raisons de son échec. Les soucis électoraux priment chez tous les intervenants.