Les membres du bureau politique du parti Al Joumhouri insistent sur la nécessité de lancer un dialogue national pour aboutir à un consensus sur le concept de gouvernement de compétences et appellent Ennahdha à revoir sa position rejetant cette initiative, et ce, dans l'intérêt du pays. «L'initiative du chef du gouvernement appelant à un gouvernement de compétences ne peut réussir que si elle est appuyée par toutes les parties prenantes de la scène politique. Nous saluons cette initiative de former un nouveau gouvernement de gestion des affaires courantes qui rejette la violence politique et qui renforce l'économie. Cette position a été prise aussi au sein de la coordination au niveau du front de l'Union pour la Tunisie, formé récemment de cinq partis. Ce sera, d'après la vision de notre parti, un gouvernement de sauvetage et vu la délicate situation politique, économique et sociale en Tunisie, nous croyons que cette initiative doit faire l'objet d'un dialogue national. Il faut se mettre d'accord sur les principes et après viendra l'étape du choix des personnalités qui constitueront ce gouvernement, qui doivent faire eux aussi l'objet d'un consensus», a enchaîné Maya Jeribi, secrétaire générale d'Al Joumhouri, lors d'une conférence de presse tenue par le bureau politique de son parti hier matin. Rappelons que Jeribi s'est entretenue avant-hier avec le secrétaire général de la Centrale syndicale, Hacine Abassi. Relancer le dialogue national «Nous insistons sur la nécessité de raccourcir la période transitoire, a-t-elle ajouté, et cela est possible lorsqu'il y a une volonté politique et un consensus autour pour venir à bout des divergences». Pour ce qui est de l'entretien avec Abassi, Jeribi a affirmé qu'il rentre dans le cadre des efforts visant à instaurer une union nationale solide «et ce, à travers la consultation mutuelle entre toutes les forces politiques du pays». «D'après notre vision, il faudra rejeter la violence qui est une menace réelle pour la Tunisie et le processus démocratique», a-t-elle expliqué. Et d'ajouter: «Nous insistons sur la nécessité de soutenir l'initiative de Hamadi Jebali et de dissoudre les ligues de protection de la révolution. Aussi appelons-nous à réactiver le congrès national pour le dialogue qu'a lancé l'Ugtt et qu'Ennahdha et le Congrès pour la République ont boycotté». Selon Maya Jeribi, la Tunisie regorge de compétences et c'est le concept de gouvernement de sauvetage qui est à soutenir par toutes les parties prenantes afin de lui donner la légitimité constitutionnelle. «Il faut définir un programme d'action de ce gouvernement dont une feuille de route claire qu'il doit suivre, tout comme l'Assemblée nationale constituante qui doit s'occuper de la rédaction de la Constitution et de la détermination des dates clés, notamment celles des élections», a indiqué, pour sa part, Issam Chebbi, membre du bureau politique d'Al Joumhouri. D'après lui, son parti a appelé à ce que le chef du gouvernement engage des entretiens avec tous les partis politiques en vue de définir le programme du nouveau gouvernement de compétences. Pouvoir exécutif et Conseil des sages ! Sur un autre plan, il a exprimé la surprise ressentie par son parti à l'annonce du chef du gouvernement de la formation d'un Conseil des sages. «Notre parti a vu que l'initiative du chef du gouvernement dénote un certain retrait de ce dernier par rapport aux tiraillements politiques. Nous nous félicitons qu'il ait mis l'intérêt public au premier plan. Notre soutien à cette initiative est adopté dans le cadre de la coordination avec tous les partis démocrates centristes avec lesquels nous sommes alliés. Nous appelons les partis au pouvoir à ne pas rater cette occasion pour réaliser le consensus national. Dans ce sens, nous appelons Ennahdha à revoir sa position qui s'oppose à cette idée. Par contre, la formation d'un Conseil des sages nous a surpris et ce qui nous préoccupe est qu'il soit formé sans consultation préalable des différents partis. Sa composition étonne avec la présence de ministres en exercice et du vice-président du mouvement Ennahdha, ainsi que d'anciens ministres du régime de Ben Ali ! Que vient faire le pouvoir exécutif dans ce Conseil ? Nous avons remarqué que la gent féminine y est absente alors que la femme a participé à un pied d'égalité avec l'homme à la révolution», a conclu Issam Chebbi. Le secrétaire exécutif d'Al Joumhouri, Yassine Brahim, a, quant à lui, insisté sur la violence politique et sur ce qu'elle a engendré comme manque de confiance ressenti par le peuple vis-à-vis des institutions de l'Etat. «L'idée d'un gouvernement de compétences est positive sauf qu'il faut doter ce dernier d'un pouvoir réel pour qu'il puisse effectuer le programme qui lui sera soumis. Ce n'est qu'une courte période de quelques mois, mais elle servira pour sortir de cette crise et redonner confiance à l'intérieur et à l'extérieur quant à la capacité du pays à passer le cap de la transition d'une manière démocratique», ajoute Brahim. En marge de cette conférence, le représentant du parti Al Joumhouri à Sbikha (Sbeïtla), Hassen Mohamed Salah, qui a été agressé dernièrement, s'est étalé sur cet acte qui l'a visé ainsi que d'autres représentants d'Al Joumhouri dans sa région. Il a pointé du doigt des éléments appartenant à la ligue locale de protection de la révolution ainsi que des adhérents du mouvement Ennahdha. D'autre part, il a indiqué que les responsables locaux, dont ceux relevant du ministère de l'Intérieur, ont adopté une politique du «deux poids, deux mesures», laissant ainsi la situation sécuritaire s'aggraver davantage...